Tout ce qui peut contrarier l’énervé qui fait honte à notre identité républicaine, a du bon. Mais où en sommes nous rendus, si l’archaïque et somnolent sénat reste notre dernier rempart pour gérer un pays plus démocratiquement ?
Quelques propositions de réforme des collectivités locales les plus distrayantes sont données en pâture aux médias qui alimenteront ainsi les boites à blagues. Les plaques minéralogiques occuperont les alentours des machines à café et rien ne changera.
Nous avons voté le non cumul des mandats au P.S. en contrariant nos cumulards.
Pendant ce temps ceux qui cumulent un poste ministériel et la responsabilité d’un exécutif local ne lâchent rien.
Il conviendrait en outre de dénoncer l’empilement des rôles qui échappent à tout contrôle.
Mais que peut dire le journaliste qui fait des ménages au politique qui accumule les sièges, les présidences ?
Les instances se sont multipliées avec leurs réseaux, et là se fortifient les féodalités ; le pouvoir des technocrates s’exerce à plein. La présidentialisation n’est pas l’apanage de l’Elysée avec sa loi du secret implacable pour les éloignés des cabinets qui eux gouvernent pour de vrai.
L’affaire scandaleuse de Jean Sarkozy à l’EPAD n’était pas qu’un problème de fils à papa mais aussi celui de l’EPAD et de telles structures!
Nous sommes loin des fièvres participatives qui nous reprirent le temps d’une campagne et s’il faut bien connaître ces cuisines issues des mécanismes représentatifs, reste-t-il des espaces où la sollicitation de la parole du citoyen ne soit pas un leurre ?
samedi 14 novembre 2009
vendredi 13 novembre 2009
L’immeuble d’en face. 2
J’ai repensé à des gravures du XIX° siècle où l’époque pouvait se résumer à l’écorché d’un immeuble; la vie se montrait à chaque étage avec sa famille bourgeoise et son artiste sous les combles. L’album de BD de Vanyda révèle avec virtuosité notre époque, façon manga avec une mise en page variée et une narration habile : la mère célibataire, le jeune couple et celui qui a un gros chien... La façade est tombée, mais les solitudes s’installent derrière les ordinateurs, ou les bavardages, mais des moments de tendresse arrivent comme ça sans en avoir l’air.
- Et toi Claire tu as commandé quoi au papa Noël ?
- Hum, tu sais, j’ai pas encore eu trop le temps d’y réfléchir en fait!
- Moi, je voulais trop de choses. Maman m’a dit qu’il fallait partager avec tous les autres enfants.
- Et alors finalement y avait quoi dans ta lettre ?
- Alors j’ai commandé une baguette magique, un chien en peluche, et aussi du maquillage avec des paillettes…
- Et toi Claire tu as commandé quoi au papa Noël ?
- Hum, tu sais, j’ai pas encore eu trop le temps d’y réfléchir en fait!
- Moi, je voulais trop de choses. Maman m’a dit qu’il fallait partager avec tous les autres enfants.
- Et alors finalement y avait quoi dans ta lettre ?
- Alors j’ai commandé une baguette magique, un chien en peluche, et aussi du maquillage avec des paillettes…
jeudi 12 novembre 2009
L’âge d’or de la Hanse.
Du XII° au XVII° siècle, l’association des marchands de la Baltique assoit la puissance de villes comme Lubeck, Wismar, Stralsund. Relativement épargnées par les bombardements de 1942 et préservées de modernisations intempestives par l’assoupissement économique de ces cités après la guerre de 30 ans, les vieilles villes gardent leur caractère moyenâgeux.
Daniel Soulé, le conférencier aux amis du musée, aurait pu prévoir une carte pour appuyer son propos érudit sur cette période faste, de même qu’il a évoqué le portrait d’un marchand par Holbein qui aurait pu rendre plus chaleureuse l’évocation de ces années. Il nous promène dans les rues qui descendent vers la Trave, le fleuve de Lubeck, la ville aux sept tours. Les pignons variés témoignent des différentes époques de construction en gardant une cohérence harmonieuse. Les marchandises s’entreposaient sous les toits près des quais, et dans des caves pour les maisons sur les hauteurs de la ville. Il subsiste des rez-de-chaussée aux volumes considérables et entre deux opulentes maisons patriciennes, des habitations modestes qui accueillaient alors les veuves et les filles ne pouvant aller au couvent, s’ordonnent de part et d’autre de couloirs à ciel ouvert.
Le sel, l’ambre, les fourrures, les œuvres d’art, le vin de Bordeaux, étaient commercialisés dans cette partie septentrionale de l’Europe jusqu’à l’intérieur des terres et vers des comptoirs à Bruges, à Londres, Novgorod qui ouvrira la route vers l’Orient. La brique est reine jusqu’aux arcs-boutants pourtant inutiles pour de gigantesques cathédrales, mais aussi dans l’architecture des hôtels de ville, un hospice splendide : du gothique allemand. Des retables, des polyptyques, des sculptures magnifiques ont échappé aux rigueurs du luthérianisme triomphant.
