dimanche 9 septembre 2018

Au Bonheur des mômes 2018.

Au Grand Bornand, la 27° édition du festival de théâtre pour enfants se tenait fin août.
Là bas quand une salle de spectacle s’appelle « Tout là haut sur la montagne », il faut prendre pour de vrai un téléphérique au dessus des vaches dont les cloches sonnent en prélude à l’ouverture de la porte des rêves. 
Alors la pièce « Un jour » invite les petits spectateurs à voyager depuis le fond des mers jusqu’au ciel, pendant quarante minutes, format habituel. Le manipulateur d’objets poétiques de la compagnie All’improviso est d’origine italienne comme le conteur de l’Accademia Perduta qui fait habilement redécouvrir « Le petit Poucet »,  celui qui est obligé de grandir pour surmonter ses peurs.
Les acteurs de la compagnie Telaio, venant également de l’autre côté des Alpes -ce sont les invités de cette année- sont tout à fait audibles puisqu’ils ne s’expriment que par des sifflements. Les enfants ressortent du spectacle «  Le nid »  avec un origami en forme de petit bec après avoir assisté aux bouleversements qui accompagnent l’attente d’une naissance.
La mise en scène du désordre demande beaucoup de rigueur et le duo énergique de Bazarnaum Productions jouant « Katastroph Orkestrar » est tout à fait crédible quant à une origine supposée balkanique puisque leur musique enjouée parvient au public, grâce à quelques incidents contrariants et rigolos. Ils viennent de Saint Etienne.
L’énergumène de la Ni (Cie) qui fait « Des Pieds et des mains », en s’emmêlant lui aussi  les pinceaux, se fait très bien comprendre dans une langue inventée, ou en fredonnant dans son cazoo.
Il captive par ses acrobaties et son énergie, mais peut impressionner un public en phase d’initiation. Je partage tout à fait le malaise de celui qui serait sommé de monter sur scène, comme ce fut trop souvent le cas, en d'autres lieux.
René Cousins, promet une augmentation de l’intelligence grâce à ses potions .  
« Tout doit disparaître », dit-il, sauf les interrogations qui demeurent après ses tonitruants tours de magie: comment il a fait ? C’est tout le charme de la comédie. « L’avantage d’être intelligent c’est qu’on peut faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible. »
Recommandé jusqu’à six ans, « O », du Caracol Théâtre, participe à l'évolution d’une programmation  s’adressant, ainsi que le faisait remarquer une mamie amie, de plus en plus à des tout petits. Il m’a semblé un peu régressif pour mon gars de cinq ans avec des jeux autour de l’eau en baquet, comme on n’en voit plus guère pour se baigner.
La poésie omniprésente en cette semaine est peut être plus accessible à partir d’objets anciens, ainsi pupitres et bonnet d’âne sont habilement utilisés par deux acteurs et leurs marionnettes exploitant magnifiquement un décor inventif pour jouer avec les mots.
«  Du vent dans la tête » du Théâtre à la coque préparait idéalement à la rentrée avec son optimisme et sa finesse. «  Les ours ne doivent pas perdre leur culotte glacière. »
Leur façon d’aider les enfants à grandir, comme le respect envers des textes des minots hospitalisés à La Timone à Marseille présentés par la compagnie « Après la pluie » méritent tous les éloges. Posés sur des musiques variées, les mots  d’«  Au cœur de nos rêves », bien portés par trois chanteuses étaient pour moi plus forts, plus justes, que le « gros son » revendiqué par la vedette Aldebert qui a emballé les foules.
Je ne me doutais pas d’un tel engouement envers celui qui s’est consacré désormais aux « Enfantillages », déjà aperçu il y a quelques paires d’années  http://blog-de-guy.blogspot.com/2010/11/aldebert.html .
S’il a toujours des bonheurs d’écriture : «  la nostalgie d’un pays qui n’existe toujours pas » lorsqu’il évoque un lionceau, ses appels aux réflexes grégaires pour redouter la rentrée et se moquer de « Jean petit qui danse » me contrarient. Certes c’est furieusement contemporain de se faire valoir en dénigrant les autres, mais en me montrant critique envers une "vache sacrée" qui remplit les Zénith (700 dates), je suivrai ainsi le directeur du festival lorsqu’il invite à ne pas être sage et à ne pas écouter les adultes.
Ce bémol posé, l’ambiance patiemment construite dans le village est prodigieuse grâce à une nuée de bénévoles permettant qu’à chaque pas les enfants soient sollicités par des jeux originaux, des parades extravagantes, des ateliers palpitants: les princes de ce village sont des enfants. Des adolescents sont acteurs avec la présentation très professionnelle des travaux de l'association Oval dont l'histoire du "Petit Prince" sert de fil conducteur à de virtuoses numéros de cirque: "Prince"
Il ne me parait  pas souhaitable que les enfants deviennent  des despotes, surtout quand des adultes semblent avoir tant de mal parfois à sortir de l’adolescence… avant que je ne retourne moi même en enfance.

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