mardi 21 mai 2013

Hannah Arendt. Margarethe von Trotta.



Le sujet passionnant nous emmène bien loin des petites phrases qui encombrent nos  bavardes machines affolées.
La réalisatrice « Des années de plomb » interroge des aspects troublants de  la nature humaine tout en rendant l’élaboration d’une pensée exigeante très concrète à la lumière du mal absolu … ou banal ?
Pour  « The New Yorker », la philosophe en chair et en courage interprétée par une Barbara Sukowa convaincante assiste au procès Eichmann à Jérusalem.  
Clope au bec, elle nous amène à approfondir des questionnements qui ne se sont pas achevés avec la pendaison d’un des responsables obéissant de «  la solution finale ».
A propos d’une situation exceptionnelle, elle nous amène à nous inquiéter de cette « absence de pensée » qui caractérisa un bourreau mais qui  peut s’appliquer à notre entame d’un siècle expéditif et finalement tellement obéissant quand les cyniques impriment leur idéologie à tout vend. 
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Aujourd'hui je n'ai pas publié de texte concernant la BD alors qu'en principe "mardi: c'est Goscinny ". 
Jusqu'à samedi, je programme des articles concernant le cinéma,  histoire de se la jouer comme Beckcannes.

lundi 20 mai 2013

Les voisins de Dieu. Meni Yaesh.



Les jeunes Israéliens qui se réfugient dans la religion ont beau oublier leur rigorisme autour d’un joint, des battements de la musique ou le temps d’une régression avec ballon, ils sont violents et régentent un quartier, veillent sur le respect pointilleux du shabbat et la tenue des filles.
C’est alors que l’un des plus zélés est frappé de  quelques scrupules quand il tombe amoureux de celle qu’ils tourmentent.
Il va s’humaniser un peu, mais la belle jeune fille sera-t-elle heureuse dans une vie scandée par une loi  qui soumet  les hommes et plus encore les femmes ? Les livres sacrés peuvent éclairer le destin des hommes mais  la notion même de Tout Puissant méconnait liberté, responsabilité et dignité.

dimanche 19 mai 2013

Germinal.Halory Goerger&Antoine Defoort



- Pourquoi Germinal ?
- Parce qu’il y a une pioche !
A l’issue de la représentation d’une heure et quart les artistes répondaient aux questions  des spectateurs de l’Hexagone de Meylan.
- Parce que le titre a fait ses preuves.
Et toutes les réponses des deux compères à l'origine de la représentation étaient du même humour surprenant, décalé, intelligent qu’ils avaient dispensé tout au long de leur spectacle inventif, poétique, foutraque, d’une cohérence impressionnante.
Oui, la pioche maniée avec vigueur par la seule fille sur le plateau, qui défonce la scène, tient un rôle central dans un univers où les machines prennent les têtes.
Il n’est rien moins question que de l’histoire de l’humanité… et ça marche !
 C’est « La rubrique à brac » de Gotlib au temps des SMS, revue par quatre olibrius qui ne se séparent pas souvent de leurs tables de mixages poussiéreuses ou d’un micro fantasque. La parole se réinvente, ainsi que le bonheur d’être ensemble, au milieu des gravats.
Si leur catégorisation du monde n’arrive pas à son terme, le chemin en est réjouissant, le classement dans le groupe « poc poc » ou « non poc poc » en vaut bien d’autres. Et Dieu dans tout ça ?
Il y a même un épisode de comédie musicale et un appel à une société externalisée dès que les recherches risquent de prendre du temps. 
On ne peut plus contemporain, malin et désabusé, énergique et désinvolte, réglé au millimètre et laissant passer le souffle de l’invention dans leur « système endogène génératif ». Jubilatoire.

samedi 18 mai 2013

Suite à un accident de voyageur. Eric Fottorino.



