Si même leur couverture ne se met plus à imiter platement
Reiser, que va-t- il rester au commentateur soc dém’ pour être à hauteur
critique de l’esprit libertaire du bimestriel Grenoblois en son numéro
28 ?
J’en suis même rendu à recopier un de leur chapeau
accrocheur :
« Quel est le
rapport entre le nouveau parking de la Villeneuve et les lampadaires de Grenoble ?
Entre Margaret Thatcher et Eric Piolle ? Entre la CGT et Jérôme Safar ?
Entre le conseiller de Michel Destot et les actions que possède Eric Piolle à
Soitec ? Entre la ville intelligente et les situationnistes ? Au mois
d’octobre, une vive polémique a éclaté autour de la gestion des lampadaires
grenoblois. Le Postillon tente d’en tirer quelques enseignements afin d’éclairer
votre lanterne. »
Au moment où la presse parisienne s’extasie sur la fin des
panneaux Decaux, la liberté de ton du journal de la « cuvette » est
réjouissante. L’actualité c’est la remise en cause de la régie municipale GEG
chargée de l’éclairage public depuis 1851 risquant d’être dévolu au
privé : la décision est reportée mais pour l’ « autre gauche »
arrivée aux manettes, ça a branlé au manche.
Les rédacteurs invariablement technophobes ont vite fait de
relever les aménagements lexicaux des responsables de la nouvelle municipalité
dont une chargée de « l’open data et des logiciels libres » avec
de surcroit un portrait, éclairant forcément, de Vincent Fristo.
Le journal contestataire ne pouvait ignorer ce qui se
tramait dans les Chambarans avec le Center Park, et même s’il reconnait avoir
été précédé par d’autres sur ce coup dont les réfractaires sont pourtant
proches de leurs positions, l’article titré « La dame qui pétille contre
le Tahiti de pacotille » est bien vu. La rencontre avec une vieille frondeuse,
que j’ai cru reconnaître, bien qu’elle ne marche pas dans l’approche
journalistique de départ avec portrait pittoresque qui mettrait au second plan
les enjeux de cette contestation, est convaincante.
Sa verve : «
Faut savoir que moi j’aime pas la nature, j’ai même horreur de ça », la
rend totalement crédible dans ses
rappels historiques, et ses analyses pour l’avenir de Roybon et ses habitants, elle que ses voisins croyaient au
parti communiste mais comme disait une de ses copines : « pff, c’est encore bien pire ».
Le choix d’interroger une aide à domicile était pertinent,
l’article aurait gagné à faire entendre plusieurs voix. Un reportage à la gare ne
se contente pas d’être vivant, il cherche à saisir les évolutions qui mènent à
un « pôle d’échanges multimodal ». Sous la novlangue :
privatisation et lieu de misère sociale.
Allez en bonus : un morceau de la « Carte du
tendre grenoblois ». Pour la totalité de l’image, allez chez le marchand
de loto qui vend aussi parfois des journaux, ça revient à 2 € les 16 pages qui
font 32 quand on les plie en deux.