qu’en achetant le Dauphiné Libéré, je trouve un nouveau
numéro du satirique journal qui ne sait parler de son confrère quotidien qu’en tant que
« Daubé », bien qu’il y puise son inspiration.
Est ainsi réactivée une
rubrique historique pour préciser que Raoul Sacorrotti, Arsène Lupin
transalpin, monte-en l’air qui
vidait les greniers grenoblois dans les années 30 finançait les
révolutionnaires espagnols.
Pourtant la rencontre des rédacteurs masqués avec des lycéens autour de la presse pour lesquels ce moyen d’information est étranger aurait pu ouvrir une réflexion féconde. Le constat accablant
de vivre sur une autre planète alors que les adultes n’ont pas donné l’exemple
m’a semblé un peu court.
Si les porte- paroles de l'association technophobe «Pièces et main d’œuvre» en restent à leur marotte
folklorique en militant pour la réinstallation des cabines
téléphoniques, le compte-rendu d’une
nuit dans les rues grenobloises sous couvre-feu
reste assez prévisible.
Par contre la promotion de l’atelier paysan fabriquant des outils adaptés aux besoins des
agriculteurs permet de passer de la critique systémique à des réalisations positives, loin des bavardages.
Pour tourner en ridicule les vendeurs de vent, Le
Postillon est toujours pertinent avec Piolle et Ferrari en tête de gondole à l'heure de « la grenobalpisation de la cuvette » :
tout devient
siglé Grenoble Alpes (GA) CHUGA,
l’UGA… « invest in Grenoble Alpes »).
Cette fois la révélation de
Gregoire Gambatto, fondateur de Germinal, entreprise de « growth hacking »,« bidouillage de croissance », se
définissant lui-même comme « un monstre d’influence sur Linkedin »,
est tout à fait signifiante des mœurs actuelles.
La dénonciation d’un marchand
de sommeil entre dans leur combat habituel du côté des plus défavorisés,
mais les bisbilles entre un propriétaire et la mairie de Seyssins ne semblent pas départager si évidemment qu’ils le
présentent, le bien et le mal.
L’article intéressant concernant « Le Magasin » centre d’art contemporain met en évidence
la distance entre une communication très « care » et une gestion
autoritaire. Est citée l’irrévérencieuse et délicieuse Nicole Esterolle
qui trouvait que ce lieu était devenu :
« le rendez-vous des
radicalo-historico-afro-éco-queer-trans- féministe (…) qui ont priorité pour la
monstration de leurs performatifs et bidulaires épanchements ».
Le
dossier à propos du CHAI (Centre Hospitalier Alpes-Isère), l’hôpital psychiatrique de Saint Egrève qui emploie 1700
professionnels pour suivre 19 000 malades par an aurait gagné en pertinence en
s’allégeant de stéréotypiques illustrations représentant des outils datant de 1764 comme par exemple « une vis
permettant de creuser un trou dans le crâne d’un fou ». Il n’était pas indispensable
non plus de citer à plusieurs reprises Albert Londres, ni de développer des cas
remontant à 2018 pour décrire un lieu de souffrance où des avancées sont tout
de même mentionnées. Si certains se souviennent encore de l’assassinat d’un
étudiant par un pensionnaire de Saint Robert, comme on disait jadis, quelques témoignages
éloignent l’image du « fou qui fait peur » tout en dénonçant des
démarches excessivement sécuritaires, alors que la vague psychiatrique ne fait
que commencer.