dimanche 2 octobre 2016

Baron Samedi. Lavilliers.


La voix éraillée de notre Nanar a toujours du charme et si la silhouette puissante a mis du gris à ses tempes, l’anneau à l’oreille est toujours là pour ses admirateurs fidèles
Nous aimons ses traits appuyés, dans le chaloupé :
« Vivre encore
Vivre comme un cri
Cri du sang
De l'amour aussi
Vivre ailleurs
Survivre ici »
Le CD datant de 2013 est titré « Baron Samedi » du nom « du maître du cimetière » dans la vision vaudoue du monde, pour une écriture engagée en Haïti, à qui il consacre une chanson après le séisme :
« Grand squelette de phosphore
La terre tremble sur le port
Downtown
Port-au-Prince dans la poussière
Fracassés les ministères
Downtown »
Pour le rythme, il insiste jusqu’à épuiser le sens des mots
« Y a pas qu’à New York Y a pas qu’à New York »
« Rest’là Maloya Rest’là Maloya »
 Mais il ravive de belles questions :
« Que peut l'art contre la misère noire
La musique contre la solitude
Les artistes contre les habitudes
Que peut l'art
Que peut l'art »
Il est un passeur comme le fut Ferré en redonnant du peps’ à Nazim Hikmet :
« Comme le scorpion mon frère
tu es comme le scorpion
dans une nuit d'épouvante
comme le moineau mon frère
tu es comme le moineau
dans tes menues inquiétudes »
et une seconde jeunesse à  Blaise Cendrars qui disait tellement bien la jeunesse et le monde dans « Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France ».
« En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance
J’étais à Moscou, où je voulais me nourrir de flammes
Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux »
27 minutes de bonheur auprès du manchot qui inspira tant le stéphanois mais le fait pâlir un peu quand celui-ci va répétant : « Je connais les îles de San Salvador ».
« Nous ne pouvons pas aller au Japon
Viens au Mexique!
Sur ses hauts plateaux les tulipiers fleurissent
Les lianes tentaculaires sont la chevelure du soleil
On dirait la palette et les pinceaux d’un peintre
Des couleurs étourdissantes comme des gongs »


samedi 1 octobre 2016

Tout a une fin, Drieu. Gérard Guégan.

Le livre de 130 pages publié à la NRF que dirigea d’ailleurs Drieu la Rochelle pendant l’occupation, présenté comme fable, est fidèle à la réalité puisque le romancier comme Maïakovski, Crevel et Nerval, se suicida en 1945 après une tentative en 44.
Pourquoi une telle curiosité envers l’auteur du «  Feu follet », adapté par Louis Malle et dernièrement encore au cinéma dans « Oslo, 31 août » ?
Le collabo, publié il y a 4 ans dans la Pléiade, appelle lui même la littérature avec récemment « Les Derniers jours de Drieu la Rochelle » par Aude Terray.
Cette fois l’énergique Guégan qui a déjà écrit sur Aragon et Stendhal met en scène le procès du fasciste dans un théâtre désaffecté.
Je viens de trouver une citation de l’ancien Mao qui écrivait dans « Beau soleil »
« La mort nous apprend à vivre et tout film, tout roman, toute oeuvre d'art participe de la mort. »
Cette tragédie déprimée serait inspirée du « procès de Barrés » joué par le groupe Dada.
« Un enlèvement suivi d’un jugement pour l’exemple. En partisans des fins édifiantes, ils avaient estimé que le vers de Lautréamont, «Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle » que ce vers qu’ils avaient si souvent cité à propos de tout et de n’importe quoi allait enfin, appliqué à Drieu, trouver sa justification. »
Il s’agit plutôt d’une forme de débat ultime dans la fumée des cigarettes, alternant avec des moments d’introspection désabusée entre connaisseurs de littérature. Marat, Héloïse, Rodrigue, Maréchal, se partagent les rôles d’avocat et de procureur. Les pseudos devraient beaucoup à Vailland incarné par le dénommé Marat. Mais Drieu, l’auteur de « L’homme couvert de femmes », ami de Malraux est lui-même, son accusateur le plus impitoyable.
« C’est bien là la faiblesse des fascistes. Il leur faut constamment dialoguer avec d’imaginaires forces invisibles. (…) Tout autres sont les communistes de chez Staline qui dédaignent l’abstraction, qui honnissent le mysticisme. Avec eux, un innocent doit se déclarer coupable dans le seul but d’innocenter le tribunal qui va le rayer de l’histoire ».

vendredi 30 septembre 2016

Le fils de Jean. Philippe Lioret.

