Dans l’échantillon circonscrit à 1/6° des débats possibles, au bout de dix discussions en trois jours sous les ors de l’hôtel de ville de Lyon et dans le bel opéra, j’ai retenu le mot :
« réciprocité » pour aller contre l’assistanat et avancer vers plus d’égalité, comme l’écrit François Dubet :
« De manière générale, une politique de gauche devrait se poser plus résolument qu’elle ne le fait la question de savoir qui « paie » et qui « gagne » dans les mécanismes souvent illisibles de la redistribution sociale … il n’est pas certain que les transferts sociaux se fassent toujours dans le bon sens, des plus riches vers les plus pauvres, que ce soit en matière d’éducation, de santé ou de logement. »
J’ai apprécié la personnalité puissante d’Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam qui au moment de l’inauguration d’un clocher restauré, quand il enlève la bâche protectrice dira :
« c’est comme ôter le burqua d’une femme pour en révéler la beauté. »
J’ai été déçu par Aurélie Filipetti qui devait d’abord intervenir sur l’environnement et finalement ne fait que bavarder à propos de culture.
Traversant plusieurs débats, l’opposition ville / campagne se pose d’une façon lancinante lorsqu’en Europe « une vache est plus indemnisée qu’un chercheur », cette question:
la ville sera-t-elle toujours émancipatrice à l’heure où un habitant de la planète sur deux viendra l’habiter ?
..........
Dessin de Jul:
vendredi 2 décembre 2011
jeudi 1 décembre 2011
Les plus belles montagnes du monde.
Les éditions Glénat présentent une exposition de photographies des plus belles montagnes du monde.
Nous entrons dans l’époque des encombrants livres d’art.
« Les photographes internationaux les plus fameux du genre » qui sont présentés jusqu’en février sont également réunis dans un ouvrage portant le même titre pour
« illustrer toute la magie du monde ».
Quand on me désigne les plus beaux villages de France, les plus belles stars, les plus beaux couchers de soleil, les blagues les plus drôles, je suis content de retrouver quelques réflexes primitifs qui m’entrainent à la contradiction.
Tant d’excellence impressionne mais ne touche pas : belles lumières, définitions parfaites, sublimes sommets. Mais quand la magie est tellement convoquée, il est bien rare qu’elle vous attrape.
Je préfère les personnages émouvants de la dépressive Diane Airbus à ces paysages purs et glacés qui auraient mérité des formats plus amples.
La chapelle du couvent sainte Cécile où se tient l’exposition est un beau lieu dans un îlot chic, avec une magnifique bibliothèque sur huit étages et des vitraux dont les cloisonnements conviennent bien à des vignettes à la ligne claire. Même si l’on demande la permission, il est défendu de photographier les locaux. Je n’ai pas substitué mon téléphone portable à mon objectif ostentatoire : je n’ai pas 13 ans tous les jours.
Nous entrons dans l’époque des encombrants livres d’art.
« Les photographes internationaux les plus fameux du genre » qui sont présentés jusqu’en février sont également réunis dans un ouvrage portant le même titre pour
« illustrer toute la magie du monde ».
Quand on me désigne les plus beaux villages de France, les plus belles stars, les plus beaux couchers de soleil, les blagues les plus drôles, je suis content de retrouver quelques réflexes primitifs qui m’entrainent à la contradiction.
Tant d’excellence impressionne mais ne touche pas : belles lumières, définitions parfaites, sublimes sommets. Mais quand la magie est tellement convoquée, il est bien rare qu’elle vous attrape.
Je préfère les personnages émouvants de la dépressive Diane Airbus à ces paysages purs et glacés qui auraient mérité des formats plus amples.
La chapelle du couvent sainte Cécile où se tient l’exposition est un beau lieu dans un îlot chic, avec une magnifique bibliothèque sur huit étages et des vitraux dont les cloisonnements conviennent bien à des vignettes à la ligne claire. Même si l’on demande la permission, il est défendu de photographier les locaux. Je n’ai pas substitué mon téléphone portable à mon objectif ostentatoire : je n’ai pas 13 ans tous les jours.
mercredi 30 novembre 2011
Lisbonne # J6. Sintra : la campagne des rois (suite).
