s’accumulent dans ce roman du comédien à la mode, un « narvalo » comme on dit à Echirolles, sa ville d'origine,
« Près de chez nous » du nom du film culte dans le même genre déjanté.
Les 190 pages plaisantes du « gadjo » punchy se
lisent en un souffle.
« La société doit
s'acquitter de ce mal-être dont je la tiens responsable.
Pour que
l'anéantissement soit total et que mon action porte, je dois frapper
symboliquement. Je vais tuer un représentant de chacune des classes sociales.»
Le narrateur, tueur en série, a choisi de supprimer
une
aristocrate,
une ingénieure,
une jeune active,
une femme de footballeur,
une
caissière,
une SDF,
avec en prime un homme qui l’agace.
Le psychopathe, mot plus familier dans les cours de
récréation que le mot « maçon »,
est volubile.
« Certains
affirment que nos vies ont le sens qu'on leur donne. Je n'y crois pas.
Pour
moi, nos vies ont le sens que les autres lui donnent.
Notre entourage fait de
nous ce qu'on devient et non l'inverse.
La mer érode le rocher pour lui donner
sa forme. Elle le travaille, le façonne. Imparfaitement, bien sûr. Les
mouvements d'eau sont aussi erratiques que ceux de nos entourages respectifs.
Se fracassant sur nous comme la mer sur son rivage, ils nous donnent forme.
Libre à nous d'aménager la côte pour contenir ses assauts. »
L'écrivain, en son premier roman, a le sens de la formule et des paradoxes que
j’aime tant traquer :
« Comme tous les conseils sortant d’une
bouche plus âgée, on ne les comprend que plus tard. Nul pédagogue n’égale le
temps qui passe. »
« Nos recoins les
plus obscurs ont ceci de paradoxal qu’ils nous éclairent. »
« A Paris, la
concentration démographique annihile toute individualité.
C’est là que j’ai
commencé à prendre conscience de mon insignifiance.
C’est dans le
trop-plein que l’idée du vide est née. »
« On rêve de tout
donner à celui qui ne veut rien.»
Un amour des femmes manifesté de façon expéditive participe à
un ensemble politiquement incorrect.
Son humour noir dispensé à jet continu
permet de conclure brillamment par une fin morale.
Il était temps !
Délicieux.
Hmmm. Cela a l'air intéressant. C'est quoi, l'image ? J'aime bien "nulle pédagogue égale le temps qui passe".
RépondreSupprimerMais... quel temps qui passe ?
Hier sur le marché je discutais avec quelqu'un, et pour comprendre l'époque et où nous en sommes (toi, moi, notre génération, par exemple), je lui ai demandé si elle se souvenait du moment où Neil Armstrong a marché sur la lune. Je pose cette question dans mon entourage maintenant. "Que faisiez-vous à ce moment là ? Vous regardiez la télé ?" On était quasiment tous collés devant la télé, dans tout l'Occident. Et après, je dis aux gens que c'était un peu comme les Grecs repoussant les Perses à Salamine. Nous avons cru que nous étions (des) Immortels. Innocemment, d'ailleurs. La chute n'en a été que plus dure. Ce n'est pas parce qu'on est innocent qu'on ne paie pas le prix de nous croire immortels...
Pour Paris, et la concentration démographique, il faut relativiser. En s'y prenant bien, on peut lever l'anonymat, le sien, et celui de l'autre/des autres. Mais il faut y oeuvrer, et sacrément le vouloir. La flemme est une des caractéristiques majeures de la décadence qui découle surtout du manque d'idéaux vivants, et d'énergie...
Vue sous cet angle la statue prise dans la quartier du Suquet à Cannes semble entortillée dans ses voiles et menacée par une masse de la même texture. Il y avait un monde fou au Square pour la venue de Quénard hier au soir. Je n'ai pas pu y aller, j'avais Galotta.
RépondreSupprimerMerci de m'avoir répondu.
RépondreSupprimer