mercredi 10 mai 2023

Larochefoucault-en-Angoumois.

Notre séjour à Royan / Saujon se termine ce matin et une fois nos adieux faits à notre hôte, nous partons vers de nouvelles aventures.  Après un arrêt dans la zone industrielle de Cognac pour nous accorder un petite déjeuner dans un « Patapain » luxueux et confortable, nous passons Cognac et Saintes pour atteindre  LAROCHEFOUCAULT-EN-ANGOUMOIS choisi comme étape sur la route de Limoges.
Nous posons la voiture à l’ombre de Saint Cybard  sans omettre de placer le disque bleu. Ensuite nous cherchons un bar pour nous désaltérer mais nous essuyons plusieurs refus car l’heure de servir des repas approche.
Avec gentillesse,  le « Patio » nous accueille dans sa charmante cour intérieure en forme de cloître surmonté d’une galerie couverte et dallée de gros blocs de pierre. Comme menus, la maison ne sert que des salades. Lorsque nous la  traversons pour aller régler nos consommations, nous apercevons un joli salon occupé par un Pleyel et  débouchons dans une librairie où nous engageons la conversation avec le propriétaire, conversation portant tout d’abord sur les difficultés à rénover cette demeure ayant appartenu à Jean Herauld de Gourville (Louis XV) ami de Fouquet.
De nombreux problèmes se présentèrent pour sa restauration concernant le bétonnage, les eaux  de pluie mal dirigées et autres inconvénients pas toujours prévisibles lors de ce type de chantier. Nous échangeons  aussi sur l’écologie et notre siècle  avec des opinions parfois  divergentes  mais instructives  et étayées. Voilà encore une rencontre fortuite et riche  avec une figure intéressante ….
Nous nous acheminons vers le château dont l’apparence défensive incontestable se manifeste dans les hautes tours rondes les mâchicoulis et le donjon, ainsi que les murailles le pont levis et les douves : il date du Moyen âge.
- Lorsque nous pénétrons à l’intérieur, nous entrons dans une cour Renaissance italienne caractérisée par des galeries à arcades sur trois niveaux, rez-de-chaussée compris,
et un grand escalier à vis  au  noyau central torsadé recouvert de motifs géométriques.
Il intègre des symboles : apparaissent discrètement la salamandre (François 1er), le hérisson (Louis XII), et 2 dragons l’aspic et le basilic :
*l’aspic est une espèce de dragon qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre les chants  susceptibles de le charmer. Il incarne le pécheur qui refuse d'entendre la parole divine. Dans la représentation retenue ici, il se bouche une oreille en la plaquant au sol et obstrue l’autre en y enfonçant sa queue.
*le basilic au venin mortel, ou dragon à tête de coq  est le « roi des serpents », c’est un être hybride, mi-oiseau, mi-serpent, qui représente la mort. Figure de l’Antechrist.
Quant au buste avec une collerette de fou garni de grelots tenant à la main un faucon, on ignore son identité ou sa signification. En haut de cet escalier hélicoïdal se déploient des ogives en forme de palmier

