dimanche 18 mai 2025

Baie de Somme # 2

La visite programmée dans la baie nous contraint à un lever matinal.
Nous avons rendez-vous à 9h au phare le Hourdel avec nos accompagnateurs Margaux et Guillaume qui se répartissent le groupe de touristes.
Pour notre part, nous profiterons des explications de Margaux.

* elle commence par une présentation de l’écosystème et de sa protection :

interdiction de ramasser des galets, technique pour se dégager des sables mouvants, et interdiction d’approcher les phoques à moins de 300 m sous peine d’une amende de 135 € dressée par le personnel avec gilet « phoque » dans le dos patrouillant sur le site.

* Elle poursuit avec la présentation de l’estuaire et distingue estuaire de baie. Effectivement, le fleuve la Somme et les autres rivières déversent leurs eaux dans la mer.

* Pendant l’exposé, des détonations de chasseurs retentissent et perturbent les phoques, les poussant à déménager en se servant des courants.

Lorsqu’ils ne sont pas dérangés, nous les repérons, et les percevons mieux grâce à la puissante lunette de Margaux ; ils se prélassent sur des plages sablées, ressemblent à de nobles romains allongés sur le flanc.
De couleur noir blanc ou brun, il en existe 2 variétés : Le phoque gris, au museau allongé, sans front, plus balaize que l’autre, et le phoque veau de mer avec des narines en V, une tête ronde munie de gros yeux ronds.
Ils passent leur temps à buller au soleil, à emmagasiner la chaleur sous toutes les faces car ils se refroidissent vite dans l’eau, malgré 10 cm de graisse. Leur reproduction nécessite 11 mois de gestation dont 2 mois de pause pour atteindre le bon moment et sortir leur petit dans de bonnes conditions. Quant à leur alimentation, elle requiert 3 à 6 kg de poissons par jour (6kg pour le gris)

* Nous surplombons un magnifique panorama du haut de la digue donnant sur les vasières (bans de sables inégaux et trous d’eau) et les mollières (prés salés).

Au loin se détachent Saint Val’ry et en face le Crotoy ; d’un autre côté, un bunker allemand penche, chahuté par une tempête et l’érosion. Il n’est pas étonnant que ce site attire plus d’un million de personnes chaque année.

Les curieux se déversent de plus en plus nombreux  au fur et à mesure que l’heure avance et au moment où nous quittons les lieux, nous nous félicitons d’avoir été un peu matinaux.

Nous retrouvons la voiture garée au parking payant, maintenant bien rempli, pour aller à Noyelles sur Mer.

Plus précisément, nous cherchons un petit village de cette commune du nom de Nolette caractérisé par son cimetière chinois.
Durant la 1ère guerre mondiale, la Chine en conflit contre l’Allemagne envoie en 1917 cent quarante mille ouvriers sous contrôle britannique afin de les employer dans les usines et remplacer les hommes partis au front : ils déchargent des munitions, travaillent dans les fermes mais ne devaient pas participer directement aux combats. Cependant, ils finirent quand même par ramasser les morts sur les champs de bataille et déminer les terrains. Certains furent rapatriés en Chine à la fin de la guerre, d’autres choisirent de rester mais succombèrent à la grippe espagnole. 842 ouvriers chinois, « Chinese Labour corps », laissèrent leur peau sur le territoire français. Pendant leur présence, sous contrôle britannique donc, ils  menèrent une vie difficile, contraints dans leur liberté, cantonnés au même endroit. Ils ne pouvaient se rendre « en ville » sinon accompagnés par des soldats, ce qui laissait supposer à la population qu’ils étaient prisonniers.

Le cimetière bien fléché heureusement s’étend au bout d’un chemin non bitumé en pleine campagne. Une enceinte le délimite, nous la franchissons par une porte d’entrée constituée d’un portique  sinisant au-dessus d’un portillon au loquet métallique intéressant. Une série de stèles blanches identiques s’élèvent dans des allées rectilignes, à l’image  des cimetières militaires de Normandie, mais plus petit et ombragé par quelques pins dont le plus gros marque le centre. Seuls les idéogrammes gravés pour les noms indiquent l’origine des défunts, avec en plus une phrase en anglais pour leur rendre hommage. 

Ce lieu parfaitement entretenu, nous ouvre une page d’histoire que nous ignorions, et force la reconnaissance envers ces hommes venus de si loin, si mal traités.

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