Au Grand Bornand, la 27° édition du festival de
théâtre pour enfants se tenait fin août.
Là bas quand une salle de spectacle s’appelle « Tout là haut
sur la montagne », il faut prendre pour de vrai un téléphérique au dessus des
vaches dont les cloches sonnent en prélude à l’ouverture de la porte des rêves.
Alors la pièce « Un
jour » invite les petits spectateurs à voyager depuis le fond des mers jusqu’au ciel,
pendant quarante minutes, format habituel. Le manipulateur d’objets poétiques de la compagnie All’improviso est d’origine italienne comme le
conteur de l’Accademia Perduta qui fait habilement
redécouvrir « Le petit
Poucet », celui qui est obligé de grandir pour surmonter ses peurs.
Les acteurs de la compagnie Telaio,
venant également de l’autre côté des Alpes -ce sont les invités de cette année- sont tout à
fait audibles puisqu’ils ne s’expriment que par des sifflements. Les enfants
ressortent du spectacle « Le
nid » avec un origami en forme
de petit bec après avoir assisté aux bouleversements qui accompagnent l’attente
d’une naissance.
La mise en scène du désordre demande beaucoup de rigueur et
le duo énergique de Bazarnaum Productions
jouant « Katastroph Orkestrar »
est tout à fait crédible quant à une origine supposée balkanique puisque leur
musique enjouée parvient au public, grâce à quelques incidents contrariants et
rigolos. Ils viennent de Saint Etienne.
L’énergumène de la Ni (Cie)
qui fait « Des Pieds et des mains », en s’emmêlant lui aussi les pinceaux, se fait très bien comprendre dans une langue inventée, ou en
fredonnant dans son cazoo.
Il captive par ses acrobaties et son énergie, mais peut impressionner un public en phase d’initiation. Je partage tout à fait le malaise de celui qui serait sommé de monter sur scène, comme ce fut trop souvent le cas, en d'autres lieux.
Il captive par ses acrobaties et son énergie, mais peut impressionner un public en phase d’initiation. Je partage tout à fait le malaise de celui qui serait sommé de monter sur scène, comme ce fut trop souvent le cas, en d'autres lieux.
René
Cousins, promet une augmentation de l’intelligence grâce à ses
potions .
« Tout doit disparaître », dit-il, sauf les interrogations qui demeurent après ses tonitruants tours de magie: comment il a fait ? C’est tout le charme de la comédie. « L’avantage d’être intelligent c’est qu’on peut faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible. »
« Tout doit disparaître », dit-il, sauf les interrogations qui demeurent après ses tonitruants tours de magie: comment il a fait ? C’est tout le charme de la comédie. « L’avantage d’être intelligent c’est qu’on peut faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible. »
Recommandé jusqu’à six ans, « O », du Caracol Théâtre, participe à l'évolution d’une
programmation s’adressant, ainsi que le faisait remarquer une mamie amie, de plus en plus à des tout petits. Il m’a semblé
un peu régressif pour mon gars de cinq ans avec des jeux autour de l’eau en
baquet, comme on n’en voit plus guère pour se baigner.
La poésie omniprésente en cette semaine est peut être plus
accessible à partir d’objets anciens, ainsi pupitres et bonnet
d’âne sont habilement utilisés par deux acteurs et leurs marionnettes exploitant magnifiquement un décor inventif pour jouer avec les mots.
« Du vent dans
la tête » du Théâtre à la coque
préparait idéalement à la rentrée avec son optimisme et sa finesse. « Les ours ne
doivent pas perdre leur culotte glacière. »
Leur façon d’aider les enfants à grandir, comme le respect
envers des textes des minots hospitalisés à La Timone à Marseille présentés par
la compagnie « Après la pluie » méritent
tous les éloges. Posés sur des musiques variées,
les mots d’« Au cœur de nos rêves », bien portés par trois
chanteuses étaient pour moi plus forts, plus justes, que le « gros son » revendiqué par la
vedette Aldebert qui a emballé les foules.
Je ne me doutais pas d’un tel engouement envers celui qui
s’est consacré désormais aux « Enfantillages », déjà aperçu il y a quelques paires
d’années http://blog-de-guy.blogspot.com/2010/11/aldebert.html
.
S’il a toujours des bonheurs d’écriture : « la nostalgie d’un pays qui n’existe
toujours pas » lorsqu’il évoque un lionceau, ses appels aux réflexes
grégaires pour redouter la rentrée et se moquer de « Jean petit qui
danse » me contrarient. Certes c’est furieusement contemporain de se faire
valoir en dénigrant les autres, mais en me montrant critique envers une "vache
sacrée" qui remplit les Zénith (700 dates), je suivrai ainsi le directeur du
festival lorsqu’il invite à ne pas être sage et à ne pas écouter les adultes.
Ce bémol posé, l’ambiance patiemment construite dans
le village est prodigieuse grâce à une nuée de bénévoles permettant qu’à chaque
pas les enfants soient sollicités par des jeux originaux, des parades
extravagantes, des ateliers palpitants: les princes de ce village sont
des enfants. Des adolescents sont acteurs avec la présentation très professionnelle des travaux de l'association Oval dont l'histoire du "Petit Prince" sert de fil conducteur à de virtuoses numéros de cirque: "Prince"
Il ne me parait pas souhaitable que les enfants deviennent des despotes, surtout quand des adultes semblent avoir tant de mal parfois à
sortir de l’adolescence… avant que je ne retourne moi même en enfance.
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