dimanche 29 mars 2015

Tartuffe ou l’imposteur. Molière. Benoit Lambert.

L’intention du metteur en scène était de porter un regard genre Buñuel, où Tartuffe aurait été un révélateur des mensonges des classes bourgeoises.
« Laurent, serrez ma Haire avec ma Discipline,
Et priez que toujours le Ciel vous illumine..»
Eh bien dans la période, j’ai ressenti d’avantage le poids de l’hypocrisie religieuse dénoncée initialement et réactivée par les laïcards troisième république dont l’un d’eux ne dormait chez moi que d’un œil.
« Hé quoi ? Vous ne ferez nulle distinction
Entre l'hypocrisie et la dévotion ?
Vous les voulez traiter d'un semblable langage,
Et rendre même honneur au masque qu'au visage,
Égaler l'artifice à la sincérité,
Confondre l'apparence avec la vérité,
Estimer le fantôme autant que la personne,
Et la fausse monnaie à l'égal de la bonne ? »
Aujourd’hui nous savons que ces dévots ne sont plus seulement ridicules, ils gagnent, lapident et brûlent.
Nous ne rions plus.
Le spectacle classique est élégant, les alexandrins respectés par des acteurs convaincants, sans perruque d’époque  tout en se dispensant des santiags et des jeans.
Tartuffe, est à l’origine une truffe italienne (tartufoli), truffatore signifiant escroc ; comédiante, tragédiante, dont nous aimions rire quand nous faisions les esprits forts. Les directeurs de conscience étaient si loin de nous.
« Non, vous serez, ma foi ! tartuffiée. »
La conclusion opportuniste de Molière fait intervenir un envoyé qui contrarie la victoire de l’imposteur :
« Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude »
Cet épilogue artificiel est bien rendu par une mise en scène par ailleurs enlevée, respectueuse et adaptée à nos mentalités vingt et unièmes : les cloisons qui battent disent bien les bouleversements générés par cette emprise de la religiosité, sans nuire au déroulement d’un monument de deux heures sans temps morts.
« Ah ! Pour être dévot, je n’en suis pas moins homme ! »
Plaisir des interprétations différentes à partir d’un même texte :
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/03/tartuffe-moliere-lacascade.html  et combien une œuvre de 341 ans d’âge peut encore nous parler !
Le rôle des servantes chez Molière est connu, cette Dorine emporte le morceau :  
« Juste retour, Monsieur, des choses d’ici-bas ;
Vous ne vouliez point croire, et l’on ne vous croit pas. »

1 commentaire:

  1. Oui, je crois que le regard de Molière sur... la France, sur la problématique française autour des dupes et les non dupes n'a jamais été égalé.
    Et c'est bien LE PROBLEME qui hante les consciences.
    Triste, tout de même.
    Ça finit... dans la grimace.

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