Nous faisons une pause dans un restau « Le Xentia » à côté de l’office du tourisme, abandonnant l’idée de pique-nique dans un jardin. Nous prenons le menu à 7,50 € dans une salle souterraine voutée et je me retrouve en face de l’une des deux immenses télévisions à écran plat : d’un côté tour de France, de l’autre match de foot en Amérique du Sud.
Nous n’avons pas à marcher beaucoup et à attendre longtemps le bus 434 qui transporte les touristes à travers la forêt sur la route qui monte ses 4km vers le parc et le palais de Pena. De là, après l’achat des billets d’entrée, nous utilisons un autre bus aux bancs de bois glissants pour effectuer le km restant qui nous sépare du château. La route ombragée serpente au milieu du parc avant de déboucher près du château XIX° digne d’un dessin animé de Disney : guérites, tourelles, chemin de ronde, entre château fort et palais mauresque, du gothique à la renaissance, du jaune et rouge, gris et des azulejos. Un pont levis inutilisé forme un ensemble hétéroclite et sorti d’une imagination peu compatible avec le sérieux d’une demeure royale.
Nous visitons les appartements constitués de pièces assez petites surchargées de meubles et d’objets royaux plus ou moins quotidiens. La salle de bain avec baignoire et douche en émaillé blanc, salon indien, salon arabe avec trompe l’œil bluffant, chambres à coucher, salon de réception (bal) avec turcs porte torche se succèdent. La cuisine bien jolie est équipée de matériel français et affiche un menu en français lui aussi. Les cuivres brillent, les fourneaux sont de taille à chauffer de grandes marmites. La chapelle abrite un retable délicat en albâtre. On n’est pas surpris quand on apprend que Ferdinand de Saxe- Cobourg-Gotha, époux de la reine Marie II, fut le neveu de Louis de Bavière lui-même amateur de châteaux délirants ! Nous redescendons par le même bus stationné en contrebas de la billetterie. Comme il continue le circuit jusqu’à la gare, nous cédons à la flemme et renonçons à la visite de la vieille ville. Direction Lisbonne avec le train, moment de lecture de nos journaux, de sieste et d’écriture sur le trajet jusqu’au Rossio puis le métro jusqu’à la maison.
Il nous reste un moment de repos avant le fado de ce soir, au rythme endiablé de la musique des voisins d’en face.
Nous visitons les appartements constitués de pièces assez petites surchargées de meubles et d’objets royaux plus ou moins quotidiens. La salle de bain avec baignoire et douche en émaillé blanc, salon indien, salon arabe avec trompe l’œil bluffant, chambres à coucher, salon de réception (bal) avec turcs porte torche se succèdent. La cuisine bien jolie est équipée de matériel français et affiche un menu en français lui aussi. Les cuivres brillent, les fourneaux sont de taille à chauffer de grandes marmites. La chapelle abrite un retable délicat en albâtre. On n’est pas surpris quand on apprend que Ferdinand de Saxe- Cobourg-Gotha, époux de la reine Marie II, fut le neveu de Louis de Bavière lui-même amateur de châteaux délirants ! Nous redescendons par le même bus stationné en contrebas de la billetterie. Comme il continue le circuit jusqu’à la gare, nous cédons à la flemme et renonçons à la visite de la vieille ville. Direction Lisbonne avec le train, moment de lecture de nos journaux, de sieste et d’écriture sur le trajet jusqu’au Rossio puis le métro jusqu’à la maison.
Il nous reste un moment de repos avant le fado de ce soir, au rythme endiablé de la musique des voisins d’en face.
mardi 29 novembre 2011
Joséphine. Pénélope Bagieu.
La bloggeuse a connu le succès grâce à ses chroniques pastel de la vie d’une trentenaire célibataire.
Ce n’est pas à la hauteur de Bretécher qui peut être une référence en plus politique et plus inventive, mais sa simplicité, sa légèreté sont séduisantes. J’ai pensé à Catherine Beaunez à ses débuts, en moins féministe, au trait plus rond.
Parce qu’elle a été publiée dans des magazines féminins, les filles la revendiquent à leur seul usage, mais il se trouve de vieux mâles dont je suis qui ne ratent pas, quand l’occasion se présente, de se plonger dans ce type de « littérature ».
