Emmanuel Meirieu, le metteur en scène, est le fils de Philippe, acteur majeur des débats pédagogiques des années 2000 et conseiller régional EE vert. Le travail du trentenaire mérite les félicitations, terme banni désormais dans les appréciations pédagogiquement correctes.
Les mots et l’esprit, la force de Sorj Chalandon, dont deux
romans ont nourri la pièce, sont rendus avec une économie de moyens qui va au
cœur des tempêtes secouant nos humaines destinées.
Pour raconter son parcours, Chalandon, l’ancien journaliste
de Libération, se met dans la peau d’un luthier parisien devenant ami avec un
héros de la cause irlandaise qui va s’avérer être un traître http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/06/mon-traitre-sorj-chalandon.html
.
Les protagonistes viennent à tour de rôle s’exprimer au
micro.
« ça fait quoi, Tyrone Meehan, de tenir une épaule devant un lac
noir, de serrer la main que l'on trompe, de vendre l'amitié, l'amour, l'espoir
et le respect? »
Si j’ai trouvé que l’acteur qui joue Tyrone Meehan, le
traître, s’exprime trop gravement tout au long de son monologue, la sobriété du
dispositif met en relief le talent des trois acteurs, les deux autres jouant le
fils et le petit français. L’incroyable violence du conflit qui s’est déroulé près
de nous, dans l’espace et dans le temps, prend une place si importante qu’elle
nous éloigne du questionnement que je m’apprêtais à entamer concernant plus
intimement, la trahison de mes idéaux de jeunesse.
Mes petits états d’âme pourront attendre, ils s’effacent
sous la merde contre les murs de la prison de Long Kech, les morts au bout de
grèves de la faim, et cette enfance assassinée par une terrible histoire :
« Une princesse
et son prince vivaient heureux dans leur château. À la naissance de leur
premier enfant, les pierres de la tour se mirent à tomber. Au deuxième enfant,
elles tombèrent plus encore. Et plus la famille s'agrandissait, plus la tour
s'écroulait. Le prince partit, et la princesse mourut, écrasée par un bloc de
pierre. Alors les enfants se transformèrent en corbeaux. »
Nous avons vu aussi ce spectacle. je ne savais pas qu'Emmanuel était le fils de Philippe... C'était une très bonne mise en scène. C'était vraiment noir, très noir... vendredi prochain, nous verrons "les revenants"... on ne fait pas dans le gai (!)
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