jeudi 29 avril 2021

Ceux de 14. Figaro hors série.

Du temps de ma jeunesse, lecteur de Libération, il se disait quand passait un corbillard que le Figaro perdait alors un lecteur, je ne lis plus Libé et les crématoriums se sont installés loin des rues passantes.
La devise due à Beaumarchais « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. » figurait en dernière page du journal d'une droite plus fréquentable que le camp des populistes aux matins désenchantés.
Le thème de « La Grande Guerre  de 14 /18», d’ailleurs rarement écrit sous cette appellation  tout au long de ces 114 pages, est toujours porteur de sentiments forts, quand se comptent en dizaine de milliers les morts en un jour ou les volontaires défilant avec Hemingway à New York avant de traverser l’Atlantique.
Les productions sont encore nombreuses à ce sujet,
Cette publication au moment où Maurice Genevois, était reçu au Panthéon
«  Ce que nous avons fait, c’est plus qu’on pouvait demander à des hommes »  
permet de réviser quelques acteurs de cette guerre. 
« Tu n’en reviendras pas 
Toi qui courais les filles 
Jeune homme dont j’ai vu
Battre le cœur à nu 
Quand j’ai déchiré ta chemise » Aragon
Du « Dieu que la guerre est jolie » de Guillaume Apollinaire 
à Cendrars : «  Cette pute d’existence »,  
Péguy mort au front :  
«  Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles 
Couchés dessus le sol à la face de Dieu », 
Barrès: «  Debout les morts » : 
les citations peuvent pleuvoir, toutes remarquables, elles nous excuseront de ne pas retourner «  A l’Ouest rien de nouveau », ni approcher «  Le feu », pas plus que « La comédie de Charleroi » de Drieu la Rochelle, pourtant : 
«  Les hommes qui ne savent plus créer de statues, des opéras, ne sont bons qu’à découper du fer en petits morceaux. Ils se jettent des orages et des tremblements de terre à la tête, mais ne deviennent pas des dieux. Et ils ne sont plus des hommes ».
Les présentations sont variées et la liste de tous ces auteurs considérables serait bien fastidieuse menant jusqu’à Radiguet dont « Le diable au corps » fit dire à Paul Morand  
« Une peinture effrontée de grandes vacances au milieu des croix de bois ».
Des présentations bien écrites dynamisent la lecture et mettent en évidence l’absurde chez Barbusse: 
« Cette guerre c’est la fatigue épouvantable, surnaturelle » 
alors que chez Dorgelès la vie l’emporte. 
Dès 1929, Jean Norton Cru, ancien fantassin,  jugeait  
« sacrilège de faire avec notre sang et nos angoisses de la matière à littérature », 
avait classé deux cents quarante six auteurs, de l’excellent Genevois au nul Montherlant.

2 commentaires:

  1. Oui à la devise de Beaumarchais.
    Oui à la "GRANDE" guerre. Comment se fait-il qu'"on" a enlevé le "grande" à la guerre de 14 ? Il faut avouer que c'est un rapt... à double tranchant.
    J'ai appris dernièrement au moins une circonstance... atténuante au caractère si monstrueux d'Adolf Hitler : ayant été témoin de l'horreur du gaz dans les tranchées pendant la "grande" guerre, il a refusé de l'employer sur les lieux de combats en 39-45.
    Oui, oui, je sais ce qu'on me dira en réplique, et c'est juste...
    Il y a une très belle réplique dans la pièce de "Macbeth", quand la "pauvre" femme de Macbeth le pousse au crime par des arguments qui attentent à sa virilité. Il dit, avant de céder : "j'ose faire tout ce qui sied à un homme. Qui en fait plus n'en est plus un." Si seulement il avait pu résister à la pousse-au-crime...
    Toute notre puissance moderne ne nous assure pas la grandeur.
    La vie est faite de paradoxes.
    Merci à ceux qui sont sacrifiés pour leur sacrifice. Par leur sacrifice... ils sont grands, et ils le resteront. Nous ne l'oublierons pas.

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  2. J'ai fait une faute dans ce commentaire. A la fin, j'aurais voulu dire : "merci à ceux qui sont allés par obéissance jusqu'au sacrifice pour leur sacrifice."

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