-  Les galeries donnent accès à des salons revêtus de boiseries, avec de magnifiques planchers. Meublés, ils affichent des photos de la famille au XX°siècle.
Un petit boudoir promeut les propriétés lui appartenant à travers des peintures sur les murs et le plafond.
La mère du Duc loge encore dans une petite aile privée du château.
- Un fait tragique déclenche la rénovation de la Chapelle au XX° siècle. A la mort subite du petit François XVII (il y eut beaucoup de François dans cette famille) ses parents entreprennent de modifier cet oratoire.
Conservant les hautes fenêtres et la voute d’ogives sur des colonnes d’inspiration italienne, ils remplacent les vitraux, élèvent une tribune et refont le carrelage du chœur. Partout figurent le portrait et les initiales du jeune défunt  dans ce lieu consacré où il repose aujourd’hui en compagnie de ses parents.
- La visite inclut les bibliothèques et le trésor mais en compagnie obligatoire d’un guide, une asiatique sympa nous prend en charge. Elle nous ouvre les portes derrière lesquelles se cachent  quelque  21 000 volumes qui tapissent les murs des quatre bibliothèques.
La chambre des cartes dispose de quelques trois cents plans et estampes représentant des vues de villes, de pays ou de continents.  Dans cette salle sont exposées des cartes conçues lors des  campagnes des Larochefoucault visant à être comprises même par des analphabètes.
- Le trésor conserve les archives de la famille, les comptes.
Avec minutie, notre guide extrait une dette contractée par Louis XVI  pour un emprunt dédié à couvrir sa fuite.
Cette salle des papiers desservie par un élégant escalier tournant en bois peut s’apprécier vue d’en haut.
- Nous n’avons plus besoin de guide pour  voir les cuisines et les salles de garde, il suffit de se rendre au sous- sol.
L’artiste Nisa Chevènement a investi les lieux et expose ses sculptures autour de Babel : 
Après les sous-sols, nous grimpons sous les toits. Ici pas de grande découverte architecturale mais une attraction sympathique attend les visiteurs petits et grands. En effet, ils peuvent  s’immerger dans l’histoire et revêtir des costumes d’époque proposés gracieusement au déguisement et prévus dans toutes les tailles. Le lieu résonne de rires et les téléphones s’activent pour prendre des photos souvenirs.
Nous ne pouvons parler de ce monument  sans évoquer les plus prestigieux  représentants des Larochefoucault :
- Bien sûr François VI, auteur des sentences et des maximes
-  mais aussi Louis-Alexandre, député des Etats généraux assassiné à Givors en 1789
-  et François XII, fondateur de l’école des Arts et Métiers, introducteur du vaccin contre la variole en France et cofondateur de la Caisse d’Epargne.

mardi 9 mai 2023

Fraîche. Marguerite Boutrolle.

Sur le thème beaucoup traité de la fin de l’adolescence, une BD pleine de fraîcheur fidèle à la quatrième de couverture : 
«  Frais, fraîche (adj.) :
-  qui a la spontanéité, la candeur de la jeunesse. 
-  Se dit d’une fleur qui a gardé son éclat, qui n’est pas fanée.
-  Se dit d’un aliment qui n’a pas encore subi d’altération. » 
Dans un langage qui distingue chaque génération, la jeune auteure, revient sur cette période de la vie où les velléités d’émancipation passent par bien des conformismes. 
Sans jamais ridiculiser ni embellir les aspirations de cet âge, les incertitudes et la recherche d’une vie qui soit belle sont bien racontées grâce à un graphisme dynamique et un découpage énergique  accordant bien le fond et la forme. 
« Les gens du lycée ont GRAVE des têtes à avoir couché. Genre tous. »

lundi 8 mai 2023

Sur l’Adamant. Nicolas Philibert.

Une fois éprouvée l’intensité de l’interprétation de « La bombe humaine » du groupe Téléphone en introduction, par un des patients suivi par un centre de jour au centre de Paris, de cette heure quarante au bord de l’eau, émane un calme d’autant plus impressionnant que sont perceptibles les tempêtes. 
« Je veux vous parler de l'arme de demain 
Enfantée du monde elle en sera la fin 
Je veux vous parler de moi, de vous 
Je vois à l'intérieur des images, des couleurs 
Qui ne sont pas à moi, qui parfois me font peur
Sensations qui peuvent me rendre fou » 
Le livret d’accompagnement distribué par le cinéma le Méliès montre la modestie du réalisateur parti « voir ailleurs qui je suis », s’appliquant à « énoncer » plutôt qu’à « dénoncer », se gardant de « fétichiser ce lieu atypique » de psychiatrie où se prend le temps de l’écoute. 
« Je suis chargé d'électricité 
Si par malheur au cœur de l'accélérateur 
J'rencontre une particule qui m'mette de sale humeur 
Oh, faudrait pas que j'me laisse aller
Faudrait pas que j'me laisse aller, non
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur juste à côte du cœur » 
Sans remonter à des explications renvoyant à une situation de voyeur, la caméra respecte les personnes qui s’expriment dans une institution accueillante par la peinture, la musique, la poésie, une implication dans un projet collectif en évolution permanente. 
Une séquence où les patients se prennent réciproquement en photo avec et sans masque révèle les regards.  
« Adamant » signifie diamant.

dimanche 7 mai 2023

Tout mon amour. Laurent Mauvignier Arnaud Meunier.