Bureau, vacances, sa sœur et ses nièces, Meetic, la manucure qui ne veut pas être sa psy, son coach, la concierge, Joséphine n’a rien à se mettre, elle positive, elle gère, et pour lutter contre la solitude un brin de mauvaise foi ne fait de mal à personne.
Ce n’est pas à la hauteur de Bretécher qui peut être une référence en plus politique et plus inventive, mais sa simplicité, sa légèreté sont séduisantes. J’ai pensé à Catherine Beaunez à ses débuts, en moins féministe, au trait plus rond.
Parce qu’elle a été publiée dans des magazines féminins, les filles la revendiquent à leur seul usage, mais il se trouve de vieux mâles dont je suis qui ne ratent pas, quand l’occasion se présente, de se plonger dans ce type de « littérature ».
Bureau, vacances, sa sœur et ses nièces, Meetic, la manucure qui ne veut pas être sa psy, son coach, la concierge, Joséphine n’a rien à se mettre, elle positive, elle gère, et pour lutter contre la solitude un brin de mauvaise foi ne fait de mal à personne.
lundi 28 novembre 2011
Fix me. Raed Andoni.
Le conflit palestinien ne détruit pas que les corps, les maisons, et un mur ne s’édifie pas que parmi les cailloux ; les hommes souffrent dans leur intimité. Le réalisateur essaie de soigner ses maux de tête, de mémoire et ses relations problématiques avec sa famille avec la psychanalyse. Le sujet a beau être lancinant dans le décor de nos préoccupations, la sincérité de l’acteur nous concerne puisqu’il apporte aussi de la complexité, des témoignages nouveaux, de beaux spécimens d’humanité plein de dignité et de force. Sa mère devra reconnaître que les migraines de son fils nous ont intéressées bien au-delà des check-points.
Un documentaire en général nous parle d’évènements extérieurs, là ce serait comme en littérature l’équivalent des autofictions, nouveau nom des autobiographies, alors disons auto documentaire… avec des airs parfois de Woody Allen qui jouerait au front.
Un documentaire en général nous parle d’évènements extérieurs, là ce serait comme en littérature l’équivalent des autofictions, nouveau nom des autobiographies, alors disons auto documentaire… avec des airs parfois de Woody Allen qui jouerait au front.
dimanche 27 novembre 2011
Au moins j’aurai laissé un beau cadavre. Vincent Macaigne.
Je crois qu’il s’agit du cadavre du théâtre; la carcasse de l’Hamlet d’un certain Shakespeare n’est qu’un prétexte éclaboussant avec bien plus de peinture utilisée que dans bien des installations d’art contemporain.
Je ne me suis pas ennuyé une seconde pendant ces trois heures alors que je craignais le pire.
Phénomène rare à Grenoble : une grande partie des spectateurs s’est levée pour applaudir les acteurs. Il est vrai qu’ils y avaient été entrainés dès le prélude par un chauffeur de salle.
Le niveau sonore intense qui a nécessité une distribution de bouchons pour les oreilles, fait ressortir les silences, le souffle d’un acteur, la tension pour deviner ce qui se trame derrière un volet roulant qui vient de s’abaisser, les petites lumières rouges des micros dans la salle plongée dans le noir. Poésie violente. L’auteur n’est pas dupe des ficelles déjà vues : des acteurs traversent la salle, se déshabillent, les changements de décor s’effectuent à vue, porte voix, paillettes et serpentins, moutons, le château gonflable est une excellente idée, et puis « ferme ta gueule !» Les mots ont beau être répétés, hurlés, scandés, ils ont beau être beaux, drôles, pathétiques, ils clignotent et se dissolvent derrière les spots braqués sur nos faces, derrière les fumées habituelles, les « splach !», maquillés de faux sang.
En effet si les effets ont été de peu d’effet sur mes émotions, j’ai été intéressé et j’ai apprécié l’implication des acteurs, les recherches du puissant metteur en scène « joyeux désespéré ».
Phénomène rare à Grenoble : une grande partie des spectateurs s’est levée pour applaudir les acteurs. Il est vrai qu’ils y avaient été entrainés dès le prélude par un chauffeur de salle.
