jeudi 6 janvier 2011

Polka.

Un magazine de photos dirigé par Alain Genestar qui fut viré de Paris Match pour avoir lésé sa majesté en montrant Cécilia avec un autre. Cette publication trimestrielle en est à son numéro 10, elle valorise des photographes comme Peter Lindbergh familier de « Elle » et de « Vogue », celui-ci a une vraie patte, mais c’est du classique pour papier glacé. Cependant d’autres sujets sont forts : avoir vingt ans à Gaza, les enfants de la génération Katmandou, comment voient-ils la retraite ? Et d’Haïti à la ville de Troy aux Etats-Unis quel est le plus désespérant ? Une rencontre avec les familles des moines de Tibhirine prolonge le film remarquable. Les quelques images du festival de Black Rock désert sont un peu maigrichonnes, et on aurait aimé aussi plus de portraits de Hans Sylvester qui propose déjà un cadre de fenêtre rouge aux Ethiopiens qu’il photographie avec sympathie.
L’intitulé : « un autre regard sur le monde » est sans doute ambitieux, reste que les 130 pages se laissent feuilleter avec plaisir et que quelques reportages valent le coût (5€).

mercredi 5 janvier 2011

L’élite de Brooklyn

Film noir d’Antoine Fuqua avec Richard Gere, classique et efficace : rap, putes and drugs, calibres et liquide. Juliani avait fait baisser la violence à NYC, il y a semble-t-il encore du boulot ! D’autant plus que les fonctionnaires doutent violemment de leur mission quand ils ont une famille à nourrir, la retraite qui arrive chez un suicidaire, une carrière soumise aux chantages.
A quel prix se remettront-ils sur la voie des défenseurs de la loi ? Il paraîtrait que l’abus de la Play Station a vidé les rues de la convivialité qui faisait la force des gangs. Mais il n’est pas besoin que les lascars menacent de précipiter leur prochain du haut des immeubles pour se faire des sensations, un bon film avec beaucoup de coups de révolver peut y pourvoir.

mardi 4 janvier 2011

L’almanach dauphinois.

En relisant le titre de ce numéro 45 valable pour l’année 2011, je m’aperçois que le terme « vieux » a disparu du titre, bien que le dessin de couverture avec la vieille au rouet et le vieux à la lecture devant l’âtre, persiste sur le créneau patrimonial.
Même si un site web existe, le charme de ces 130 pages tient bien sûr à ses fondamentaux immuables :
Les travaux du mois : « au rucher : s’il fait doux, mettre à la portée des abeilles de l’eau légèrement salée dans une petite auge remplie de pierres lavées »
Des dictons : « Quand l’arbre est tombé, tout le monde court aux branches »
Du patois (de Saillans) : « Como plou louf ru dins las casteletos,
Ecoumo bravament acanou las drouletos »
« Comme pleuvent les fruits mûrs dans les claies en osier
Et comme fortement les secouent les jeunes filles. »

Des expressions : « Celui là quel gnâgnou, on est toujours obligé de l’attendre. »
Interactif, en répondant à un lecteur recherchant un chant appris à l’école, qui disait :
« Honneur et gloire à l’école laïque
Où nous avons appris à penser librement,
A défendre à chérir la grande République,
… Tu fis notre âme Ecole et notre conscience. »

Echos du passé.
Et les faits écoulés l’an dernier en Dauphiné, France et Monde, avec un reportage à Saint Marcellin, une veillée patois et tout sur le lys martagon et la poire Martin Sec, les histoires de Fafois, les centenaires... Mais ce qui me semble le plus savoureux ce sont des suggestions pour son almanach personnel où l’on peut noter la date du premier chant du merle, quand les forsythias ont fleuri, quand on a aperçu le premier papillon jaune, mis le chauffage …

lundi 3 janvier 2011

Another year. Mike Leigh.

