samedi 8 novembre 2008
L’empire de la honte. Jean Ziegler
Heureusement qu’il y a l’inlassable énergie de l’auteur de ce livre accablant pour ne pas nous enfuir au rappel de toutes les souffrances de notre monde si injuste ; pour continuer à nous informer, voire agir. Intellectuellement il est facile d’adhérer à la formule d’Hugo : « Vous voulez les pauvres secourus- je veux la misère abolie » ; mais au bout ce sera une petite pièce pour une association, notre façon d’agir. Le côté terrible du constat du socialiste suisse est que la situation des damnés de la terre s’aggrave.
Entre 1972 et 2002 le nombre des africains sous alimentés a augmenté de 81 millions à 203 millions.
Le système féodal a été aboli dans la nuit du 4 août 1789, aujourd’hui les nouveaux féodaux capitalistes ont plus de pouvoirs que les rois ! Monsanto, Nestlé, Union Carbride, Novartis…
340 pages en livre de poche, de statistiques où l’on nous rappelle que les dépenses militaires mondiales en un an s’élevaient à 780 milliards de dollars, alors que 19 milliards auraient suffi pour éliminer la faim.
Des évocations donnent le frisson. Dans cet hôpital éthiopien sont soignées des fistules : « du fait de l’étroitesse du vagin chez une jeune fille de 12 ou 14 ans, l’accouchement provoque la déchirure dans la chair entre le rectum et le vagin. Ni l’expulsion des excréments ni celle de l’urine ne sont alors contrôlables ».
Je n’étais pas persuadé de la justesse de l’annulation de la dette qui étrangle des pays qui doivent consacrer bien plus d’argent au service des banques que pour leurs services sociaux, et je tempère mon scepticisme envers les pourfendeurs d’OGM en prenant connaissance de toute une organisation très puissante qui conduit, en Inde, un nombre effrayant d’agriculteurs au suicide en ne permettant plus de ressemer une part de ce qu’ils ont récolté. Le titres des chapitres indiquent bien sûr le sens de l’ouvrage et l’ampleur du désastre : la rareté organisée, le fantôme de la liberté, l’agonie du droit…Il y a une foule de portraits depuis les enfants d’Oulan Bator qui vivent dans les sous terrains jusqu’à Lula sur son camion dont les partisans répercutent les paroles aux 80 000 personnes qui sont au meeting : le pouvoir avait détérioré la sono. La honte est le sentiment de ceux qui ont faim ; dans les jardins genevois, le monsieur du FMI avec son arrogance, en rabattra peut être après la crise financière que nous vivons.
Au pays du café, en Ethiopie, le cultivateur a vu le prix de ses grains s’effondrer des deux tiers en moins de cinq ans. Le Savonarole helvète comme le qualifie « Le Monde » vient d’écrire un nouveau livre : « la haine de l’occident »
jeudi 6 novembre 2008
Jour de vote à la section P.S.
A la ludothèque de Fiancey à Saint Egrève il n’y avait plus de cidre pour les retardataires qui avaient de 17h à 22h pour voter ce jeudi,D Day pour les socialistes. Chez nous, c’est la motion Delanoë qui arrive en tête d’une voix devant la motion Collomb-Royal : 4 délégués pour chaque équipe sont mandatés pour le congrès fédéral qui a lieu samedi à Gières;la motion Aubry pourra envoyer un délégué, mais les autres motions n’ont pas obtenu assez de voix. Nous avons encore parlé tram, du collège et d’Obama, et plaisanté sur nos choix nationaux avec certains. Je n’ai d’ailleurs pas perçu depuis que je suis entré dans la maison rose, d’ostracisme à l’égard d’untel parce qu’il avait affiché sa préférence pour une liste. A livrer ce sentiment, qui contredit le discours dominant où sont décrits essentiellement les querelles, les coups tordus, j’ai l’impression de mettre une indéfectible naïveté sur la place, et pourtant c’est bien cette camaraderie qui nous fait aussi nous coucher tard et lever tôt et même pas payés pour les heures sup’.