Daniel Soulé, le conférencier aux amis du musée, aurait pu prévoir une carte pour appuyer son propos érudit sur cette période faste, de même qu’il a évoqué le portrait d’un marchand par Holbein qui aurait pu rendre plus chaleureuse l’évocation de ces années. Il nous promène dans les rues qui descendent vers la Trave, le fleuve de Lubeck, la ville aux sept tours. Les pignons variés témoignent des différentes époques de construction en gardant une cohérence harmonieuse. Les marchandises s’entreposaient sous les toits près des quais, et dans des caves pour les maisons sur les hauteurs de la ville. Il subsiste des rez-de-chaussée aux volumes considérables et entre deux opulentes maisons patriciennes, des habitations modestes qui accueillaient alors les veuves et les filles ne pouvant aller au couvent, s’ordonnent de part et d’autre de couloirs à ciel ouvert.
Le sel, l’ambre, les fourrures, les œuvres d’art, le vin de Bordeaux, étaient commercialisés dans cette partie septentrionale de l’Europe jusqu’à l’intérieur des terres et vers des comptoirs à Bruges, à Londres, Novgorod qui ouvrira la route vers l’Orient. La brique est reine jusqu’aux arcs-boutants pourtant inutiles pour de gigantesques cathédrales, mais aussi dans l’architecture des hôtels de ville, un hospice splendide : du gothique allemand. Des retables, des polyptyques, des sculptures magnifiques ont échappé aux rigueurs du luthérianisme triomphant.
mercredi 11 novembre 2009
J8 : La baie d’Along
Réveil à 6h 30, nous avons 200 km à parcourir. Il pleuvine et le ciel ne laisse pas présager d’amélioration : le typhon numéro 5 est annoncé, il s’abattra sur Hanoï.
Nous traversons la région la plus pauvre du Viet Nam, avec ses rizières, la seule activité de la région. Pendant la guerre, elle a nourri gratuitement les armées du Nord. Tout au long de la route, les paysans pataugent dans les champs en eau, le dos courbé, repiquent le riz en espaçant les plans. Plus loin des jeunes coordonnent leurs gestes pour collecter l’eau d’un petit canal dans un panier fixé au bout de cordes et chasser l’eau dans la rizière. Nous remarquons beaucoup de cimetières. Nous nous rapprochons de Haiphong où l’activité est industrialisée. Nous stoppons dans un petit estanco à l’abri de la pluie fine. Nous nous régalons avec de petits ananas saupoudrés de sel. Le chauffeur reprend le volant jusqu’à Along qui signifie « le dragon qui descend ». Nous n’apercevons que la ville touristique et moderne, composée d’immenses hôtels luxueux et de casinos destinés à une clientèle chinoise. Un pont à haubans de construction japonaise nous fait penser à … celui de Saint Marcellin. Nous patientons avec un thé et nous montons sur un petit canot pour atteindre la jonque de notre croisière. C’est le ravissement ! Bateau sur trois niveaux, nous sommes dirigés directement dans une très jolie salle à manger aux nappes blanches et vraies roses sur les tables. Nos deux cabines sont en en bois sombre du sol au plafond.On accède à une petite salle de bain attenante par une porte à claire voie. Nous passons à table, c’est maintenant le ravissement de papilles. Au menu : soupe vietnamienne gluante, coques, crabes, crevettes, poisson grillé, légumes verts, riz et pomme. Nous prenons notre café à l’étage supérieur sur la terrasse aérée qui nous permet de découvrir le paysage d’où nous parviennent les chants des cigales semblables au cri des mouettes tant elles ciclent fort. Nous sommes « les rois du monde ». Des pains de sucre, des crocs, des chicots émergent des eaux émeraude sous des cieux superbes et des lumières changeantes. Nous sommes invités à quitter la jonque pour une petite embarcation afin de nous rapprocher de la grotte de la surprise » (Seing Sot). On y pénètre au bout de nombreuses marches. Ce qui nous surprend d’abord c’est la taille grandiose de ces salles que l’on traverse par un cheminement aménagé et éclairé tout confort. Le plafond est tapissé d’alvéoles naturelles à l’aspect artificiel. Stalactites et mites prennent des formes de bouddhas, de phallus obliques, de dragons, de tortues, d’une femme portant sa fille à cheveux longs. Le circuit accompli nous rejoignons notre petit bateau puis la jonque le temps de déguster un ananas préparé pour le goûter. Dix minutes plus tard nous reprenons le petit bateau pour visiter cette fois un îlot avec une pagode avec la possibilité de profiter d’une plage de sable. Nous escaladons les 420 marches de bonne taille. Mais nous ne regrettons pas notre suée. Nous débouchons sous un abri circulaire ouvert à 360° sur le paysage surprenant et légendaire. Couleurs, nuages, soleil qui s’y cache. Nous prenons toute la mesure de cette merveille du monde la dominant du regard. Je me sens si petit, niveau photo : comment s’y prendre pour refléter ça ?