Le metteur en scène par ailleurs directeur de la MC2 est plus subtil dans la présentation de la première pièce de Mauvignier, écrivain contemporain majeur, que dans son prêchi-prêcha initial concernant la réforme des retraites et le sort des intermittents pendant la COVID. 
Torreton est revenu dans la maison de son père avec sa femme Anne Brochet qui ne veut pas s’éterniser dans ce lieu qui est aussi celui où a disparu leur fille, Elisa. Ce titre excessif et banal comporte le mot amour que les dénis ont empêché de voir tout au long de la pièce.
Une fille vient frapper à la porte. Le petit fils qui n’était pas venu à l’enterrement revient pour aider ses parents à se défaire ou à vivre avec leurs fantômes.
Bien que les cris dominent, les non-dits sont bien dits, et les ambiguïtés ne brouillent pas le propos donnant plus de poids aux souvenirs, à l’imaginaire qu’à un présent affolé.
Le décor sobre ne disperse ni l’attention ni les tensions tout en jouant sur les filtres qui peuvent s’interposer entre la réalité et nous les spectateurs de théâtre, une fois nos écrans mis à recharger. 
Souvent les livres se font adapter au cinéma, je serais curieux de lire le livre qui pourrait être tiré de ce « polar métaphysique ». Il gagnerait peut être en intériorité, en émotion, avec encore plus de silence.

samedi 6 mai 2023

Le train des enfants. Viola Ardone.

Après la seconde guerre mondiale, des enfants du sud de l’Italie sont accueillis quelques mois par des familles du nord à l’initiative du parti communiste. 
« Il dit aux autres que je suis un des enfants du train, qu'ils doivent m'accueillir et me faire me sentir comme chez moi. Chez moi je n'avais rien, je me dis. Alors ce serait mieux qu'ils me fassent me sentir comme chez eux. » 
Le récit de cet épisode assez extraordinaire par Amérigo, sept ans, élevé seul par sa maman, est émouvant et drôle. 
« La fin de la chanson, ils lèvent tous le poing vers le ciel, qui est gris et plein de nuages longs et fins. Mariuccia et Tommasino pensent qu’ils montrent leurs poings parce qu’ils s’engueulent. Alors je leur explique qu’ils font le salut communiste, c’est différent du salut fasciste, que je connais par la Royale. Quand elles se croisaient dans la ruelle, la Jacasse et la Royale faisaient chacune son salut et on aurait dit qu’elles jouaient à pierre-feuille-ciseaux. » 
Le ton juste, toujours délicat à saisir lorsqu’un auteur s’exprime comme un enfant, permet  d’aborder, sans lourdeur didactique ni pathos, cette distance entre Naples et Modène, les oppositions politiques, les dilemmes : 
« Ta maman te manque ?
- Non, oui, un peu. C'est que j'ai peur qu'au bout d'un moment elle ne me manque plus. »
La générosité et les croyances sont interrogées au fil du temps qui a passé : 
« Vous n’êtes pas en exil, répond le maire. Vous êtes avec des amis qui veulent vous aider, ou plutôt avec des camarades, c’est plus que des amis, parce que l’amitié c’est une affaire privée entre deux personnes, et ça peut se terminer. Alors qu’entre camarades on se bat ensemble parce qu’on croit dans les mêmes choses. »
Les caractères des personnages bien tracés se nuancent, se révèlent. Cette mère  que la misère avait rendue peu douée pour les câlins, a fait de son mieux : 
« Parfois ceux qui te laissent partir t'aiment plus que ceux qui te retiennent. » 
Je rejoins les lecteurs du « Livre de poche » qui lui ont accordé leur prix, bien que la dernière partie abandonnant les territoires de l’enfance rappelle quelques conclusions systématiquement optimistes des films américains, alors que les trois-quarts des 280 pages avaient le charme des films italiens que nous avons tant aimés. 

vendredi 5 mai 2023

Brouillés.