Home.
« Alexandre le bienheureux » en version familiale pour la fantaisie, l’anticonformisme, mais la comédie vire à l’étouffement. L’idée d’une maison en bord d’autoroute était sympathique mais elle tourne court, malgré l’humanité de Gourmet et le grain de folie d’Huppert. D’excellents acteurs enfants pour ce film pour enfants. Le film d'Ursula Meier manque d’aire.
mardi 4 novembre 2008
Appaloosa
Film de Ed Harris. J’ai suivi les conseils de mon commentateur le plus assidu en allant voir un western, genre pour lequel ma culture est aussi maigre que les flancs d’un coyote. Pourtant, j’ai aimé retrouver tous les codes du genre. La lenteur est ponctuée de déchaînements où la vitesse est vitale, les rivières se passent à gué et le café la nuit au bivouac doit être bien âpre ; l’amitié, les calibres. Nous sommes cependant dans un film de 2008 où les politiques sont pourris, la femme n’a pas qu’un rôle secondaire, les sentiments sont peu romantiques et le justicier vieillissant tombe sous le charme d’une dame parce qu’elle se lave régulièrement : crédible dans cet univers où le cheval est la plus belle conquête. Il n’y a rien de parodique à mes yeux et s’il nous arrive de sourire par exemple avec une critique littéraire en milieu carcéral, l’ambiance est fidèle aux images que nous formons aujourd’hui de ces années 1885. Il fait bon de se faire raconter une histoire où les serviteurs de la loi mouillent la chemise. Il y a des méchants et des gentils mais le shérif cherche ses mots, chacun a ses failles et qui n’aurait pas quelques faiblesses pour le méchant s’il est joué par Jérémie Irons ?
Et même des fois le gentil triomphe, et c'est dans la réalité!
lundi 3 novembre 2008
Un jour nous partirons
Livre de Georges Bonnet composé d'une douzaine de séquences limpides, sans tapage, où sont évoquées des vies modestes avec le temps qui fait son œuvre. Des destins simples, émouvants : les tendresses et les ferveurs de l’enfance, les arrangements de la vieillesse, les occasions manquées. Une poésie du quotidien loin des fracas de la mode. Ce ne sont pas des nouvelles qui offriraient un dénouement inattendu ou spectaculaire mais une lecture apaisante de lignes claires.
La vie moderne. R. Depardon
En bout de chemin. Depardon fait partie avec Sempé de mon Panthéon. Ma connivence est totale avec le photographe fils de paysan qui s’affiche à la première personne dans ses films jusqu’à l’insistance. Je fais partie du public aimant retrouver ses racines paysannes dans ce cinéma qui sait garder de si belles traces d’existences d’hommes et de femmes dans leur vérité : si rare ! Ces portraits, cette fois, valent surtout par les routes, les silences. Bien sûr ces figures peuvent paraître savoureuses, et la proximité palpable avec les personnes filmées est très émouvante, mais c’est de mort dont il s’agit, celle d’un monde. Il n’y aura pas de transmission, ces hommes têtus ne l’ont pas envisagée et là haut sur les plateaux dont la beauté vous ravit dans un plan de cinéma, qui voudrait vivre ? Les cinémas sont loin. Le lait est tiré dans les étables obscures, on ne sait plus par qui.
dimanche 2 novembre 2008
Vicky Christina Barcelona
Film dont Woody Allen serait le réalisateur : aucune trace d’humour, de légèreté. Un scénario sans intérêt, truffé de clichés sans recul, personnages vacants, les belles actrices semblent des marionnettes. Les rendez-vous avec le new yorkais faisaient partie des rites attendus par les amateurs de mélancolie bavarde et drôle:là, il n’y a personne au rendez-vous.
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