D’après « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi »  de Jean Paul Dubois, le réalisateur de « Welcome » nous embarque au Canada à la recherche des frères d’un vendeur de croquettes pour chiens par ailleurs écrivain, à l’occasion du décès d’un père qu’il n’a jamais connu.
Le film aurait pu tomber dans un mélo des plus pâteux, pourtant le rythme avec des bouffées de violence sans tapage, quoique frappantes, et la pudeur des sentiments rendent cette quête finalement soyeuse.
Il serait regrettable de révéler les surprises ménagées tout au long d’un scénario astucieux où j’ai bien aimé Gabriel Arcand (« Le Démantèlement ») mais je ne partage pas l’emballement général pour l’acteur Pierre Deladonchamps (« L’inconnu du lac ») que j’ai trouvé bien passif, mais c’était peut être voulu : toutes ces nouvelles qui déboulent semblent le concerner à peine.

jeudi 29 septembre 2016

Paysages au musée de Grenoble. Etienne Brunet.

Qui avait remarqué dans le tableau d’Ernest Hareux : «  Le chemin du petit séminaire, environs de Grenoble »  que les deux silhouettes noires, à la tombée de la nuit, pouvaient évoquer Courbet et « La rencontre » plus connue sous le titre «  Bonjour Monsieur Courbet » ?
Etienne Brunet nous a fait redécouvrir la peinture de paysages au musée de Grenoble qui appartient tellement à notre paysage que nous ne savons plus voir, bien que nous aimons de préférence ce que nous reconnaissons. Le prof de Champo parlant à d’autres profs est aussi disert et documenté à propos des classiques qu’avec les contemporains qu’il nous a dévoilés depuis quelques années.
Cette toile est un hommage à Courbet dont  un «  Paysage de neige » figure ici, alors qu’il s’agit d’un tableau volé par les nazis, mais le propriétaire n’a pas été retrouvé.
C'est aussi un témoignage d’amitié à Laurent Guétal, dont on peut apprécier « Effet de neige au Rondeau », le prêtre qui a accueilli Hareux dans ce séminaire devenu depuis le lycée Vaucanson. 
Nous avions commencé par une brève station dans la salle des tableaux les plus anciens pour vérifier que le paysage en Europe contrairement au Japon ou en Chine fut longtemps, un genre mineur, un décor des plus simples entre deux colonnes.
Comme on peut l'entrevoir dans « Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée » deVéronèse.
Il faut les peintres du Nord, d’un pays construit à la main, pour inventer le genre.
Le « Paysage avec Saint Jérôme » datant de la Renaissance, de Cornelis Metsys est bavard, ouvert, sans être bloqué sur les bords. A chaque plan se devine un épisode de la vie du cardinal au lion.
Peint sur une plaque en cuivre, « Jésus servi par des Anges » de Francesco Albani, semble un produit d’orfèvrerie.
Annibal Carrache a fait entrer le paysage recomposé dans l’ère du classicisme, cherchant une harmonie perdue depuis que Dieu a réprimé Adam qui désigne à son tour Eve, comme le peint d’une façon expressive, Le Dominiquin citant à son tour «  La création » de Michel-Ange.
Salomon Van Ruysdael utilise les veines du bois, en une variété de touches qui donnent à son « Paysage » un charme insoupçonné jusque là, par des effets de rythme triangulaires, d’éclairages contrastés et jeux d’écriture. Un tonneau apporte du pittoresque.
Le « Paysage pastoral » recomposé en atelier de Claude Lorrain dont le pendant est conservé à Buckingham - les ruines plaisaient aux anglais - est inspiré de la villa d’Este, lieu de bien des illusions en matière de jardins, et de la villa d’Hadrien, à Tivoli près de Rome.
Panini, non pas celui des images avec Platini, a, lui, reconstitué la Rome antique en jouant avec le réel  au moyen des statues aux allures de tableaux animés  comme chez Harry Potter.
Francesco Foschi dans son narratif « Paysage montagneux sous la neige, avec diligence » présente d’une façon presque exhaustive, les dangers de la montagne.
Et  dans cette thématique voyageuse nous ne pouvons ignorer la topographique "Pointe de la Dogana avec l’église de la Salute"  du vénitien Canaletto.
Le « Lac en Ecosse. Après l’orage », tellement romantique, de Gustave Doré qui n’était pas que graveur, a inspiré bien des artistes locaux.
Jean Achard né à Voreppe gardait les moutons, il sera reconnu par les peintres de paysage. Le « Paysage (vue prise de Saint Egrève)» dont les pierres guère érodées comme il se doit dans les plaines, proviennent sans doute des carrières du Fontanil est plus sûrement envisagé depuis Proveysieux qui était alors un petit Barbizon. Cette école pré impressionniste au sud de Paris cherchait à peindre de «purs paysages, libérés de l’histoire »
avec Corot, « Paysage, soleil couchant »  qui « étonne lentement, et enchante peu à peu. » Baudelaire. Des géographes ont eu beau  révéler quelques contradictions dans la toile immense d'Achard qui figurait à la mairie de Saint Egrève  en faisant douter du moment de la journée, du temps qu’il va faire : la brume du sud annonçant le beau temps alors que le cumulus venant de l’Ouest est plutôt menaçant, voire de la saison, les lumières sont bien belles et les visiteurs apprécient  
comme mes élèves qui immanquablement après Matisse préféraient parmi tant de chefs-d’œuvre « Le lac de l'Eychauda » de Laurent Guétal peint d’après une photographie.
Léonard de Vinci, est  toujours dans le coup  avec son « art, cosa mentale »,  alors les apôtres du Land art à intentions écologiques pourront s’inscrire dans l’histoire de l’art, de la même façon qu’ils écrivent ingénument dans la nature.