Bien avant les petits Biafrais, les enfants chinois étaient cités pour forcer les enfants occidentaux à finir leurs assiettes ; ce n’est plus le cas.  
J'avais écrit: « D’ailleurs on n’entend plus beaucoup d’échos de famines de par le monde en dehors des conflits » alors que mon quotidien vespéral rendait compte d'une alerte de l'ONU : « le nombre des personnes en insécurité alimentaire ( 250 millions) a triplé en six ans»
N'empêche: il est plutôt question de droit à l’avortement ou des libertés LGBT+ qui mesurent essentiellement le degré de liberté d’une nation. 
Avons-nous mesuré les progrès qui permettent de vivre plus dignement, de vivre tout court, sur notre planète épuisée qui croule sous le nombre de ses occupants ?
Les frontières se hérissent de murs, mais Sébastopol n’est pas que le nom d’un boulevard parisien, près et loin fricotent, passé et présent tricotent.
Héritiers bâtards des lumières, nous avons perdu Dieu et nos désirs d’enfants, alors que la religiosité gagne ailleurs grâce aux intégristes et leurs familles nombreuses.
J’ai l’impression de déclencher un souffleur à feuilles mortes en essayant de distinguer le vrai du faux dans le fatras des mots à notre disposition.
Sans avoir mis en titre le mot «  brouillé », j’avais déjà usé du terme tant les brumes (de  chaleur) nous enserrent. 
Quand la liberté de l’individu qu’on voulait avec l’école, émanciper, ne veut plus s’inscrire dans la société, la fraternité est méprisée. Les titres de la presse qui avaient un certain prestige du temps du papier jouent avec la forme brève, le titre polémique en version web.
Quand la valeur du travail ne se mesure plus qu’en €uros et que sont ignorés les aspérités de la vie, le rapport au réel est bouleversé.
Tout est arasé, et comme certains sommets de la littérature ou de la culture en général paraissent inaccessibles autant les mépriser. Et c’est ainsi que des démagos flattent les ignorants en traitant d’arrogants ceux qui étaient familiers des exigences intellectuelles plutôt que de d’amener leurs followers vers une complexité ardue.
Les limites entre l’homme et la machine, entre l’homme et l’animal voire avec « le concombre masqué », entre l’homme et la femme, sont bousculées. Les distances entre jeunes et vieux peuvent à la fois être niées ou exacerbées. 
Un mineur parmi ses ancêtres est plus prestigieux que des quartiers de noblesse : le transfuge de classe en fera des tomes pendant que bébé requiert  ses droits d’auteur.
3000 milliards d’€uros de dette ne comptent pas.
Celles et ceux qui reprochent à l’occident colonisateur d’avoir voulu imposer ses valeurs n’arrêtent pas de vouloir dicter à leurs congénères, le contenu de leurs assiettes, de leurs lits, de leurs livres : y a bon Banagnangnan !
Sur les ondes, les bienveillants les plus doux compatissent avec les plus radicaux, cultivant un goût pour le barouf et la haine. Alors qu’ils rejettent le « en même temps » centriste, ils aiment les dits pacifistes qui viennent à la manif, cagoulés.
Les masques « anonymus » étaient tendance et les pseudos sont la règle sur les réseaux sociaux, mais je suis choqué que dans les reportages l’habitude se répand de s’exprimer sous des noms d’emprunt. Sans invoquer le courage partie prenante des romans de chevalerie, pourrait-on évoquer la responsabilité ? 
Ainsi chaque matin se révisent les vertus de nos grands-mères alors que dans la foulée est dénoncé l’héritage des boomers. 
 « France, mère des arts, des armes et des lois...", pourquoi veut-on toujours y brouiller les premiers avec les derniers? » 
Françoise Sagan.

jeudi 4 mai 2023

Anna-Eva Bergman. Thomas Schlesser.

