Brecht reste toujours d’actualité bien après que chut le mur
qui divisait sa ville car l'extrême populisme s'impose plus que jamais. Pourtant
ce n’est pas faute de secouer les sonnettes, les trompettes, les cloches, en
papier, en images, en paroles.
« Après la chute de
ce Reich, Grand-peur et
misère du III° Reich ne sera plus un acte
d’accusation. Mais il sera peut-être encore un avertissement ».
Les 2 h 20 de représentation découpées en treize séquences,
jouées par une troupe conséquente, offrent un honnête moment de théâtre.
L’auteur clairvoyant décrit dès les années 30 la
puissance de la dictature nazie s’imposant dans l’intimité d’individus de
toutes conditions, et comment même après la guerre et ses
horreurs certains ont pu dire: « on ne savait pas ! »
« En juillet
1932 lors des élections législatives allemandes, le parti nazi d’Adolf Hitler
devient le premier parti du pays avec 37, 3 % des voix »
Dix ans avant la guerre, des camps de travail existent déjà, la société militarisée, les juifs persécutés, les intellectuels
méprisés, la violence est partout. L’aggravation de l’oppression bien mise en évidence, ne s'est pas faite en un jour.
Des parents craignent que leur fils les dénonce,
un boucher se pend avec un écriteau
sur la poitrine: « j’ai voté Hitler » après avoir refusé d’installer
de faux jambons dans sa vitrine. La délation et le
soupçon permanent abiment les hommes, quand le droit n’est plus le droit et que l’obéissance
aveugle est la seule issue avec la fuite.
100 ans après, les démons resurgissent en Thuringe et en Saxe…
partout.
Sur le vaste plateau de la MC2, se révèlent analogies et écarts entre
les périodes dans une mise en scène sobre.
Il n’est plus question de distanciation marque de fabrique
du fondateur du Berliner Ensemble.