mercredi 28 septembre 2016

Equateur J3. Mita del mondo. Latitude 0

Notre guide nous attend dans le hall ayant troqué le costard contre un gilet épais du pays. Aujourd’hui nous allons utiliser le minibus pour la première étape : la Mitad del Mondo, peu éloigné de Quito en direction du Nord.
La visite se résume au musée ethnographique Inti Nan (« le chemin du soleil ») qui vaut le détour.
Un guide francophone accrédité nous dirige  d’un lieu à l’autre au milieu de plantes autochtones.
Les explications portent d’abord sur la faune de l’Amazonie, avec des animaux empaillés, dans du formol, ou peints sur les murs, d'autres mythiques sont posés sur les murs pour toujours.
Une tête humaine réduite est exposée sous verre. Puis on pénètre sous une immense case construite par les indiens Huaorani (ou Waorani) il y a sept ans pour le musée. Ce type de case  peut abriter 3 ou 4 familles se contentant du même hamac pour 4 ou 5 personnes. Une sarbacane d’une longueur impressionnante ainsi qu’une lance plus légère est suspendue, ce qui permet d’en évaluer le poids (10kg).
Une photographie et un mannequin de cire permettent d'imaginer les usagers de cette case. Les hommes sont nus avec une ficelle autour des reins destinée à maintenir le pénis vers le haut afin d’éviter que n’y pénètre un certain petit poisson.
Le candiru bardé d’épines qui se glisse dans les branchies des autres poissons.
Attiré par l’urée il peut aussi atteindre hommes ou femmes qui urineraient dans l’eau.
L'image est copiée sur le site: http://www.wideopenspaces.com/7-deadliest-scariest-fish-world/ 
Il y a du monde autour de la ligne signalant l’Equateur chacun voulant sa photo : un pied sur chaque hémisphère.
Avant les Incas les indiens avaient trouvé une façon de mesurer le temps et repérer les saisons grâce à une tige plantée dans un pierre : au solstice aucune ombre n’apparaît.
Plus loin une expérience met en évidence le principe de Coriolis : sur la ligne de l’Equateur, lorsqu’on enlève le bouchon d’une bassine remplie d’eau, l’eau tombe droite dans l’ouverture sans mouvement. Lorsqu’on reproduit l’expérience au nord ou au Sud de la ligne, alors l’eau s’écoule en tournant dans un sens inverse. Mais il y a trucage avoué.
Comme on peut le lire sur le site http://www.jesuiscultive.com/spip.php?article463 : « Contrairement à une croyance populaire, la force de Coriolis due à la rotation du globe terrestre est trop faible pour avoir de l’influence sur le sens de rotation de l’eau d’un lavabo qui se vide. Cette force permet d’interpréter beaucoup de phénomènes à la surface de la Terre, comme le mouvement des courants océaniques ou des masses d’air, mais elle est très faible et ne s’applique que sur de grandes masses d’eau ou d’air. Le sens de rotation de l’eau du lavabo dépend essentiellement de la forme de l’évier, de la forme de l’orifice d’écoulement, et du sens initial d’écoulement de l’eau. »
La ligne exacte dont le passage se fêtait dignement chez les marins que Charles Marie de La Condamine était venue repérer en 1736 ne coïncide plus, à 300 m près, avec l’actuelle.