Encore un effet du dithyrambe critique qui aurait vu volontiers un prix à Cannes pour ce film; je sors de cette chronique agréable avec un léger sentiment de déception. Je n’ai absolument pas retrouvé la noirceur des âmes dont parlait Libération, sans aller jusqu’à rejoindre le Petit Bulletin qui parle de mépris de l’auteur et des personnages principaux. Le gratuit grenoblois à côté de qui les Inrocks apparaît comme un pourvoyeur des critiques consensuelles.
Quatre saisons dans le jardin et autour de la table d’un couple de la classe moyenne anglaise auprès de qui viennent se réchauffer des solitudes sérieusement imbibées. Miroir de nos propres arrangements qui aident aux relations, avec sa part de rites, de jeux de rôles, de rires, où l’aveuglement peut côtoyer la bienveillance ; ce film fait discuter. Si je crois que l’amitié se nourrit de réciprocité sur une base égalitaire, les relations décrites par Mike Leigh et sa troupe ne sont pas toujours de cette eau. Le vin est bon autour des barbecues et les tomates du jardin savoureuses. Il arrive si souvent dans la vraie vie que l’on dise « si c’était au ciné, on trouverait ça exagéré » alors je ne sais si les personnages sont caricaturaux, mais j’aurai goûté plus d’ambigüité, de nuances.

dimanche 2 janvier 2011

Leçon de jazz # 2 : Bill Evans.

Antoine Hervé au piano a beau être un pédagogue emballant, je n’ai pas tout saisi de ses explications à la MC2. Quand il évoque la « working bass », il arpente la scène en rythmes différents, il mime l’orchestre et la formation de Duke Ellington et ses balancements occupe alors le plateau. Mais si « la tonique » et « le modal » ont gardé leurs secrets, j’essaye de mieux approcher les subtilités d’un compositeur raffiné marqué par Ravel et une ascendance russe qui inspirera le ton des dédicaces qu’il adressera à son père. Romantique comme Chopin, il se distingue de Peterson qui correspondrait lui au virtuose Liszt. Plus chercheur de mélodies qu’embarqué dans les beats impassibles. Peu sûr de lui, recroquevillé sur son clavier, le blanc va connaître la notoriété après sa rencontre avec la super star Miles Davis, le noir. C’est « Kind of Blue », l’album de jazz le plus vendu au monde. Tout à ses improvisations qui l’ont fait reconnaître comme un des plus grands, il laisse la place à la batterie et à la contrebasse qui sortent alors des limites accordées jusque là, dans un trio très « interplay ». La valse lui va bien pour traduire la mélancolie. « Quand les étoiles s’éteignent » ; en 1980 il meurt, il était né en 29, la drogue, ce singe qui s’agrippait à son épaule, l’avait étranglé.

samedi 1 janvier 2011

2010 est passé. Bon 2011.

J’ai choisi cette image d’une rue obscure de Lyon pendant la fête des lumières, avec des coins rendus à la nuit, pour mieux faire ressortir la magnificence des lieux illuminés.
Que 2011 connaisse des couleurs plus gaies que la dite année dix qui fut plutôt sombre, même si c’est toujours le même peintre qui tient le pinceau noir !
« Peintre » désignait un piètre joueur dans l’argot un peu désuet au bord des terrains de foot ou de rugby, avec ceux qui savent de quoi on parle quand « le cochon est dans le maïs », mais ce n’est pas encore 2012.
Bon MMXI.

L’horizon. P. Modiano.

« Les mots dont il remplissait son carnet évoquaient pour lui l’article concernant la « matière sombre » qu’il avait envoyé à une revue d’astronomie ».
De belles pages sur la mémoire, l’émergence, parmi les brumes de journées ensoleillées. A la recherche indolente du temps. Deux personnages échappent à ceux qui les poursuivent, ils se rencontrent et se perdent. Nous les suivons dans leurs déambulations incertaines dans un univers de papier où les librairies sont désertées par les clients, où les éditions du « sablier » ont cessé leurs activités. Je n’ai pas saisi le sens de ce titre, mais cette incompréhension est légère pour rester dans le ton de ces 170 pages rêveuses comme des aquarelles charmantes peintes par-dessus un plan de Paris d’il y a quelques années.
« Il avait toujours imaginé qu'il pourrait retrouver au fond de certains quartiers les personnes qu'il avait rencontrées dans sa jeunesse, avec leur âge et leur allure d'autrefois. Ils y menaient une vie parallèle, à l'abri du temps... Dans les plis secrets de ces quartiers-là, Margaret et les autres vivaient encore tels qu'ils étaient à l'époque. Pour les atteindre, il fallait connaître des passages cachés à travers les immeubles, des rues qui semblaient à première vue des impasses et qui n'étaient pas mentionnées sur le plan. En rêve, il savait comment y accéder à partir de telle station de métro précise. Mais, au réveil, il n'éprouvait pas le besoin de vérifier dans le Paris réel. Ou plutôt, il n'osait pas... »