lundi 3 février 2020

1917. Sam Mendes.

Comme lorsque j’étais enfant et qu’on allait au monument aux morts, avant le vin chaud, je me suis rendu au cinéma, façon de secouer la poussière qui a recouvert quelques médailles ancestrales oubliées dans leur cadre. J‘avais surmonté la lassitude qui m’avait assailli à l’annonce d’un nouveau film sur la guerre de 14 -18 traitée à la télévision
en littérature
en bandes dessinées
en peinture
au cinéma
Et j’ai été happé dès le départ, haletant derrière deux jeunes anglais bravant tous les dangers pour apporter un message qui doit éviter le massacre de milliers d’hommes. La façon de filmer est efficace mais je me suis essoufflé à partir du moment où l’ennemi méchant et fourbe apparaît. Le danger était plus palpable quand il n’était pas montré. Lorsque de multiples balles sont tirées qui ne font qu’effleurer le héros dans un décor d’incendie trop photogénique, on se met à compter les invraisemblances depuis la communication instantanée entre une jeune française et l’anglais qui a conservé opportunément du lait pour le bébé jusqu’à la lettre portant les ordres du général qui a résisté à un séjour dans des eaux tumultueuses après un plongeon vertigineux depuis une cascade comme il y en a peu du côté de Bapaume.
Rarement un film m’a donné ce sentiment contrasté de tant d’adhésion du départ tournant à la déception. 
  

1 commentaire:

  1. Il faut se méfier grandement maintenant de sa... (mauvaise) foi dans le vraisemblable dans l'art (ou pire encore... dans la vie).
    Le vraisemblable va main dans la main avec le raisonnable, et la réalité devant laquelle nous ne cessons de nous prosterner n'a cure ni du vraisemblable, ni du raisonnable.
    Je crois que nous camouflons nos déceptions, nos lassitudes, notre fatigue de vivre ? dans des invocations au vraisemblable.
    La réalité refusera jusqu'à la fin de se plier à ce que nous voulons faire d'elle... pour le meilleur et pour le pire, d'ailleurs.
    C'est pourquoi quand la grâce fait irruption dans le quotidien, et qu'elle soit du bon côté de la vie, elle est toujours un miracle, à dédaigner sous aucun prétexte... et surtout pas le prétexte qu'elle ne serait pas vraisemblable.
    Ma famille a aimé ce film. Je ne l'ai pas vu.
    Merci pour la critique.

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