Le directeur de la fondation Hartung-Bergman, auteur du livre « Anna-Eva Bergman, vies lumineuses », commissaire de l'exposition « Rothko-Hartung : une amitié multiforme », était à l’écran devant les amis du musée de Grenoble, en écho de l’exposition consacrée à la dessinatrice, peintre et graveuse : « Voyage vers l'intérieur » du 31 mars au 16 juillet 2023 au musée d’Art Moderne de Paris.
« Atelier à Antibes ».
Née à Stockholm en 1909, elle devient norvégienne après le divorce de ses parents, copie son oncle qui fait de la copie, mais dans la famille duquel, elle garde surtout le souvenir de ses peurs.
Sa mère qu’elle ne voit qu’épisodiquement se sert de la tenace petite fille comme cobaye pour ses expériences d’orthopédie. « Portrait 1933 » Elle étudie à l’Académie des Beaux-Arts d’Oslo, à Vienne à École des Arts Appliqués puis à Paris dans l’académie d’André Lhote. Après avoir été imperméable à l’art moderne lors de ses premiers contacts, elle sera marquée par son compatriote Münch, avant sa rencontre et son mariage avec Hans Hartung de nationalité allemande comme Georg Gross, Otto Dix au « réalisme magique » dont l’ironie l’inspirera en particulier dans ses dessins satiriques.
« Anna-Eva Bergman et Hans Hartung »
Les jeunes mariés s’installent à Minorque, mais le typhus et l’incompréhension du voisinage allant jusqu’à des soupçons d’espionnage les chassent de ce « Paradis »ensoleillé et pas cher. De retour à Berlin, elle est également suspectée d’espionnage par les nazis.
Elle publie « Turid en Méditerranée » et quitte Hartung en 1937. Elle épouse le fils de l’architecte Lange érudit médiéviste avec lequel elle poursuit ses recherches sur la divine proportion, tout en s’initiant aux techniques avec feuilles d’or ou d’argent. 
Son remariage est un fiasco, tandis que Hans se remarie avec Roberta Gonzalez, fille du sculpteur Julio Gonzalez qui l’a accueilli dans son atelier.
« Composition n° 5 »
Pendant la guerre, elle se réfugie dans les montagnes norvégiennes pour fuir la réquisition des Allemands en tant que traductrice.
« 
No 26-1981 » Lors de ses voyages en bateau le long des fjords, son goût de la spiritualité l’amène à aller à l’essentiel des lignes.
« Deux formes noires »
Elle devient une peintre, rendant la beauté fascinante des îles et la lumière du soleil de minuit, passant à l’abstraction à partir des fissures de rochers, en venant à une « scissiparité » géologique, soulevant les montagnes.
« La grande montagne » Elle a connu Rothko et Soulages,
« Grand horizon bleu »
, espace accessible et pourtant inatteignable.
« Œuf d’or ou Un Univers » (1960) C’est du Finnmark et de la Norvège du Nord que je rêve. La lumière me met en extase. Elle se présente par couches, et donne une impression d’espace différents qui sont en même temps très près et très lointains. On a l’impression d’une couche d’air entre chaque rayon de lumière, et ce sont ces couches d’air qui créent la perspective. C’est mystique. »
« No Ca-1948-50 »  A l’approche de la genèse du monde dans ces lieux dépouillés, elle  donne un rythme et anime le monde minéral. Les pierres en deviennent «  quintessentielles ». Elle est retournée à Berlin où les gravats persistent dans l’après guerre, les blessures de l’histoire sont aussi minérales.
Elle se remarie avec Hans Hartung vingt huit ans après leur premier mariage,
ils s’installent dans la quiétude à Antibes en 1973 dans une maison dessinée par leurs soins,
36 ans après leur première maison de Minorque. Hans l’amour de sa vie, s’associait pour elle, à Fra Angelico et Bach sur le sentier d’une piété cosmique. Elle meurt en 1987.