vendredi 30 mai 2025

Alice au pays des idées. Roger-Pol Droit.

Après un voyage au pays de l’art d’un grand-père et sa petite fille, cette fois sans images,
nous sommes invités à suivre une jeune fille qui pour une première rédaction à rendre va nous emmener au marché avec Socrate dont elle retiendra la fécondité des questionnements jusqu’au chalet où niche Nietzche ou dans le salon de Louise Dupin. 
Bien que Socrate ait bu la cigüe et qu’Hypatie d’Alexandrie ait été assassinée, des penseurs antiques revenus à la Renaissance ou ceux du désert, en Inde ou en Chine nous parlent encore.
La renaissance : 
« La principale mutation consiste à placer l’idée de l’homme au centre de tout. 
C’est autour de la définition de la nature humaine que tourne désormais la réflexion. 
Dieu n’est plus l’idée principale. 
Les capacités de l’humanité l’emportent sur ses faiblesses ou ses vices. 
L’accent n’est plus mis sur l’obéissance, la soumission à la loi, l’inscription de l’humanité dans un plan divin. » 
L’idée de progrès née à cette époque se voit secouée de tous côtés en ce moment : 
« La destruction peut se révéler constructrice. Le mal peut produire le bien. »  
Le dispositif mis en place par le critique du « Monde »  accompagne agréablement le lecteur pour un voyage intense et paisible en compagnie de deux souris, l’une sage, l’autre folle,d'un kangourou nommé Izgourpa toujours prêt à sortir une fiche de sa poche et de la fée objection.  
Le côté Descartes en dix pages me convient parfaitement pour réviser et découvrir depuis le vaisseau qu’elle emprunte un riche panorama des idées. Comme Alice j’ai adhéré aussi bien aux paroles d’Epicure qu’à celle des stoïciens, et compris son envie d’abandonner devant la complexité, les contradictions des différentes écoles et religions. 
Tout en respectant l’impatience de la jeunette avide de trouver des solutions pour vivre honnêtement  et réparer la planète, la simplicité de l’auteur nous rassure en plaidant  tout du long pour le frottement des idées. 
Dans les respirations pédagogiques, à chaque étape, la demoiselle bien de son temps donne sa version et retient une phrase qu’elle voudrait se faire tatouer.   
Parmi une belle récolte, celle qui me convient en ce moment, je la trouve chez Kant : 
«  Le bois dont l’homme est fait est si noueux qu’on ne peut y tailler de poutre bien droites. » 
J’évite les tatouages. 

1 commentaire:

  1. J'aime bien l'idée des poutres pas droites. Mais de toute façon, tôt ou tard, le besoin d'en arriver au pugilat... revient, peut-être d'autant plus violemment qu'on s'obstine à condamner la violence partout où on POURRAIT la voir.
    Je partage ta réticence pour les tatouages...

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