«Vouloir la
paix, c’est accepter de causer avec quelqu’un qui ne pense pas comme
vous ! Sinon ça s’appelle déjeuner avec un pote. »
J’étais soulagé quand je suis arrivé au bout des 570 pages
de ce pavé de papier vibrantes de dessins et de mots à la main saturant les
planches. Le poids de la dernière production du prolifique dessinateur atteste
de sa sincérité, de sa fiévreuse envie de convaincre et de vaincre son
pessimisme.
Dans ce récit historique, travail de mémoire familial, il rencontre des amis, de belles amies, à Paris et à Tel-Aviv, un combattant de Tsahal
et des journalistes d’Haaretz( « Le pays »), Flavius Joseph, Le roi David, Georges Moustaki, Yasser Arafat, Romain Gary, Joseph Kessel, Franz Kafka, sa grand- mère , son chat,
Menahem Begin, Jacques Vergès …
« Israël :
7, 2 millions de juifs sur une surface de 22 000 km2
au milieu de la
ligue arabe : 22 pays, 481 millions d’habitants. »
Cette somme de renseignements parfois pour initiés, éclaire les ignorants comme moi.
« Des juifs
qui habitaient loin de la Palestine ont acheté à des arabes qui habitaient loin
de la Palestine des terres pour que les juifs de Palestine aient le droit d’y
vivre. »
L’anti sémitisme documenté abondamment est une face de la noirceur de
l’âme humaine, de ses pulsions collectives qui ont perpétré des pogroms d’une
violence aggravée par des procédés ignobles, innommables.
« Cinq cent
mille morts en Syrie, dont beaucoup de Palestiniens.
As-tu entendu une plainte
à ce sujet ?
Quatre cent mille morts au Yémen, trois cent mille au Soudan,
un million de morts en Afghanistan,
quatre fois plus au Congo…
Et deux millions
de Ouigours martyrisés !
La plupart de ces victimes sont musulmanes.
Personne n’en parle.
Parce que ça ne
procure pas la même joie que de parler des juifs…
Et Netanyahou n’aurait pas tué
trente mille Palestiniens,
la haine ne serait pas moins grande. »
Dans cette somme tragique, désespérante, les décors, les visages,
permettent d’aller jusqu’au au bout.
« Vous le faites
exprès, je vous demande d’arrêter d’être désolé.
Se prendre un mur, on n’y peut
rien. Mais évitons les lamentations ».