Cette fois j’ai manqué Marie-Hélène Lafon et Emmanuelle
Pagano que je tenais à entendre sur le thème « de l'influence du
paysage » en littérature, et ma vexation de m’être trompé d’heure a été
avivée par une amie croisée dans la salle des parieurs de l’hippodrome de
Parilly, qui en sortait, enchantée par les deux romancières.
Alors nous nous sommes consolés ma comparse et moi avec deux
auteurs qui m’étaient totalement inconnus, bien qu’ « auteurs majeurs de
la littérature contemporaine internationale » : John Burnside et José Carlos
Somoza réunis pour leur tendance à mélanger les genres : polars,
fables, réalité et imaginaire, ombre et lumière.
L’écossais jovial est un poète qui ne manque pas d’humour.
Son roman « L’été des noyés »
se pare de mystères : dans une île près du cercle polaire, les légendes
rapportent qu’une femme à la beauté fascinante entraine les jeunes gens vers la
mort …
Dans « Le
Tétraméron », l’espagnol né à la Havane, livre un roman gothique où les fables
cruelles contées à une jeune fille au sortir de l’enfance s’emboitent comme
poupées gigognes.
Cocteau fut évoqué opportunément : « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité »,
puisque cette dualité est au cœur de la création littéraire.
Pour illustrer la part subjective qu’apporte celui qui a un
livre devant ses yeux, l’ancien psychiatre auteur de « La caverne des
idées » a évoqué un lecteur qui avait trouvé la description de la Havane ancienne
particulièrement fidèle, alors que l’écrivain n’y avait vécu que les premiers
mois de sa vie.
L’imagination nous fait grandir et quand « la folle du
logis », l’imagination, se déchaine dans des pages, une fois le livre
refermé, nous entrons dans d’autres formes de folie.
Ce sont, en ce moment, des marteaux bien réels qui
s’attaquent aux statues.
En attendant la rencontre avec la star rock Djian et la punk Despente, je consentais à assister à la prestation d’une actrice
qui écrit : Anne Wiazemsky.
Et nous fûmes emballés par la sincérité, la force, de
l’ancienne femme de Godard, digne de son grand père François Mauriac.
Ce n’est pas le côté : j’ai connu Deleuze, Bertolucci, Bresson… qui m’a séduit,
mais la vérité de l’écrivaine se démarquant de l’autofiction, tout en
s‘autorisant quelques reconstructions de la mémoire. L’écriture lui vient quand
les personnages (re)vivent. Par modestie, elle n’a pas mis en exergue Colette:
«Imagine-t-on à me lire
que je fais mon portrait ? Patience, c'est seulement mon modèle. »
Pourtant, je pressens que c’est tout à fait ainsi qu’elle a
écrit. Sa façon de nous parler de l’histoire de sa mère donne vraiment envie de
lire son livre : « Un enfant de
Berlin » antérieur à sa trilogie : « Jeune
Fille », « Une
année studieuse », « Un an après ».
A la sortie de la découverte de cette belle
personne, au regard passionné, quelle ne fut pas notre déception avec
l’auteure de « Baise-moi » et celui de « 37° 2 le matin »
dans l’entre-soi avec Sylvain Bourmeau qui ignorait même le titre de
l’entretien ( par la barbichette) qu’il était sensé
diriger : « les illusions perdues » !
Si Despentes garde encore quelque fraicheur, le parolier de
Stephan Escher fut pathétique et sa suffisance n’entraine pas à lui voter des
circonstances atténuantes. Leur connivence se dispensant de respecter le
public, nous ignorerons sans doute leur dernière production : « Vernon Subutex » disquaire
nostalgique de l’une et « Chéri-chéri »,
un écrivain le jour, travesti la nuit, venu de l’autre. Nous avons appris que
celui qui prétend écrire pour l’agriculteur de Corrèze sur son tracteur, et pas
seulement pour les habitants du VI°, vient de déménager, dans le VI°. Mon
Massey Ferguson est tout ému de la confidence.
La rock attitude d’un membre éminent de l’élite de la
littérature française tient dans un look, d’avantage que dans un serment
Clearasil qui consiste à « ne pas trahir ses rêves de jeunesse ».
« Waouh ! » n’a- t-il cessé de s'exclamer à propos de la
langue de sa jeune collègue.
« C’est un peu court, jeune homme ! » aurait dit Cyrano.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire