La publication de la plaidoirie de 2020 du défenseur de
« Charlie Hebdo » lors du procès des assassins qui a coûté la vie à
15 personnes en 2015 est utile. « Les attentats
de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher ne sont pas seulement des crimes. Ils ont
une signification, une portée politique, philosophique, métaphysique. »
L’affaire des caricatures de Mahomet remonte à 2005 et ce
n’est pas le moindre intérêt de ce livre que de rappeler la chronologie des
évènements. Il réactive la mémoire et fournit de l’énergie.
« A nous de rire,
de dessiner, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des
fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de
frustrations, en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme
anglo-saxon et d'intellectuels, héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les
pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. C'est à nous de nous
battre. »
Je trouve le titre grossier mais peut être nécessaire pour
nous tenir en éveil depuis un camp qui a tendance à jouer de la litote, à se
coucher.
« Renoncer à la
libre critique des religions, renoncer aux caricatures de Mahomet, ce serait renoncer à notre histoire, à l'Encyclopédie, à la Révolution et aux grandes lois
de la Troisième
République, à l'esprit critique, à la raison, à un monde régi par les lois des
hommes plutôt
que par celles de Dieu. Ce serait renoncer à enseigner que l'homme est cousin
du singe et
ne provient pas d'un songe, renoncer aussi à ce que la Terre ne soit pas
totalement ronde. Ce
serait renoncer à considérer la femme comme l'égale d'un homme. »
Au-delà du chagrin de ne plus retrouver Cabu ou Wolinski
dans nos journaux, réactivé par ces 96 pages fortes, les enjeux sont colossaux.
« Et enfin, qui a
nourri le crocodile en espérant être le dernier à être mangé, pour citer
Churchill à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, parce que c'est toujours la
même histoire : quand on est confronté à des phénomènes qui nous font peur,
certains choisissent de pactiser. Mais à un moment, le crocodile munichois
devient tellement gros, à force d'être nourri de nos renoncements, que ce qui
aurait pu être arrêté avec un peu de courage devient un monstre qui menace de
nous engloutir. »