Cet acquis éducatif de 40 ans d’âge permet, deux ans de
suite, à tous les enfants de la commune de faire connaissance avec une pratique
en fond et en piste réservée de plus en plus à une minorité.
Au-delà des vertus du
plein air, où se surmontent les appréhensions et s’éprouve le sens de l’équilibre,
ce sont des moments fondamentaux de formation qui seraient compromis.
Je me souviens d’une élève, surplombant la pente depuis le
télésiège, qui constatait émerveillée :
« j’ai descendu tout
ça ! »
Bien mieux que tant de discours pour expérimenter la confiance
et de nouvelles dimensions : c’est de grandir et aimer le monde qu’il
s’agit !
A réinvestir dans des domaines quand la lumière est plus
chiche et les lunettes de soleil inutiles.
Mais je ne vais pas tartiner sur ces plaisirs aigus qui
rougissent les oreilles, révèlent le prix d’un abricot sec en tant que
remontant et la valeur d’une première étoile. Je reprochais à mon avertisseur de faire reluire les cerises abusivement dans un texte
exhaustif, en convoquant dans cette affaire de flocons, les traités européens
et le qualificatif infamant : « libéralisme économique ». Voilà
que je l’imite en rappelant la réflexion, ô combien datée, d’une collègue fière
de payer des impôts. Je m’exalte dans des souvenirs d’un Jack London collant à
la ferraille d’un forfait et recolore bien vite les pistes où dévalaient les
petits.
Ils s’étaient essayés à conter au micro des cars qui nous
montaient dans le Vercors, quand la notion de plateau pouvait mieux se comprendre,
en promettant de revenir sur les traces des résistants des années 40.
L’affaire est politique, même si je ne formule pas mon
désaccord comme ce collègue, retiré lui aussi des cahiers à corriger, et toujours résistant qui en appelle aux
siècles antérieurs, afin de donner de l’énergie à ceux qui
pourraient renoncer avant de combattre :
« Si les ouvriers s'étaient mis à la place des
patrons… il n'y aurait pas eu de conquêtes »
Cette menace d’un abaissement pédagogique est le
prix à payer des impôts considérés comme boulets, de la soumission aux temps
égoïstes et une des conséquences de la modification des rythmes scolaires, allant
de pair avec des évolutions des périmètres d’intervention des collectivités
locales. Dégradations bien contemporaines des missions de l’école oublieuse de
ses objectifs de démocratisation. Ignorer par ailleurs les raisons des gérants
d’une commune serait idiot, comme serait contre-productif de s’opposer
à de telles mesures d’économie en se drapant dans quelque drapeau rouge, hors de
saison.
Aux instits, aux parents, de valoriser ces
expériences indispensables à un développement harmonieux des élèves. Aux élus à
faire preuve de pédagogie envers les contribuables pour que le ski scolaire ne
soit pas envoyé par le fond.
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Dessin paru dans "Le Point":