mardi 22 novembre 2022

L’arche de Rantanplan. Achdé & Jul.

« Le chien le plus bête de l’Ouest », tient le premier rôle dans une histoire traitant d’un sujet dans l’air du temps : «  le bien être animal » après celui du racisme.
Au pays de cow-boys, les veaux étaient marqués au fer rouge, le bison devait courir vite et les trappeurs vendaient la peau de l’ours et celle du castor.
Il faut toute l’habileté et le sens de la justice affirmé du maître de Jolly Jumper pour sauver de la pendaison un homme qui avait libéré un cheval battu. 
Celui-ci représente Henry Bergh créateur de la première Société Protectrice des Animaux (1866) financé par un milliardaire français repenti d’avoir fait fortune dans le commerce des fourrures. 
Cette cent vingt-quatrième histoire de la série est plaisante avec renvoi dos à dos des accrocs irréductibles du steak et des végétariens intégristes. 
Tous les protagonistes habituels sont là avec quelques desperados nouveaux Sam Tofu ou Carott Kid et inévitablement un «  cobaye solitaire ». 
Les roulés dans le goudron seront décorés de feuilles et non plus de plumes par égard pour ces pauvres poulets.

lundi 21 novembre 2022

Nostalgia. Mario Martone.

Le parcours d’un homme de retour à Naples est le prétexte d’un portrait coloré d’une ville fascinante. 
Les bâtiments qui se dégradent sont photogéniques, les vespas en folie donnent du rythme.
Le linge aux fenêtres peut apparaître comme un cliché dans des ruelles où la violence constitue, elle, une réalité puissante malgré la présence d’une église en barrage bien fragile face à la Camorra.
Pierfrancesco Favino joue Felice le personnage central revenu après un exil de 40 ans https://blog-de-guy.blogspot.com/2019/11/le-traitre-marco-bellochio.html 
au moment où sa maman décède. 
La ville n’a pas changé dit-il, et lui va-t-il abolir le temps en essayant de réparer des forfaits de jeunesse ? 
« La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne se connaît pas.» Pasolini.

dimanche 20 novembre 2022

Schnock n°44.

« Salut ! Tu-Vas-Bien ? » 
«Les Inconnus » ne le seront plus guère après 84 pages que lui consacre la revue des 27 à 87 ans.
« Bernard c’est plus le rock indé. Didier a une formation de guitariste classique et des goûts assez étranges (rires), comme les chansons de vampires, il est très à l’aise dans beaucoup de styles. Pascal, c’est la culture du jazz, de musiques brésiliennes et de soul… »
Leurs parodies étaient très musicales et l’évocation de leurs sketchs constitue une agréable révision d’années souriantes.
Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus nous ont bien fait marrer : « Les trois frères »  ont été vus par 7 millions de spectateurs en 1995 : « cent patates ! »
Il reste de la place pour d’autres articles toujours bien troussés.
Si Jean Louis Livi, neveu d’Yves Montand, a pu passer incognito dans nos vies, son rôle de producteur lui a fourni un carnet d’adresses de stars, nous avons forcément croisé Philippe Labro qui a touché au journalisme à la télé, à la radio, dans la presse écrite, la chanson, la littérature, le cinéma.
J’avais retenu de Pompidou davantage son passage chez Rothschild que son Anthologie de la poésie française. Interrogé sur l’affaire Russier, il pouvait citer Eluard : 
« Comprenne qui voudra, moi mon remords ce fut la victime raisonnable, au regard d’enfant perdue, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés. » 
On peut trouver dans le passé des confirmations et des découvertes.
« La saison cinématographique » de 66 à 93 recensait chaque année tous les films : «  La petite sainte y touche » et Jean Rouch.
Doisneau avait saisi des images d’un duel en 1949 entre un nostalgique de Napoléon et un journaliste : arrêt au premier sang.
Dans les rubriques habituelles puisqu’il s’agit pour les livres, les musiques ou les films de dégoter des trésors : Jean Amila auteur de la série noire m’avait échappé, Extraballe était resté au secret et caché « Le dossier 51 » de Deville.
Par contre le top 15 de la lingerie féminine sera accompagné pour longtemps encore de la musique de Dim et du regret de ne plus voir Aubade aux arrêts de bus.       

samedi 19 novembre 2022

Pi Ying Xi. Philippe Forest.

