samedi 5 octobre 2024

Récits de certains faits. Yasmina Reza.

Il n’y a pas que Maylis (De Kerangal),
Marie-Hélène (Lafon),
parmi mes romancières préférées,avec Yasmina : «  C’est du sérieux ! » aussi,
pour parodier Sarkozy à propos duquel a elle avait écrit  « L'aube, le soir ou la nuit ». 
Et de Sarko, il en est aussi question parmi tant d’autres brefs récits de séances de tribunaux pas seulement à Saint Omer ou à Vesoul, alternant avec des scènes qu’elle fait sortir de la banalité avec son écriture limpide, son aptitude à mettre en évidence les fragilités humaines, son humanité.
Que ce soit dans le récit d’un caprice d’enfant dans un chalet à la montagne alors qu'au même moment la neige tombe chez lui à Paris, ou dans la présentation d’un prévenu, l’écriture agit comme un flash.
Monsieur Louette est accusé de non assistance à personne en danger : 
«  Monsieur Louette n’a pas assez de consistance à ses propres yeux pour se mêler.
Son esprit s’est fabriqué avec la honte, la crainte, le sentiment d’infériorité. » 
Les criminels qui ont pu commettre des crimes monstrueux ne sont pas présentés comme des monstres, ni comme des victimes de la société. Une juge appelant des débats « dans une atmosphère sereine et digne » peut manquer à la justesse. 
«  On juge un quadruple meurtre doublé d’un dépeçage de cadavres mais le ton doit rester courtois, aucune fièvre ne doit perturber la vénérable travail de la justice. Une crainte des débordements qui rend tout morne  et sans objet. Tempérer, apaiser jusqu’à l’idiotie là où précisément la tension pourrait illuminer. C’est le goût du jour, la pente honorable de notre temps. »
 Il y a bien de la magie dans l’écriture ou tout du moins du talent, quand un paquet de mouchoirs oublié sur un banc peut dire toute la détresse du monde.

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