Sur 565 pages, en Italie et en
Ethiopie, une histoire du dernier siècle se révise à travers le destin de toute une famille.
« L’Italie était
un ancien alcoolique qui, comme tout nouvel adepte de la sobriété, ne voulait
pas être confondu avec le comportement qu’il avait eu lors de sa dernière et
tragique cuite. Elle ne désirait que les petits progrès quotidien du bien-être
moderne, qui germait comme les pissenlits de mars sur les décombres. »
Un livre puissant où les époques se mêlant ne constituent
pas un procédé qui embrouille mais offre un moyen efficace pour mesurer le
poids de l’histoire dans les problèmes du présent.
« Quand on avait
le « grazie »
Avec ton savon
Tu te lavais toi.
Quand il y avait le
« thank you »
Avec ton savon
L’Anglais se lavait.
Maintenant il y a
l’ « amaseghenallo »
Et ton savon
Tu le manges parce que
tu as faim. »
J’en étais resté à l’idée que l’Ethiopie était le seul pays
d’Afrique à ne pas avoir été colonisé, alors que les fascistes italiens ont occupé le pays
partiellement cinq ans durant mais ont perpétré des massacres et tenté
d’humilier tout un peuple. Ceux qui ont été l’instrument de ces ignominies ont
été marqués aussi et sur plusieurs générations.
«… le but était
d’enseigner aux 70 élèves, « notre langue, nos coutumes, nos mœurs, les
amenant ainsi à une vie éduquée, cherchant à leur inculquer des sentiments
aimables, le germe du Bien, l’amour du Devoir et du Travail, la gratitude
envers l’Italie qui fait tant pour leur éducation. »
Mais le ton n’est pas à la condamnation à postériori, et les
contradictions, les éléments de compréhension autour du parcours qui a amené aux
malheurs rendent plus fortes les révélations.
Le phénomène des réfugiés qui
arrivent en Italie est traité avec une profondeur historique passionnante. La
psychologie complexe des personnages rend la lecture agréable d’autant plus que
le style est efficace et original.
« Tu sais la
confiance, c’est comme une corde. On doit la tenir à deux, sinon ce n’est pas
valable »
La formule m’avait plu mais peu après son énonciation, elle
est démentie par la vie.
D’autres ont la saveur de l’expérience :
« Les malheurs
marchent comme les chèvres, un derrière l’autre. »
« Les définitions
définissent celui qui définit, non pas celui qui est défini. »
« Ne te regarde pas trop
souvent dans un miroir […] si tu veux savoir qui tu es, regarde comment te
regardent les autres.
Cela a l'air intéressant. Je vais le demander pour la bibliothèque (c'est bien un livre, je crois..).
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