Le sous-titre « Théâtre d’ombres » souligne l’importance de la Chine et de l’illusion dans les recherches littéraires et intimes d’un écrivain qui m’est cher. 
« La nuit dit mieux la vérité de la vie. Elle la transforme en une sorte de théâtre d’ombres sur la scène duquel où que l’on soit, les spectres familiers auxquels le jour avait provisoirement donné congé reprennent du service et offrent à qui les observe la représentation inchangée des songes que chacun emporte avec soi. » 
L’auteur avait mis en scène la Seine débordante confinant chacun chez soi dans « Crue ».
Tourné vers l’Orient dans « Sarinagara » qui signifie en japonais « cependant » mais également «  tout » et « rien », 
 il revient toujours à la mort de sa fille : «Tous les enfants sauf un ». 
«  Des ombres prennent la place des vivants dont elles évoquent les formes afin que reviennent à l’existence les fantômes de ceux qui sont partis. Si j’ai bien compris.» 
Vacciné des fantastiques de pacotille, j’étais plutôt méfiant et puis je me suis laissé envelopper par ses douces prudences, ses approches pleines d’humilité, d’honnêteté qui nous feraient presque avancer en sagesse : savoir qu’on ne sait pas. 
« La solution et l’énigme ne se distinguent pas. » 
Bien des phrases simples extraites de ces 330 pages sembleraient provenir de quelque manuel de « développement personnel » alors qu’il n’y a ni surplomb, ni recette, simplement une littérature profonde et élémentaire, légère et exigeante, qui fait du bien. 
« A mesure, chacun invente le passé qui convient à son présent. On fait croire, en général, que le passé entraine le présent. Mais c’est l’inverse qui est vrai. » 
Et même si des références à des auteurs chinois peuvent sembler lointaines, nous sommes rassurés que tant d’érudition laissent toute la place aux mystères, au lecteur. 
« Les idéogrammes sont trop anciens ou bien la manière dont ils ont été tracés les rend méconnaissables. Cela n’a pas beaucoup d’importance. Une page est un paysage. L’inverse aussi. » 
Il est question de vie et de mort, 
«  au pied de ces autels obscurs où, sous sa forme la plus nue, s’éprouve une insupportable inquiétude, une angoisse sans nom et parfois l’épouvante que, dans les cauchemars, fait naître ce qui, inexorable, vient vers nous dans la nuit et que l’on ne comprend pas. » 
Il est question d’éternité et de modestie, alors dans le reflet d’un miroir, quelques phrases peuvent nous concerner : 
« On peut rester fidèle à ce qui n’a été qu’à peine, l’ombre que l’on a laissée sur un écran de pierre ou de papier et qui, pour la simple distraction de quelques-uns qui n’y accordent vraiment d’importance, s’agite avant que la lampe s’éteigne, que les artistes rangent leur matériel, remisent leurs marionnettes, que la musique se taise et que la salle se vide, ne laissant aux rares spectateurs qui déjà s’en sont retournés à leurs vies que le souvenir d’une histoire qui, pourtant, ils le savent même s’ils ne s’en soucient pas, pour chacun, était aussi plus ou moins la sienne. »

vendredi 18 novembre 2022

Encollés.