L’ancien directeur du « Monde » va chercher au-delà la formule sibylline des annonces de la SNCF qui ne nomment pas les suicides sur les voies.
Par son écriture pudique il apporte un peu d’humanité quand des voyageurs empêchés ne voient que des heures perdues.
« Vous êtes de la famille ? Non…Alors on ne peut rien vous dire. 
Les quais bondés sont aussi déserts que le Sahara, la chaleur en moins. L’accident de personne n’est vraiment l’accident de personne. »
Jusqu’à ce qu’il recopie des avis pris lors de conversations par Internet où  la violence se donne libre cours, il s’étonne d’être aussi un quidam parmi les quidams, qui ne le sait ?
Le camelot qui vient d’entrer dans le compartiment lui rappelle le « Rien » :
« Sa voix tonitruante nous fait sursauter. Il ne parle pas, il hurle. Il va falloir endurer son discours habituel ; « RERiens, RERiennes ! »
Alors que la presse locale est laconique sur ces nombreuses vies effacées, c’est au Maroc qu’il lit l’histoire d’un accouchement dans le train qui permet de clore avec une jolie note ces quelques pages dont le format  bref convient bien à un aller simple en RER.
La SNCF a offert au bébé, une carte Navigo valable jusqu’à sa majorité.

vendredi 17 mai 2013

Le PSG et le GPS.



Blague sur le site du Phocéen :
« - Comment appelle-t-on à Marseille un GPS en panne ?
- Un PSG »
La vitrine du capitalisme le plus éhonté a laissé voir ses aspects les plus déplaisants.
Bien sûr que les casseurs n’avaient rien à voir avec le sport, et Léonardo a-t-il à voir avec le foot quand il  croit tout se permettre ? Le Quatar a acheté l’organisation d’une coupe du monde prochainement et s’il n’achète pas seulement des hommes en short, son émergence a exacerbé les traits d’un libéralisme débridé, sa morgue, sa perte du sens commun.
Le laid trophée de champion de France de foot devait se brandir devant la Tour Eiffel : la photo est ratée !
Le foot déborde une fois encore des rectangles gazonnés, les images les plus kitsch s’autodétruisent à peine sont-elles éclairées.
En première page du Dauphiné Libéré,  le produit Beckham surjoue la joie, lui qui venait de rentrer sur le terrain pour 2 minutes, le temps d’une remise en jeu désinvolte et d’une photographie bidon. Les médias font semblant.
Canal + oublie le jeu pour filmer l’échauffement du pigiste mercenaire, quand ce n’était pas longuement sa femme dans les tribunes.
Quel amateur de foot n’a pas entendu qu’il était complice de l’entreprise d’abrutissement : « du pain et des jeux  » ?
Mais ce n’est même plus du jeu.
La réalité est  dans le classement du championnat  qui reproduit, à quelques exceptions près, la hiérarchie des budgets.
Bien que je fasse des efforts d’indifférence à cette mascarade, le foot offre une telle caricature de la société que je reste fasciné.
Je n’y perçois plus guère l’innocence de l’enfance, l’enthousiasme de l’adolescence, l’oubli des barrières sociales, mais en ce qui concerne la violence, l’individualisme, la suprématie du pognon, pas besoin de sortir du Chaudron pour qu’ils vous sautent au visage !  
Ibrahimovic ne comprenait pas les sifflets du public du parc des Princes :
« Pourquoi ils m’en veulent ? Avant moi il n’y avait rien ici. »
Certes en ces temps où la vertu cardinale est le charisme, Zlatan en a à revendre, mais les investisseurs sans culture qui viennent de découvrir le pouvoir du ballon rond devraient avoir parmi leurs conseillers en com’ quelqu’un qui leur dise que l’amour lui ne s’achète pas : même Zahia le sait.
La compétition est dénaturée, en déséquilibrant le championnat à ce point, celui-ci perd tout intérêt, les amateurs s’intéressent à qui sera le second.
J’en arriverais à apprécier Aulas qui parlait de fair play financier. 
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Dans Le Canard de cette semaine

jeudi 16 mai 2013

Fenêtres. L’Hermitage Lausanne.


