J’ose ce jeu de mot approximatif afin de revenir à l’expression
de Péguy : « Les hussards noirs de la république» qui désignait
les instituteurs. L’expression recouverte de poussière vise à souligner le
contraste avec les déclarations en fin de vacances d’un syndicat demandant à ce
que « le retour des élèves soit
décalé de quelques jours pour que les professeurs
puissent se préparer ». C’est faire bien peu de cas de l’intelligence
collective des personnels, alors que ceux-ci dans leur ensemble ont fait au
mieux pendant la crise Covid. Avec de telles déclarations conjuguées à celles
d’une FCPE dans les mêmes tonalités, l’image du service public en est ternie
comme avec la grève envisagée à la SNCF alors que tous azimuts pleuvent les
milliards; les applaudissements envers ceux qui avaient occupé des postes en « première
ligne » lors du pic de la pandémie s’éloignent.
La rentrée, qui fut, pour l’instit que je fus, le moment de
toutes les promesses serait devenue le rendez-vous de toutes les peurs et des
calculs politiciens, alors que des petites filles en 2020 envisagent encore de
mettre leurs plus beaux atours pour retrouver copines et fournitures neuves,
étalonnant à ce moment là leur avancée vers un monde qu’elles ont envie de mieux
comprendre.
http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/09/rentree.html Les enfants ont vraisemblablement prouvé au moment de leur
présence en classe en fin d’année scolaire précédente, que la meilleure façon
d’éloigner les angoisses était d’affronter le réel, devenant des adeptes des
gestes barrière.
Reste - une paille - à aller à contre courant de ceux qui
font de l’appréhension une profession et des inquiétudes, une habitude :
inégalités grandissantes, clusters à venir, cours de récréation sévèrement
genrées, et point médian inclusif, je m’en voudrais par ailleurs d’être trop
clair…
La démagogie baigne tellement notre monde que j’éprouve le
besoin de préciser que la valorisation de l’état d’enfance n’implique pas
forcément quelque renoncement à l’éducation.
Quand même les mots font peur, « ensauvagement »,
le déni de réalité s’aggrave.
Il faut user de vigilance et de persévérance, montrer patte
blanche, pour que la mauvaise foi adulte ne vienne trop peser sur ceux qui
doivent grandir dans un contexte où il faut s’adapter sans cesse.
Quelques exemples auraient pu faire sourire à une époque, mais
je suis inquiet de celui qui écrit sur Facebook que le périmètre où le port du
masque est obligatoire à Grenoble serait dessiné en fonction de… la place du
consulat d’Algérie, sans être contredit, alors que d’autres en sont à déclarer
sans vergogne que la liberté consiste à ne pas porter de masque…
Tout le monde se réclame du « bon sens », soulignant
ainsi sa disparition dans les espaces de débats, entre ceux qui demandent plus
de consignes et ceux qui regrettent leur précision. Des escouades d’avocats sont là pour démasquer les présumés
coupables, débitant par là, à la circulaire, toute responsabilité. Bien que les bonnets d’âne n’aient plus cours depuis des
générations, les distributeurs sont à l’affut pour les décerner à tous ceux qui
regretteraient le magistère des professeurs.
L’autorité des « dottore » et des « professore »
s’est évanouie depuis que le moindre « pékin » se prend pour
l’empereur de Chine avec de surcroit le plus puissant des maîtres du monde
s’exprimant comme le plus filou des garnements.
Pour être pétochard depuis le pensionnat, je n’en apprécie
pas moins les mots pour combattre la couardise que je crois déceler chez tant
de politiques et que dément Roosevelt, en
1933 :