vendredi 17 mai 2019

Paradoxes.

J’en étais à recenser des paradoxes, effets pervers et autres contradictions, une de mes occupations favorites, quand j’ai entendu la fin d’une chronique de Thomas Legrand sur France Inter, un des rares qui n’ait pas vocation à faire ricaner.
Il évoquait le « paradoxe de Tocqueville », alors je suis allé voir sur Internet :
Le philosophe s’étonnait déjà au XIX° siècle « que dans une société où les mariages d'inclination commencent à exister face aux mariages arrangés, le nombre de divorces soit plus grand chez les premiers. »
Je n’aurais pas le temps d’aller au-delà de citations du précurseur de la sociologie bien que son écriture soit séduisante et ses pensées stimulantes :
« L’homme des siècles démocratiques n’obéit qu’avec une extrême répugnance à son voisin qui est son égal ; il refuse de reconnaître à celui-ci des lumières supérieures aux siennes ; il se défie de sa justice et voit avec jalousie son pouvoir ; il le craint et le méprise… »
J’en étais à jouer avec le mot «  Nounous »  celles qui nous bercent de la petite enfance à la grande vieillesse alors que nous n’avons jamais laissé nos vieux si seuls et nos petits démunis face aux écrans.
« Doudous » aurait pu faire l’affaire aussi, non pour désigner ces emplois de service à la personne se multipliant mais pour caractériser de molles relations infantiles qui perdurent dans un univers de plus en plus dur.
Et j’éviterai les « Toutous » présents sur les panneaux électoraux parmi 34 listes : on ne pourra pas dire qu’il n’y a pas le choix !
Je revenais sur les adeptes des sports à risque passés de l’audace à l’inconscience alors que casques, moletons, sécurisation se multiplient.
Les élèves n’ont jamais eu accès à tant de moyens de connaissance attractifs et ils n’ont jamais été si peu intéressés.
Dans les cuisines, les plans de travail se sont agrandis et le moindre œuf à la coque se fait tirer le portrait, mais il y a de moins en moins de repas pris en commun et si peu d’épluchures.
Le tri des déchets se sophistique et des montagnes de déjections s’élèvent, des océans de plastique s’étendent ; désinvolture et indifférence s’accroissent alors que les décroissants crient.
Tant la bienveillance est proclamée que la violence et l’indifférence montent: la malveillance est le prix de nos aveuglements.
Le ras le bol fiscal coïncidant avec une demande toujours plus forte de services à l’état a constitué dans le mouvement des « Gilets Jaunes » le plus gros déni de logique, mais cela n’a même pas été tellement commenté, bien que ce soit devenu insistant.
Le temps officiel de travail a été réduit alors que l’espace privé s’est amenuisé envahi par les urgences entrepreneuriales.
On ne dit plus guère « universalisme » et dans la mondialisation se sont exacerbées les identités tribales ou religieuses.  Mais il n’est pas sûr que l’Europe ait fait disparaître les nations : l’Irlande reverdit avec le Brexit  et je viens de lire que les Pays Bas gagneraient en influence avec le départ de la GB de l’UE. La sécession de la Catalogne au détriment de l’Espagne n’a pas abouti grâce à l’Europe.
Je risque de me répéter en voyant les adultes ayant déserté la place se prosterner devant les jeunes à qui ils  n’ont laissé que dettes et bien peu de perspectives.
On disait : «  Désir d’avenir », les écolos qui voyaient la vie en rose broient du noir.
La doctrine « En même temps » me séduit toujours, mais je n’ai pu m’empêcher d’être accablé face à la confusion des informations, quand la nouvelle de la baisse du chômage a été annoncée sur un ton ironique par la radio d’état alors que le film concernant les ouvriers de La Souterraine qui menaçaient de faire sauter leur usine bénéficiait d’une promotion sympathique avant même sa projection à Cannes. Le cinéma du réel prenait le pas sur le réel : désarmant pour un aspirant cinéphile.
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Le retour du dessin du "Canard"

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