Il y avait aussi une autre expérience à tenter les pieds de chaque côté de la ligne : en étant bien équilibré faire tenir un œuf sur un clou, la force d’attraction des pôles s’annulant ce devrait être plus facile. Le guide nous le montre et défie les visiteurs  d’y arriver.  Beaucoup s’y essayent en vain, l’un d’entre nous, y parvient, on lui délivrera un diplôme à la sortie.
Une reconstitution historique d’une tombe de chef devrait couper toute ambition d’appartenir à sa famille : enterré à plusieurs mètres sous terre, il était disposé comme dans le ventre de sa mère dans une sorte d’outre. Différents objets l’accompagnaient comme des coquillages sans doute obtenus comme monnaie d’échange. Et pour que ce pauvre homme ne s’ennuie pas : toute sa famille, femmes et enfants après avoir été drogués, était enterrée avec lui.
Il nous reste une dernière case à visiter, celle où une dame, qui a vécu 110 ans, fabriquait de la chicha boisson andine à partir de plantes(« maïs, manioc,ou arachide auxquels on ajoute des fruits ») .
Le feu dégageait de la fumée et ses goudrons utiles pour étanchéifier le toit en feuillage tout en éloignant des poutres les insectes nuisibles. Avant de sortir du musée notre guide tamponne nos passeports à côté du visa d’entrée du pays : « latitude 0 ». Nous partons ravis et surpris de ce musée qu’on craignait vieillot.

Il faut repasser par Quito pour aller en direction d’Otavalo. Nous profitons d’un petit embouteillage, pour photographier quelques murs  couverts de tags, puis évitons de trop pénétrer dans Quito et prenons une route bien chaussée et large : la Transaméricaine. 
Les paysages changent. D’énormes pans de montagne nous intriguent : du béton ? Des carrières ? En Equateur on bétonne la montagne en bord de route pour éviter les éboulements. Ce décor inédit est dû aux glissements de terrain, des grillages vissés dans la roche sont recouverts d’un crépi de béton. Edgar réclame un arrêt à Cayambé devant un magasin où il nous achète une spécialité de la région : des biscuits ni salés ni sucrés, enfin si un petit peu  salés. Juste avant il nous avait régalé avec des pommes cannelles (anones).


mardi 27 septembre 2016

Le contrepied de Foé. Galandon /Vidal


Le sujet  des jeunes africains attirés encore par le miroir aux alouettes du foot européen, a déjà été traité au cinéma 
ou  dans un livre « Le ballon d’or » du temps de Salif Keita, la « perle noire » de Saint Etienne. Nous étions loin alors des comparaisons possibles avec un quelconque esclavage moderne. Aujourd’hui 1200 cas d’ « enfants foot » ont été relevés rien qu’en France.
Cette BD que j’ai trouvé un peu laborieuse n’a pas la verve d’autres publications telles que Aya de Yopougong http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/12/aya-de-yopougong-abouet-oubrerie.html concernant la vie quotidienne en Afrique.
Et si pour décrire la perte d’identité de ces jeunes gens les auteurs tentent un contrepied, la trame est assez attendue: endettement des familles, agent véreux, passeport confisqué, retour impossible, la petite amie restée au pays … bien que les caricatures soient évitées.
Le vrai Foé est mort sur le terrain d’une crise cardiaque.
La préface de Daniel Picouly  consacrée à Garrincha est délicieuse et dit bien la distance des rêves à une réalité si difficile parfois qu’il est vital de croire à ses rêves.

lundi 26 septembre 2016

Le Postillon. Octobre 2016.

