Cinéduc a invité en lever de rideau de sa prochaine biennale consacrée aux utopies le paysan « philosophe » auteur de "l'insurrection des consciences". Il était vraiment à sa place.
Et les 400 places du CRDP n’ont pas suffi pour asseoir tous ceux qui attendaient les paroles du pape de la sobriété heureuse.
J’ai préféré aller écouter ce précurseur de la décroissance plutôt que suivre le spectacle télé de la primaire, car le pionnier du bio touche à la fois au cœur des enjeux pour la planète et des pratiques individuelles, le global et le local. Les péripéties politiciennes tombent alors en poussière.
Mais pourquoi dire : « il est sur un autre terrain » quand il s’agit de se changer soi même pour prétendre changer le monde.
Comment ne pas être d’accord avec le conférencier ?
Tant les portes qu’il franchit sont déjà largement ouvertes.
Comment pousser encore à une croissance infinie dans un monde limité, perçu non comme une offrande mais comme un gisement où s’installent champ de batailles, casinos et hypermarchés ?
L’homme a des aptitudes qui ne le sauvent pas de l’imbécillité et il ne sait pas toujours « qu’il ne sait pas ».
De surcroit : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »
L’argent qui permet l’échange, est devenu la valeur absolue, il participe à une économie du pillage.
Les excès des richesses extérieures s’installent au détriment de la recherche intérieure pourtant l’insatiabilité permanente ne peut engendrer de satisfaction.
Et la consommation ne remplit pas le vide des vies.
Dans la conscience de faire partie d’une même famille à l’échelle du monde, il convient donc de cultiver son jardin.
Oui.
Humus, humidité, humanité.
La fable du colibri qui apporte une goutte d’eau pour lutter contre l’incendie de la forêt est belle et juste, surtout quand le petit oiseau répond au tatou qui se moque de lui :
« je fais ma part ».
Et si l’Ardéchois, depuis son oasis, exhorte les religieux à être au premier rang pour défendre la beauté du monde, il sait bien que les hommes verront plus une promesse de bûches dans l’arbre qui se découpe magnifiquement sur fond de soleil couchant qu’une chance inestimable de goûter à ce moment sublime.
Le souci constant de rapprocher les actes des paroles m’est familier, mais j’ai les canines qui s’agacent quand des louches de miel viennent accroitre le taux de sucre d’une vision du monde quelque peu simpliste.
La vie c’est mieux que la mort.
Les disparités sont abyssales.
Nous passons du bahut à la boîte en roulant dans nos caisses :
le rappel de cette chanson mignonne des années 60 « sont des boites, petites boites » est bien agréable mais j’ai beau trop abuser des jeux avec les mots, je me lasse parfois des vieilles marmites, quand la terre est appelée mère trop souvent.
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Dans Libération d’hier :
« Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne peut pas naître » Gramsci
« L’urgence n’est pas de changer le pansement mais de penser le changement » Eva Joly