Le niveau sonore intense qui a nécessité une distribution de bouchons pour les oreilles, fait ressortir les silences, le souffle d’un acteur, la tension pour deviner ce qui se trame derrière un volet roulant qui vient de s’abaisser, les petites lumières rouges des micros dans la salle plongée dans le noir. Poésie violente. L’auteur n’est pas dupe des ficelles déjà vues : des acteurs traversent la salle, se déshabillent, les changements de décor s’effectuent à vue, porte voix, paillettes et serpentins, moutons, le château gonflable est une excellente idée, et puis « ferme ta gueule !» Les mots ont beau être répétés, hurlés, scandés, ils ont beau être beaux, drôles, pathétiques, ils clignotent et se dissolvent derrière les spots braqués sur nos faces, derrière les fumées habituelles, les « splach !», maquillés de faux sang.
En effet si les effets ont été de peu d’effet sur mes émotions, j’ai été intéressé et j’ai apprécié l’implication des acteurs, les recherches du puissant metteur en scène « joyeux désespéré ».
samedi 26 novembre 2011
XXI. Automne 2011.
Pour la première fois je suis moins enthousiaste à la lecture du trimestriel, c’est que le sujet du dossier principal s’attaquait à rien moins que
« l’utopie ».
Mon humeur grise n’apprécie pas l’icône en couverture que je trouve datée et conventionnelle avec une blonde portant le soleil dans les cheveux qui voit un arc en ciel jaillir de sa main. Elle annonce un reportage sur Auroville et aussi sur des Ardéchois qui ont fait revivre une filière laine : ces quelques trajectoires individuelles aux forts accents des années soixante n’inventent guère un horizon pour une société.
Le combat d’un ancien salarié au cœur de l’usine de retraitement de la Hague est méritoire, mais si cette détermination peut avoir l’ambition d’une utopie, la jauge de rêves est bien basse.
Par contre les reportages par divers moyens sont toujours intéressants : que ce soient parmi les Roms sédentarisés, chez un pêcheur de noyés sur le fleuve jaune, derrière la dernière « estive » en Auvergne par Jourde, ou pour constater les effets pervers du protocole de Kyoto quand les permis de polluer en occident s’achètent en bourse et entrainent des expulsions en Afrique et des forêts qui brûlent. L’arrêt des mariages d’enfants en Inde parait bien utopique, et la petite ville de Doel, elle ne résistera plus très longtemps face à l’extension du port d’Anvers.
Dans ce numéro 16, il est utile de connaître Marc Ladreit de Lacharrière tant ce monsieur assez peu connu semble influent, le parcours de Bernard Stiegler est tout à fait original et sa façon d’aborder l’époque stimulante.
Mon humeur grise n’apprécie pas l’icône en couverture que je trouve datée et conventionnelle avec une blonde portant le soleil dans les cheveux qui voit un arc en ciel jaillir de sa main. Elle annonce un reportage sur Auroville et aussi sur des Ardéchois qui ont fait revivre une filière laine : ces quelques trajectoires individuelles aux forts accents des années soixante n’inventent guère un horizon pour une société.
Le combat d’un ancien salarié au cœur de l’usine de retraitement de la Hague est méritoire, mais si cette détermination peut avoir l’ambition d’une utopie, la jauge de rêves est bien basse.
Par contre les reportages par divers moyens sont toujours intéressants : que ce soient parmi les Roms sédentarisés, chez un pêcheur de noyés sur le fleuve jaune, derrière la dernière « estive » en Auvergne par Jourde, ou pour constater les effets pervers du protocole de Kyoto quand les permis de polluer en occident s’achètent en bourse et entrainent des expulsions en Afrique et des forêts qui brûlent. L’arrêt des mariages d’enfants en Inde parait bien utopique, et la petite ville de Doel, elle ne résistera plus très longtemps face à l’extension du port d’Anvers.
Dans ce numéro 16, il est utile de connaître Marc Ladreit de Lacharrière tant ce monsieur assez peu connu semble influent, le parcours de Bernard Stiegler est tout à fait original et sa façon d’aborder l’époque stimulante.
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