Avant Windows, il y eut dans le domaine de la peinture bien d’autres fenêtres, et l’exposition thématique du musée de l’Hermitage qui ouvre ses croisées au dessus du lac de Genève nous en offre 150, de la renaissance à nos jours jusqu’au 20 mai 2013.
Depuis Lorenzo di Credi et sa belle, jusqu’aux gribouillages de Cy Twombly qui nous amusèrent  un bref instant, la variété des points de vue des artistes des plus reconnus à travers les siècles jusqu’à des contemporains les plus inhabituels, est impressionnante.
La lumière peut pénétrer dans les intérieurs les plus sombres : juste un liseré de soleil chez Vuillard et c’est l’été, les natures mortes luisent, les perspectives amènent si loin, les jeux de Magritte ou Delvaux retournent l’extérieur en intérieur et inversement.
Marquet, Matisse encadrent leurs paysages dans les embrasures qui prennent le pouvoir en  rythmes chez Klee, Mondrian, Kelly.
Les photographes présentés offrent une transition pédagogique avec les audaces actuelles derrière l’inévitable Marcel Duchamp et sa veuve impudente (French Widow), en réalité une fenêtre à la française ( French window)  réalisée en réduction avec des carreaux noirs, différente des américaines fenêtres… à guillotine (la « veuve » comme on disait jadis).
Nous avions fait le déplacement pour Hammershoï, aux lumières d’ailleurs, et un baiser brulant de Munch mais Bonnard qui disait  « ce qu’il y a de mieux, dans les musées, ce sont les fenêtres », nous a régalé aussi et Lavier intrigué.
C’est en pinçant le nez devant un hommage de plus au carré d’un Albers qui m’a paru bien froid que j’ai accédé à Rothko qui lui succédait.
Il a suffi d’un trait plus incertain, de couleurs plus sombres pour entrevoir ses tourments ; j’ai appris que c’était une de ses dernières toiles avant qu‘il se suicide.
«La reine Hortense à Aix-les-Bains», d’Antoine Duclaux qui figure sur un dépliant donnant tous les renseignements sur cette belle exposition peut représenter, une vision immuable du rêve.
Elle est  sûrement belle, nous ne voyons pas son visage, ni de route qui monte vers elle derrière le treillage de son balcon délicatement encadré de feuilles ensoleillées.
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Fidèles de ce blog, veuillez bien excuser cette mise en ligne tardive, mon ordinateur ayant eu des défaillances, cette fois du côté de son alimentation.

mercredi 15 mai 2013

L’oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête. N’Fassory Bangoura. Philippe Geslin.



Au 15° festival « couleurs d’Afrique » à Saint Hilaire de la Côte, j’ai acheté plusieurs livres dans ce qui était alors la plus grande librairie africaine de la région tenue par le « Baz’ art des mots » de Hauterives.
Le titre de cet ouvrage provient d’un conte où il est dit que le premier animal ne pouvait pas se poser sur terre.
Les 140 pages écrites aux éditions Ginkgo par un ethnologue suisse et par un paysan sosso décrivent la vie d’un village construit dans la mangrove aux alentours de Conakry.
« Sanfoui a préparé le lieu de cuisson du sel à Wondevolia, à proximité de la digue.
 Il a ramassé la poussière.  Il a commencé à cuire le sel dans le bas-fond, auprès du champ de manioc. Il a mis trois bâches. Mais toutes les bâches n’ont pas eu le temps de donner du sel. »
J’ai commencé par les écrits du paysan-saunier, parfois répétitifs comme une mélopée pour dire les jours de sel, de riz, de travail.
 « J’ai eu de bonnes relations avec les étrangers, j’ai eu l’esprit. Tous les hommes sont bons, mais chacun a son esprit. Si tu sais cela, tu peux travailler pour tous les hommes. On ne peut pas dire que tous les hommes sont mauvais, non. »
Des photographies en noir et blanc témoignent aussi de ses vies très rudes.
« Les hippopotames ont disparu, trop chassés, trop consommés pendant des siècles. Le bruit court parfois d’une silhouette pataude rencontrée. Les rumeurs circulent, mais personne ne se souvient d’en avoir vu. »