L’écriture appelle pause et pose : s’arrêter un peu, prendre soin des mots, se rappeler et faire le compte des oublis, tenter d’agripper une idée
dans la ribambelle des phrases comme un chat lance sa patte aux poussières qui lui apparaissent dans un rayon de soleil.
Les fake news déféquées à longueur de journée sur nos écrans corrompent notre fil d’actualité.
Les cravatés ou non, d’ici ou là, ont pu s’offusquer du hoquet d’un député : « qu’il retourne en Afrique ! » avec lequel ils avaient voté juste avant. Ces extrêmes  portent en leur sein blackblocks et skins qui les servent par leur radicalité abuzante.
Alors que les discussions sont atones dans le domaine culturel, le pass culture étant passé par exemple à l’as dans les commentaires, il se trouve que débordant des rubriques de fin de magazines, des avant-gardes rebelles ont mêlé récemment politique et artistique.
Pour parler de la soupe sur des tableaux puisque c’est fait pour en parler, certains modes d’action des causes les plus nobles en adoptant les codes publicitaires de la société desservent leur combat.
En salopant des œuvres emblématiques de notre civilisation sans aller jusqu’à détruire comme les talibans l’ont fait avec les Bouddhas de Bâmiyân, ils ont fait preuve du même fanatisme né de la conviction d’avoir raison. Ces "éco-terroristes" ont commis un sacrilège contre lequel les scrupuleux vigiles en matière de religion ne se sont guère exprimés. En opposant la vie, la survie, l’urgence climatique à l’art, nature contre culture, les collées aux couleurs de cheveux bien peu naturelles font peine. Elles entrent en contradiction avec tant de cultureux qui mettent du vert à toutes leurs interventions théâtrales ou plastiques. Ceux-ci ont souvent abandonné la mise en scène de la complexité en remplaçant les dialogues par des prêches. Et les héritiers de Duchamp ont eux depuis longtemps remisé la recherche du beau pour des carrières de pédagogues sans élèves, avec cependant essentiellement le public captif des lycées et collèges amené devant leurs vidéos.
Quand ils ne souillent pas de leurs aérosols les murs de nos villes, ils s’adossent très fréquemment au passé, témoignant d’un désarroi présent. A lire leurs intentions dans les biennales, l’accumulation de formulations stéréotypées expriment une vacuité qui inquiète tout autant que le réchauffement climatique. Pour reprendre des formules éculées : « quelle planète laissons-nous à nos enfants ? » il y a de quoi s’inquiéter en ne  sachant plus reconnaitre les enfants que nous avons déjà laissés à la planète. Ils sont aussi cucul que nous à leur âge, contre la guerre, la pauvreté, le patriarcat, le colonialisme… en aurait-on oublié ? Ah oui : l’humilité, la douceur, l’harmonie, l’enchantement.
Ces encollages sont venus au moins rappeler que les tournesols du tragique Van Gogh contribuent à rendre notre planète plus habitable et plus enviable que ce monde où de telles dégradations masochistes sont valorisées. Leur seul mérite, devenu rare, est d’être accomplies à visage découvert alors que les masqués des réseaux sociaux et les cagoulés autour des bassines sont dans l’anonymat,caractéristique de l’irresponsabilité et de la lâcheté. L’intransigeance de ceux-ci, leur violence, va-t-elle dans le même sens que ceux qui s’interrogent sur le type de production agricole souhaitable ? Ils appellent plutôt la dérision envers des rêves où chacun irait désherber son champ de blé au bout de son jardin. L’indépendance alimentaire serait réglée en même temps que la faim dans le monde et le chômage.  
Je pensais que les excessifs, les marginaux, les créateurs, les prophètes, les fous mettaient en mouvement les idées plus rapidement que les sages, les raisonnables, les concertants. Mais comme souvent au pays des effets pervers, pas toujours dans le sens souhaité : Poutine a plus fait pour l’Europe que l’association Jacques Delors, et remis plus en question les énergies fossiles à moyen terme (parce que les tanks ne tournent pas à l’électrique) que le quinquagénaire rapport du club de Rome.  
« Trop de colle ne colle plus, trop de sucre n’adoucit plus. » Proverbe chinois.

jeudi 17 novembre 2022

Damien Hirst. Damien Capellazzi.

« L’anatomie d’un ange »
d’après « l’Hirondelle » d’Alfred Boucher peut être représentative d’un parcours artistique convoquant le passé et inventant aujourd’hui, entre hommages et injures. La conférence intitulée « Les vanités provocantes », devant les amis du musée de Grenoble, permet d’aller voir ce qu’il en est de l’œuvre polémique et irrévérencieuse de l’Anglais.
« With Dead Head »
. Né à Bristol en 1965, Damien Steven David Brennan porte le nom de son beau-père qui quitta sa mère alors qu’il avait douze ans.
« Hymn »
(2001) Bronze peint. A Leeds, devenu adolescent, il se fait attraper en train de chaparder des livres d’anatomie.
Remarqué pour ses dessins, il peut intégrer « le Goldsmiths College » où la tradition du Bauhaus se perpétue. Les artistes sont encouragés à vendre leurs œuvres pour ne pas dépendre des institutions. Damien Hirst se présente comme l’impresario des YBA, Young British Artists, et organise leurs premières expositions.

« Freeze » 1988.
Il fait le tour des cabinets médicaux de Londres et leur propose des vitrines où sont présentés des mégots, des papillons.  
« Il a commencé avec l’acte final » Lucian Freud
Il travaille dans une morgue et installe des œuvres en rapport avec la mort.

« Mille ans », aux cadres structurant l’espace, joue avec les codes de l’art. La tête sanglante d’une vache est entourée de mouches vouées au grill. L’organique rencontre la géométrie, « la belle horreur » va faire scandale. 
« L'odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux » Bacon.

Celui-ci avait mis en cage le pape Innocent X « Tête VI » (1949)

comme Giacometti « La cage ».
On peut se rappeler aussi Eichmann responsable de la « Solution finale » à son procès en 1961, derrière ses vitres.