Nous redescendons vers la plage car l’heure du rendez-vous approche. De gros nuages ardoise effleurés par moment par un rayon de soleil mettent en évidence les verts de la végétation des pains de sucre et les tons foncés de l’eau. Tout d’un coup le vent s’excite. Nous regagnons le petit bateau quand brutalement la pluie s’abat, en rideau sur la mer, vidant la plage et l’îlot de ses visiteurs. Malgré le toit de l’embarcation, la pluie pénètre à l’intérieur, cingle les occupants et leurs serviettes de baignade, surprenant les plus protégés dans une bonne humeur partagée de gens heureux. Nous regagnons nos cabines avant l’heure du repas, instant propice pour les photos, le jour décline vite et le temps se calme après le grain de la mousson. Nous aurons eu tous les temps, bruine, soleil, nuageux, grain. La jonque se déplace et part mouiller un peu plus loin. Les bateaux ont allumé leurs lumières qui se reflètent sur l’eau. Le repas du soir surpasse encore celui de midi. La compagnie nous offre un verre de vin blanc de Dalat et le repas défile à un tempo que nous voudrions ralentir pour prolonger notre émotion dans ce lieu grandiose où nous nous trouvons, subjugués. Au menu : soupe, crevettes avec tomates, mangues et fleurs de concombre, crabes farcis excellents, « panne d’électricité » pour les nems présentés autour d’un ananas évidé pour placer une bougie.Retour de l’électricité pour le riz cantonnais, des légumes blancs et pastèque ; un festin !
Nous gagnons nos couchettes cabines pour écrire ou lire, le réveil est branché sur 5h 30 heure du lever du jour, après une nuit dans un décor de rêve.
Nous traversons la région la plus pauvre du Viet Nam, avec ses rizières, la seule activité de la région. Pendant la guerre, elle a nourri gratuitement les armées du Nord. Tout au long de la route, les paysans pataugent dans les champs en eau, le dos courbé, repiquent le riz en espaçant les plans. Plus loin des jeunes coordonnent leurs gestes pour collecter l’eau d’un petit canal dans un panier fixé au bout de cordes et chasser l’eau dans la rizière. Nous remarquons beaucoup de cimetières. Nous nous rapprochons de Haiphong où l’activité est industrialisée. Nous stoppons dans un petit estanco à l’abri de la pluie fine. Nous nous régalons avec de petits ananas saupoudrés de sel. Le chauffeur reprend le volant jusqu’à Along qui signifie « le dragon qui descend ». Nous n’apercevons que la ville touristique et moderne, composée d’immenses hôtels luxueux et de casinos destinés à une clientèle chinoise. Un pont à haubans de construction japonaise nous fait penser à … celui de Saint Marcellin. Nous patientons avec un thé et nous montons sur un petit canot pour atteindre la jonque de notre croisière. C’est le ravissement ! Bateau sur trois niveaux, nous sommes dirigés directement dans une très jolie salle à manger aux nappes blanches et vraies roses sur les tables. Nos deux cabines sont en en bois sombre du sol au plafond.On accède à une petite salle de bain attenante par une porte à claire voie. Nous passons à table, c’est maintenant le ravissement de papilles. Au menu : soupe vietnamienne gluante, coques, crabes, crevettes, poisson grillé, légumes verts, riz et pomme. Nous prenons notre café à l’étage supérieur sur la terrasse aérée qui nous permet de découvrir le paysage d’où nous parviennent les chants des cigales semblables au cri des mouettes tant elles ciclent fort. Nous sommes « les rois du monde ». Des pains de sucre, des crocs, des chicots émergent des eaux émeraude sous des cieux superbes et des lumières changeantes. Nous sommes invités à quitter la jonque pour une petite embarcation afin de nous rapprocher de la grotte de la surprise » (Seing Sot). On y pénètre au bout de nombreuses marches. Ce qui nous surprend d’abord c’est la taille grandiose de ces salles que l’on traverse par un cheminement aménagé et éclairé tout confort. Le plafond est tapissé d’alvéoles naturelles à l’aspect artificiel. Stalactites et mites prennent des formes de bouddhas, de phallus obliques, de dragons, de tortues, d’une femme portant sa fille à cheveux longs. Le circuit accompli nous rejoignons notre petit bateau puis la jonque le temps de déguster un ananas préparé pour le goûter. Dix minutes plus tard nous reprenons le petit bateau pour visiter cette fois un îlot avec une pagode avec la possibilité de profiter d’une plage de sable. Nous escaladons les 420 marches de bonne taille. Mais nous ne regrettons pas notre suée. Nous débouchons sous un abri circulaire ouvert à 360° sur le paysage surprenant et légendaire. Couleurs, nuages, soleil qui s’y cache. Nous prenons toute la mesure de cette merveille du monde la dominant du regard. Je me sens si petit, niveau photo : comment s’y prendre pour refléter ça ?
