Grande première pour mon petit fils sur les traces de son aînée
âgée de six ans en sa quatrième participation au « festival le plus tendre
de l’été ».
« Le petit
cirque des doudous » a permis de s’acclimater en douceur aux rites des
spectacles avec des moyens modestes à l’image de ses sages ambitions
artistiques.
La présence de deux comédiens quelque peu musiciens rend
plus dynamique « Ma mamie m’a
dit », parodie pas vraiment nouvelle du Petit Chaperon Rouge aux yeux de
père grand, mais offrant un aperçu des fantaisies possibles quand on franchit
les portes d’un théâtre.
Au risque de la généralisation, la nature belge des acteurs
en roi et reine du « Jour de la
soupe » laissait prévoir la fantaisie et la simplicité de ce moment aux
senteurs appétissantes. Les enfants en sortent avec l’envie de reproduire quelques
recettes, réalisées d’une façon amusante.
" Intarsi"
signifie « agencement » en catalan. Ce spectacle a atteint pour
moi les sommets, pouvant intéresser les plus petits par les performances de ses
acrobates et séduire jusqu’aux plus blasés des papous. Je suis passé de la gène
en regardant distraitement un artiste en train de réaliser des prouesses dans
l’indifférence d’une foule s’installant, à l’angoisse alors que les circassiens
s’affrontent, pour finalement admirer chacun des quatre comparses avec sa
personnalité propre, en route vers la réussite de performances époustouflantes,
à plusieurs.
« Les petits
papiers de Léopoldine » sont poétiques comme les éclairages de « Haut et Bas ». La première
de ces représentations est explicite avec des livres géants qui ouvrent sur des
découpages faits main par une conteuse concernée, l’autre invite aux rêves avec
les doigts agiles d’une triplette féminine virevoltant dans un univers original.
« Elvire Cocotte
en pique-nique » ne mâche pas ses mots. Son beau tempérament devrait
moins se disperser et l’harangueuse varier
ses intonations pourtant appréciées des enfants.
Comme dans tout festival, tous les lieux sont occupés pour
les représentations, alors prendre le téléphérique pour accéder à la salle où
se joue « Le singe d’orchestre »
fait partie de nos rites de fin
août. Cependant dans ce site exceptionnel, l’exiguïté de la pièce
surchauffée qui accueille le public ressort avec plus d’évidence. D’autant plus
que le trio déjanté de Saint Jean de Bournay qui doit présenter une
« presque histoire de la musique » sait chauffer une salle. Et si
bien des références ne sont pas forcément accessibles à des enfants de six ans,
leur belle énergie emporte le morceau parmi de multiples séquences certes
disparates, mais goûteuses comme planches de « Rubrique à brac ».
Il est d’ailleurs bien vrai que le volume de crottin laissé
par les chevaux des calèches attendant devant l’Opéra étant proportionnel au
succès des représentations. Ceci explique l’origine de la marque de politesse
en usage avant une épreuve : « merde ! ».
Le village de carte postale du Grand Bo est voué pendant une
semaine aux « gônes » avec une mobilisation impressionnante des
bénévoles dont des adolescents en situation de responsabilité. Cette attention
aux jeunes n’a pas besoin d’être surlignée par les discours répétitifs empreints
de démagogie du directeur du festival qui portant nous régale chaque année par
la variété de ses propositions. Il se ridiculise, quand derrière son micro, il
dit qu’il faut se méfier de ceux qui parlent dans un micro.
Les enfants sont sollicités
à chaque pas par une parade, des manèges, des jeux musicaux ou d’adresse. Un
tas de sable géant attend les usagers qui
seront équipés de casques de chantier, à côté d’une place du marché à l’échelle
des tout petits servant à alimenter un restaurant avec des fraises en bois
garanties « bio » par ma marchande.
Sous la tente du « Rétro
studio photo » les malles sont pleines de beaux habits, d’ombrelles,
de chaussures à talons, de chapeaux, de perruques pour réaliser à la sortie
quelques images remarquables.
Pour la première fois nous avons assisté au Forum,
amphithéâtre en plein air, à une présentation de « 1940 » par l‘association Oval, numéro de cirque réalisé
par des adolescents à l’issue de leur « colo »
dirigée sûrement par d’excellents moniteurs car la restitution sur fond de thématique
historique était de qualité. La lecture de la lettre ultime de Guy Moquet est
toujours aussi étonnante et bouleversante.
Mais là nos « minettes » étaient déjà parties
jouer dans le proche ruisseau qui se donne lui aussi en spectacle avec ses airs de
torrent sur lequel construire des barrages et se tremper avec délice pour
tempérer les excès d’un été tirant vers sa fin.
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