Remarqué par le publiciste Charles Saatchi, il bénéficie de moyens importants pour faire venir un requin et employer des collaborateurs assurant par exemple l’hygiène et la sécurité des cuves remplies de formol, ralentisseur de décomposition.
« L'Impossibilité physique de la mort dans l'esprit d'un vivant»

« Mother and Child Divided » Les mouches sur les toiles anciennes évoquent la mort. Les papillons, dont l’origine du mot est commune à psyché, l’âme humaine, sont du côté de la vie, fragiles.
« In and out of love »
Les points colorés de ses « Spot paintings » évoquent le monde médical
et l’armoire de « Lullaby spring » est remplie de 6136 pilules peintes à la main.
Des
« Spin paintings » reprennent de façon monumentale des dispositifs pour enfants.
« Where Are We Going? Where Do We Come From? Is There a Reason? »
rappelle les  cabinets de curiosités, « chambre des merveilles », qui montraient parfois des monstruosités et furent à l’origine des musées scientifiques et des Beaux arts.
Les titres sont choisis :« God Alone Knows » reprend le Golgotha,
« Le sacré cœur de Jésus »
peut se voir à la fois répulsif et envoutant.

Les références à Dieu sont omniprésentes mais « For the love of God » doit surtout aux interrogations de sa mère : 
« For the love of God, what are you going to do next ! » (Bonté divine, qu’est-ce que tu vas bien encore pouvoir nous faire la prochaine fois !) 
 8600 diamants pour un crâne XVIII° en boule à facette et implants lui ont coûté 20 millions $, revendus 100 millions.

A Doha au Qatar, un centre médical a installé ses statues géantes représentant 14 étapes de la gestation de l’être humain, «  Le miraculeux voyage ».

« Demon with Bowl ».Toujours en recherche, il a proposé à Venise à la fondation Pinault, (La Punta della Dogana et le Pallazzo Grassi)

des « Trésors de l'épave de l'Incroyable » où des reproductions d’antiques voisinent avec

un « Mickey » sauvé des eaux.

A la Fondation Cartier, l’emblématique représentant d’une génération reprend les pinceaux pour  de poétiques « Cherry Blossoms »   
« Les cerisiers en fleurs sont tape-à-l’œil, désordonnés et fragiles, et grâce à eux je me suis éloigné du minimalisme pour revenir avec enthousiasme à la spontanéité du geste pictural ».

