samedi 23 novembre 2024

Histoire d’une fille de ferme & autres nouvelles. Guy de Maupassant.

Après avoir aperçu quelques versions télévisées à mes yeux ringardes, il vaut bien mieux la lecture ou la relecture pour un des plus grands, des plus riches de nos écrivains.
Chaque mot compte et aucun n’est de trop : cruel, magnifique, juste.
« On est gai sur la colline, mélancolique au bord des étangs, exalté lorsque le soleil se noie dans un océan de nuages sanglants et qu'il jette aux rivières des reflets rouges. 
Et, le soir, sous la lune qui passe au fond du ciel, on songe à mille choses singulières qui ne vous viendraient point à l'esprit sous la brûlante clarté du jour. »
Les scènes de la campagne normande dans leur rude vérité m’ont paru plus touchantes que les comédies des ministères dans « L’héritage ».
Au-delà de l’évocation d’un siècle disparu, c’est toute la condition humaine qui est puissamment représentée : 
« L'hiver s'écoula. Il fut long et rude. 
Puis le premier printemps fit repartir les germes ; et les paysans, de nouveau, comme des fourmis laborieuses, passèrent leurs jours dans les champs, travaillant de l'aurore à la nuit, sous la bise et sous les pluies, le long des sillons de terre brune qui enfantaient le pain des hommes. » 
 L’auteur du « Horla » peut servir d’exemple d’efficacité et de profondeur dans chacun de ses portraits : 
« Toine, en effet, était surprenant à voir, tant il était devenu épais et gros, rouge et soufflant. C’était un de ces êtres énormes sur qui la mort semble s’amuser, avec des ruses, des gaietés et des perfidies bouffonnes, rendant irrésistiblement comique son travail lent de destruction. Au lieu de se montrer comme elle fait chez les autres, la gueuse, de se montrer dans les cheveux blancs, dans la maigreur, dans les rides, dans l’affaissement croissant qui fait dire avec un frisson : « Bigre ! comme il a changé ! » elle prenait plaisir à l’engraisser, celui-là, à le faire monstrueux et drôle, à l’enluminer de rouge et de bleu, à le souffler, à lui donner l’apparence d’une santé surhumaine ; et les déformations qu’elle inflige à tous les êtres devenaient chez lui risibles, cocasses, divertissantes, au lieu d’être sinistres et pitoyables. » Essentiel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire