Vite, lavons-nous les mains de la noire réalité, tout en
appliquant les distances sociales de sécurité à l’encontre de quelques
prophètes rivés au passé en recherche de coupables. Nous pouvons aussi croiser
à distance respectable, leurs confrères se projetant vers des futurs inévitablement positifs.
Fascinés par une finitude partant en poussière qui était à
mettre jadis sous le tapis, nous sommes ensevelis sous les morts en nombre.
Notre toute puissance se réduit à quelques mantras pour s’extasier devant une
planète dépolluée, débarrassée de ses habitants. Les collapsologues ont repris
vigueur.
Parmi les réflexions les plus courantes, celle qui proclame « Rien ne sera plus comme avant »
est des plus évidentes, pourtant des automatismes anciens persistent. Ainsi le succès de la « Lettre au
président » d’Annie Ernaux qui témoigne des difficultés à passer à autre
chose.
J’ai aimé ses romans, http://blog-de-guy.blogspot.com/2008/12/les-annes-annie-ernaux.htmle,
mais sa parodie laborieuse du texte de Boris Vian « Le déserteur »
est d’une pauvreté affligeante, aggravée
par les avis pour le moins sommaires qui ont accompagné sa diffusion : « Merci madame » renvoyant les
critiques à leur nature de mâle.
Elle ose évoquer des menaces sur les libertés, alors qu’elle
est lue sur la radio publique avec des accents dignes de Malraux par
l’omniprésent Trapenard. On a connu des rebelles plus entravés. Sa
grandiloquence m’a paru hors de propos dans un épisode où la souplesse, le
pragmatisme sont plus opérationnels que de pontifiantes certitudes déjà maintes
fois exposées.
Alors que le pays est à l’arrêt, ceux qui continuent à
travailler méritent plus que des applaudissements et me font regretter quelques
couplets antérieurs concernant la conscience professionnelle que j’estimais en
baisse.
Nous n’en avons pas fini avec les religieux parmi les plus
allumés qui ont des influences fortes
parmi les décideurs les plus puissants de la planète. Du reste, ils ont
joué un rôle certain dans la diffusion du virus. Ainsi des cultes archaïques
reviennent: alors que des chapelles
chrétiennes maintenant désertes s’étaient édifiées sur des lieux de cultes antiques,
au XXI° siècle, Gaïa, la déesse grecque de la terre, fait soit disant son
retour, pour punir les hommes.
Puisque nous sommes sur ce terrain, notre plus grand péché me
parait être de ne pas endosser nos responsabilités ? « L’établissement est fermé » pas seulement à cause du
gouvernement, mais je prends ma part dans la cité comme avec mes enfants dont
je réponds.
L’augmentation des violences conjugales témoigne bien sûr de
l’ensauvagement de notre vie sociale comme à un autre niveau les rigolades en
cascade qui mettent en évidence la difficulté de supporter ses enfants à la
maison : qui sommes-nous ? Je
n’ajoute pas « devenu »
pour ne pas grossir le catalogue «
C’était mieux avant », juste après un mea culpa.
Le populisme sévit désormais vis-à-vis des scientifiques et
remonte la fermeture à glissière de la housse mortuaire dans laquelle l’école
vient de fermer les yeux. La recherche raisonnée a du mal à se faire entendre, le
débat s’hystérise, tout le contraire de la sagesse qui demande temps et
respect.
« Il y a des problèmes
aux confins du courage et du désespoir, que la raison ne peut affronter sans y
risquer son existence. » Gérard Martin.....
Le dessin de Glez , Burkina Fasso, est découpé dans "Courrier International"