mercredi 16 novembre 2022

Nantes # 3

Nous revenons sur nos pas, près de la statue de Ramette et nous choisissons le restaurant le Régent pour notre pause méridienne. La bruine se met à tomber, et nous contraint à l’achat de parapluies au Monoprix tout proche, en vue des visites extérieures de cet après-midi.
En remontant vers l’Office du tourisme, nous découvrons le  passage Bouchaud  où s’épanouit la « jungle intérieure ». Elle se cache dans une cour intérieure qu’elle recouvre entièrement avec des plantes luxuriantes de toutes sortes, grandes ou petites, humides ou grasses mais toutes cultivées en pot sous la surveillance quotidienne de leur jardinier attentif. Un vrai jardin des plantes dans une arrière-cour autrement sinistre ! (surtout sous la pluie)
Nous rejoignons le point de rendez-vous et le groupe d’une quinzaine de personnes intéressés par la visite guidée retenue à l’ODT.
Nous commençons par le château des Ducs de Bretagne. Il fut édifié sous plusieurs règnes et à des époques différentes.
La 1ère étape date de François II de Bretagne au XV°. Sa fille Anne qui y vit le jour, l’apprécie l’entretient et l’améliore.
Bien que deux fois reine de France, car deux fois mariée, d’abord avec Charles VIII puis avec Louis XII, elle tient à marquer la puissance des Ducs de Bretagne à travers ce château.
De son union avec Louis XII nait Claude de France, mariée à François 1er. Le château ducal devient château royal et s’agrandit d’une aile Renaissance.
Une nouvelle partie s’ajoute encore sous Louis XIV avec un perron. Le château va servir de caserne, d’arsenal militaire et de prison.
Les Allemands l’occupent pendant la seconde guerre mondiale et l’affublent d’un Bunker dans la cour.
S’il subit maintes transformations, notamment au niveau des fortifications et de la construction du bâtiment du Harnachement pour stocker du matériel d’artillerie, il connait aussi des dommages importants : 1er incendie en 1670,  puis en 1800 un autre incendie provoque une explosion qui désagrège la tour espagnole bourrée de poudre et de munitions. L’impact se ressent jusqu’aux verrières de la cathédrale Saint Pierre soufflées par la déflagration.
Depuis 1862, il est classé monument historique et en 1915, l’Etat le vend à la ville. En 1924, il est aménagé en Musée municipal.
N’étant pas compris dans le circuit d’aujourd’hui, nous reviendrons demain pour le parcourir.
Notre guide nous entraine sur le chemin du Voyage à Nantes, un dispositif visant à aider et informer le visiteur dans l’espace public. Il est matérialisé par un tracé au sol de couleur verte, réactualisé et valable chaque année. Lorsqu’un œil vert interrompt la ligne, il signale une enseigne rigolote imaginée par des artistes et nous invite à lever le nez :
par exemple,un « maneki-neko », chat porte bonheur japonais secoue sa patte au-dessus de l’épicerie asiatique« Indochine »,
un canard jaune annonce un love corner,
ou encore un dentier géant avec des rigolettes (gourmandises nantaises) en guise de dents  illustre une confiserie.
Quant au  photographe il opte pour une paire de lunettes dont chaque  verre cerclée d’un diaphragme ouvert sert de perchoir à un oiseau noir et blanc et à un oiseau de couleurs.
Nous délaissons la Cathédrale mal en point et toujours en réfection
depuis l’incendie de 2020, perpétré par un
bénévole du diocèse chargé d'ouvrir et de fermer les portes du monument classé.
Nous déambulons dans le quartier médiéval du Bouffay où résistent quelques maisons  à pans de bois rue de la juiverie.
Dans les parages, l’ancienne maison des Echevins garde quelques vestiges de sa vie d’avant, elle conserve des traces d’une cheminée  incongrue ainsi exposée et mise en couleur par Flora Moscovici.
L’église Sainte croix coincée au bout de la rue de la juiverie nous surprend par son beffroi couronné d’anges trompettistes issus d’un autre monument.
Bien sûr notre guide s’arrête un instant devant la statue iconique de Ramette avant de traverser la voie du tram pour gagner l’île Feydeau.
Grâce à elle, nous accédons au 11 rue Kervégan à la cour ovale du XVIII°  aujourd’hui privée, faite de granit et de tuffeau.
Incontournable, nous repassons dans la galerie Pommeray avant de terminer par la place Graslin.
Dominée par le théâtre de style grec avec péristyle (1788), la place répond à une forme circulaire imparfaite dans l’alignement de ses bâtiments, tous de pierres claires comme le dallage. Des lampadaires modernes s’inspirent  de ceux qui pourraient éclairer l’intérieur d’un théâtre, ils s’adaptent bien au lieu.
Face au théâtre, La Cigale attire les clients depuis 1895 dans un décor Art nouveau qui lui a valu l’inscription aux monuments historiques. Ce restaurant abordable accueille les clients au milieu de mosaïques, peintures, sur bois ou céramique, genre Mucha, aux dominantes bleues. Une ambiance chaleureuse émane de cet intérieur grâce aux boiseries et aux lumières douces filtrées par des fenêtres à petits carreaux.
Séduit par le lieu, Jacques Demy avait choisi d’y immortaliser Anouk Aimée dans le film Lola  en 1961 (des scènes se déroulent aussi dans le passage Pommeray). Cela nous donne envie de le visionner… 
Ici s’achève notre parcours commenté, nous prenons congé de notre guide et de nos compagnons de visite.
Seuls maintenant, nous remontons le cours Cambrone afin de voir dans le jardin la statue du grand homme 
mais aussi «l’éloge de la transgression» de  Philippe Ramette: écrasée sous l’œil et la taille du  général conquérant très solennel, comme pour le narguer, une petite effrontée en bronze  descend de son socle, s’échappe.
Sur le chemin du retour, nous nous détournons vers la Place royale conçue en 1786 par l'architecte Nantais Mathurin Crucy déjà choisi pour la construction du théâtre. Célèbre pour sa fontaine monumentale symbolisant la vocation fluviale et maritime de Nantes, "la place n'a jamais habité de statue de monarque comme les autres places royales en France, mais elle a une valeur symbolique dans la ville et est un point prisé de rassemblements artistiques, festifs, ou politiques. Le site très endommagé lors de la seconde guerre mondiale, est restauré presque à l'identique entre 1945 et 1961. "
A proximité nous regardons l’église Saint Nicolas dont nous remarquons essentiellement les vitraux modernes et sombres mais nous n’investiguons pas plus, nous commençons à saturer.
Aussi prévoyons-nous quelques courses dans un monoprix pour le repas de ce soir avant de monter dans le bus n°4  à la station Foch-Cathédrale (Foc comme dit le GPS). Ouf ! Quel plaisir de se poser !