jeudi 13 septembre 2018

Rencontres photographiques d’Arles 2018.

En relisant mes impressions de l’an dernier je ne savais pas que j’aurai à faire part à nouveau d’une certaine déception.
Outre le fait de payer toujours plus cher pour un nombre d’expositions toujours moins nombreuses à être encore ouvertes à cette époque de l’été, il est bien difficile de repartir avec le souvenir d’une découverte exceptionnelle, le sentiment d’une créativité foisonnante ou d’avoir saisi l’idée forte de l’année.
Nos regards rassasiés n’ont pu aborder des thématiques concernant la réalité virtuelle ou le transhumanisme qui auraient peut être apporté leur lot de nouveauté.
S’il ne s’agit plus, bien entendu, de rechercher la beauté dans les expositions contemporaines, les émotions tiennent d’avantage aux sujets qu’à d’harmonieuses proportions, des couleurs jolies ou des cadrages inédits.
On retient les anciens : Depardon évidemment qui a trouvé aux Etats-Unis de quoi infléchir sa carrière. 
Robert Frank, Suisse installé aux EU a dû inspirer le natif de Villefranche-sur-Saône avec son livre préfacé par Kérouac : « Les Américains » où le hasard entre dans les cadres, quoique la présence de planches contact montre que le maître sait choisir.
De cette édition, la 49°, les photographies de Paul Fusco sont les plus émouvantes,  prises en 1968, depuis le train qui conduisait le corps de Robert Kennedy de New York jusqu’à Washington, saisissant l’hommage de toute une nation dans sa diversité et sa vérité. Travail repris plus tard à partir de photos d’amateurs qui assistaient à l’évènement et reconstitué encore récemment en vidéo.
La fondation Luma présentait également dans d’amples espaces  Gilbert and Georges et leurs provocations devenues banales sous leurs couleurs tranchantes : « fuck » en tapisseries, bites et étrons sous verre, nudités roses et anti-religiosité de mise.
Quand la critique par les artistes eux mêmes du milieu de l’art se monnaye au nom d’une proximité populaire, j’ai des doutes, et lorsqu’une lycéenne piège sa copine avec son portable devant des trous du cul, je m’interroge.
Le paysage artistique arlésien change : les ateliers sont rachetés  par Luma dont la brillante tour est encore en travaux, alors les « Rencontres » recherchent de nouveaux lieux.
L’un d’eux « La Croisière » aux allures de squat convient bien avec ses toiles d’araignées et ses murs décatis à une évocation assez conventionnelle de mai 68
ou à celle d’Esù le messager des dieux entre Afrique et Amérique.
 Adel Abdessemed et sa poésie immédiate y trouve aussi une place appropriée près des terrasses.
L’affiche du festival signée par William Wegman procure un peu d’humour, denrée rare par ici, pour aussitôt nous interroger sur cette mode actuelle qui souligne la proximité des animaux avec les humains, jusqu’à en devenir chèvre.
Lauréat de la Résidence BMW 2017, Baptiste Rabichon propose quelques balcons fleuris,
et Gregor Sailer des fausses villes, des villages Potemkine, des façades de maisons.

Heureusement au « Ground Control », à l’arrière de la gare, sur des parois d’aggloméré, des propositions parfois maladroites mais novatrices sont présentées.


Ainsi un casseur de pierres cassé  sur fond de cartes postales, des images inquiétantes d’un purgatoire crypté, une ferme qui va fermer,  la guerre en Ukraine, Auroville , des églises transportées dans Bucarest après Ceausescu, photos insoupçonnées d’un grand père iranien, échanges Facebook…
Il y avait quand même de quoi s’en mettre plein les yeux, pour le reste faudra-t-il aller un jour à Perpignan pour les reportages, et prendre du temps pour garnir ses propres albums ?

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