samedi 10 avril 2021

Fille de révolutionnaires. Laurence Debray.

Nous sommes loin de règlements de compte devenus un genre littéraire et de la formule :« Il n'y a pas de héros pour son valet de chambre »; la fille d’un de mes maîtres et d’une mère épousée lorsqu’il était prisonnier, écrit bien et décape. 
Elle parle de Régis Debray, en père malhabile:  
« Il s’inquiète de la décadence de la France, passant du flamboyant homme d’influence, qui a pris les armes avant d’arpenter les couloirs des palais de la République, entre trois essais, deux maîtresses et cent complices, à « Schtroumf grognon » qui pond des pamphlets entre trois arbres, deux chevaux et cent courtisans. »
 
De Gaulle était intervenu pour protéger le théoricien du « foco » :
 
« Il serait regrettable de mettre un terme, pour des fautes de jeunesse, à une existence chargée de promesses et qui permet un sincère amendement. » 
Au-delà de la biographie de celui qu’elle disculpe d’avoir parlé sous la torture et son propre parcours entre sa famille vénézuélienne et ses grands parents de la haute bourgeoisie parisienne qui assurent, pendant que papa et maman sont à leurs œuvres, est posé le thème de la filiation : 
 « Toute appartenance est une prison ; toute légende est une servitude. »
« Mon père épousait une femme aussi belle que solide […] ma mère convolait avec l’intelligence pure et théorique avec la blondeur et la naïveté du jeune Européen épargné par la vie et l’Histoire »  
A New-York, où son père est toujours interdit, elle a travaillé dans une banque :  
« Evidemment c’est moins glorieux que de sauver les peuples de l’injustice et de l’inégalité. Je trouvais pathétique le dédain de la gauche bien pensante pour l’argent et son mépris pour les enjeux économiques, inquiétant. »  
Moins écorchés que les souvenirs de Virginie Linhart, 
ces 300 pages m’ont passionné et même si je suis bien loin de ces milieux où Signoret est une intime ainsi que tant d’autres aux noms prestigieux, la biographe de Juan Carlos est mariée à un Servan Schreiber, je me suis senti concerné par cet ouvrage. L’amour se cherche et l’écrit permet le pardon ponctuant le temps qui file. Elle remercie ses parents :  
«Ils ont toléré, avec grâce et indulgence, mon point de vue parfois irrévérencieux, sur des sujets personnels douloureux. Ma reconnaissance est à la mesure de leur mansuétude et de leur intelligence.»

.............. Vacances du blog quand les petits sont en vacances par chez nous. 
Retour dans une semaine.

3 commentaires:

  1. Ah bon, tu peux expliquer en quoi Régis Debray est toujours interdit à New York ? Ça veut dire quoi, au juste ? Merci.
    Pour la phrase : "je trouvais pathétique le dédain de la gauche bien pensante pour l'argent et son mépris pour les enjeux économiques, inquiétant", il y a de quoi écrire plusieurs bibliothèques de la taille de celle d'Alexandrie.
    Pour effleurer ce sujet, je rappelle qu'on est à quelques jours seulement de Pâques... un moment où on peut se souvenir de la grande Passion qui a convulsé les foules (et l'humanité) au moment où un obscur agitateur est mis à mort comme un esclave après avoir horrifié ses contemporains (lettrés en tous cas) en proclamant au Temple de Jérusalem que les MARCHANDS qui commerçaient pour les conventionnels sacrifices d'animaux dénaturaient la chose religieuse qui se devait d'être... loin de l'argent, tout comme lui avait vécu trois ans... loin de l'argent, en confiant sa gestion aux autres de sa bande (Judas, il est précisé quelque part), en vivant une vie d'itinérant, (et pas d'un travailleur...) grâce à l'hospitalité des personnes désireuses de sa compagnie et de sa bonne parole... révolutionnaire.
    De là à voir l'argent comme étant un produit du Diable, il n'y a qu'un pas, que la gauche, qui suit toujours plus ou moins fidèlement les traces du ministère (et oui...) de Jésus, n'a pas hésité à faire. La gauche sera toujours dans les pas de l'Evangile d'une certaine manière. Incroyable pour tant de Français, mais vrai. Même en trahissant Jésus, la gauche sera... dans ses pas.
    Le monde est mystérieux.
    Les rabbins disent que l'athée est plus proche de Dieu que l'agnostique, car... celui qui passe sa vie et son énergie à se REVOLTER contre Dieu reste... TOUT CONTRE DIEU.
    Le mot "contre" est tout un projet, n'est-ce pas ?

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  2. Regis Debray:"Aujourd'hui encore je suis frappé d'interdiction d'entrée sur le territoire américain. Après 1981, doté d'un passeport diplomatique, j'ai pu aller aux Etats-Unis mais le vice-président Bush était venu demander à Mitterrand deux choses : l'expulsion des ministres communistes et le retrait de mon passeport diplomatique... Le fait est qu'il a eu gain de cause puisque lorsque j'ai remis mon passeport diplomatique, alors que j'étais invité à Boston en 1992, j'ai été refoulé du territoire américain. Les ordinateurs ont une longue mémoire ! Il m'est toujours reproché d'être en contact avec des organisations terroristes..."

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  3. Je me demande comment il a su que Bush était venu demander le retrait de son passeport diplomatique...
    Pour la suite, il y a des choses dans un monde "laïc" qui sont tout aussi mystérieuses que les voies du Seigneur...

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