Les réseaux sociaux ont frétillé : « des révélations de conversations entre élus de Grenoble sont mises sur la place publique » par le journal satirique du bassin grenoblois
Voir les donneurs de leçons renvoyés à leurs promesses : cette livraison du bimestriel donne envie d'aller voir de plus près pour 3 €. Avec le sentiment mitigé  de commettre une indiscrétion et l’excitation de la découverte de ce qui aimerait se cacher. Le journal qui n’est pas sans défauts renforce son rôle de source d’information inévitable dans le débat politique local.
Pourtant en vieux lecteur du Canard Enchaîné, je n’ai rien trouvé de très différent de ce qui constitue la page 2 de l’hebdomadaire satirique paraissant le mercredi.
Qu’Elisa martin s’estime elle-même « conne », c’est la moindre des choses, bien que la concurrence soit rude, en avouant qu’elle a « validé le plan de sauvegarde sans faire gaffe ». En plus de son irresponsabilité, elle discrédite tout un groupe et enfonce les politiques- décidément – tous - les- mêmes - dans le même panier. Le gentil camarade qui a fait fuiter tant de mails où la mauvaise foi le dispute à l’amateurisme, prouve également que la loyauté chez les « insoumis » n’est pas une vertu cardinale. Pourtant tout est sous contrôle, les bibliothécaires ne doivent pas parler, surtout si elles travaillent à celle de  l’Alliance qui doit fermer, les élus ont aussi des consignes pour parler d’une même voix, mais visiblement les contradictions affectent aussi l’avant-garde en rouge et vert et pas seulement les sociaux traîtres. 
Le secrétariat départemental du Parti de gauche est mis sous tutelle alors que toutes ces mesures (de « sauvegarde ») qui font quelque bruit étaient prises pour éviter la mise sous tutelle très hypothétique de la ville elle-même. Et il n’y a pas qu’à Grenoble où ça coince : à Fontaine aussi.
Les rédacteurs eux mêmes  n’en sont pas à une simplification, à une caricature, à une réduction  près, ce qui amoindrit la portée de leurs remontrances : qui n’est pas opposé à la liaison ferroviaire Lyon/Turin est aux ordres des patrons ! Je me trouve donc en bonne compagnie avec l’ADTC (association pour le développement des transports en commun) qui est en désaccord par ailleurs avec les grèves à répétition à la SNCF et aggrave son cas.
Cependant il y a toujours des informations éclairantes :
- le démantèlement récent d’Agir informatique mis en place par Carignon a encore coûté cher,
- les nouvelles méthodes de recrutement où même dans le social, la machine prend la place de l’homme,
- les 77 salariés d’Ecopla pour lequel Macron a reconnu une erreur dans la gestion du dossier,
- l’ami Ferrari en publicitaire pour SFR,
- les lieux de baignade sans maître nageur ni chlore qui se raréfient…
Mais c’est dans le décryptage des sabirs managériaux que je les apprécie le plus : celui d’un dirigeant de Grenoble école de management ou dans les conseils qu’ils donnent à Piolle pour se présenter aux primaires d’EELV, voire pour aider à faire avancer le dossier de Belledonne en Parc naturel régional, le brevetage de son brouillard :
« Brouillard laiteux, augmenté, opalin, intelligent, apaisé, convivial et solidaire, décomplexé, à énergie positive ».
Le reportage sur Comboire, zone commerciale aux 180 enseignes, est vivant et documenté.
On apprend qu’André Gortz un des papes de l’écologie à la fin des années 50 faisait l’apologie des centres de distribution, comme Leclerc qui s’implanta pour la première fois hors de Bretagne, à Grenoble, Cours Jean Jaurès. Rousseau s’est promené sur les bords du Drac où disait-il, il avait failli s’empoisonner avec des baies d’argousier, mettant ça sur le compte de son guide, le trouvant bien bête de n’avoir osé l’avertir. Aujourd’hui le jus d’argousier se trouve à 9,90 € dans les rayons de Satoriz, magasin bio de Comboire.