Nous redescendons vers la plage car l’heure du rendez-vous approche. De gros nuages ardoise effleurés par moment par un rayon de soleil mettent en évidence les verts de la végétation des pains de sucre et les tons foncés de l’eau. Tout d’un coup le vent s’excite. Nous regagnons le petit bateau quand brutalement la pluie s’abat, en rideau sur la mer, vidant la plage et l’îlot de ses visiteurs. Malgré le toit de l’embarcation, la pluie pénètre à l’intérieur, cingle les occupants et leurs serviettes de baignade, surprenant les plus protégés dans une bonne humeur partagée de gens heureux. Nous regagnons nos cabines avant l’heure du repas, instant propice pour les photos, le jour décline vite et le temps se calme après le grain de la mousson. Nous aurons eu tous les temps, bruine, soleil, nuageux, grain. La jonque se déplace et part mouiller un peu plus loin. Les bateaux ont allumé leurs lumières qui se reflètent sur l’eau. Le repas du soir surpasse encore celui de midi. La compagnie nous offre un verre de vin blanc de Dalat et le repas défile à un tempo que nous voudrions ralentir pour prolonger notre émotion dans ce lieu grandiose où nous nous trouvons, subjugués. Au menu : soupe, crevettes avec tomates, mangues et fleurs de concombre, crabes farcis excellents, « panne d’électricité » pour les nems présentés autour d’un ananas évidé pour placer une bougie.Retour de l’électricité pour le riz cantonnais, des légumes blancs et pastèque ; un festin !
Nous gagnons nos couchettes cabines pour écrire ou lire, le réveil est branché sur 5h 30 heure du lever du jour, après une nuit dans un décor de rêve.
mardi 10 novembre 2009
Ce jour-là
Et puis ce jour là dans le clair obscur de notre demeure nordique, je me suis vue dans le miroir disposé sur le buffet. C’était l’époque où les Arts Décos influençaient jusqu’au mobilier bas de gamme des foyers populaires. J’avais été gravement grondée, peut-être même battue par une mère sans cesse excédée. Pour mon esprit de six ans, la réprimande était injuste et je n’avais pu m’en expliquer. Il en était ainsi dans une famille où l’on ne savait parler. Les enfants filaient doux, menaient leur vraie vie dehors avec leurs bandes (peut-être en est-il toujours ainsi dans ce que les medias et les politiques appellent les quartiers sensibles). On rentrait au logis pour manger, déféquer et dormir ou se prendre une raclée pour absence prolongée, jamais un bisou (ce mot n’existait pas). Au mieux on se retrouvait le dimanche sur des genoux, entre des bras fatigués : le chat ou le chiot faisaient aussi bien l’affaire. Dans le commerce surtout si celui-ci est artisanal, en l’occurrence dans une boulangerie, il n’y a pas de place pour les enfants. Ils se débrouillent, pratiquent l’évitement des petites tâches : va porter ce pain à Mme X., surveille le lait, recharge le poêle, va ici, va là. Ne pas se faire chopper, se glisser en catimini dans la rue et courir, courir vers les jeux, courir vers les autres enfants. Liberté conditionnelle… dont les lois étaient la faim et le sommeil. Liberté réelle : l’apprentissage de la débrouillardise.
Peut-être avais-je sauté le repas de midi ; cette mère électrique qui parlait peu, mais gueulait fort, veillait scrupuleusement à la survie de ses rejetons, les gavant de nourriture « fortifiante » , les persécutant de lavements intestinaux si elle soupçonnait un fonctionnement défaillant de leurs tubes intimes. Une mère qui ne pense qu’à vous remplir selon ses désirs, selon ses peurs, selon les souffrances de sa propre enfance nécessiteuse.
J’avais pris une torgnole - pas grave, comme on le dit aujourd’hui, surtout si c’est douloureux. En prime j’avais reçu la haine, la folle haine dans les yeux de ma mère, ses cris. En morceaux je me voyais dans les yeux de ma mère. J’étais promise à la destruction. Furieuse aussi, je l’étais …
Me voilà réfugiée, au plus noir de la salle à manger, grimpée sur une chaise, secouée de sanglots, suffoquant, crachant, expulsant ma morve.
Je lève les yeux et je la vois. Qui est-ce, celle-là ? C’est un visage de fillette blonde, elle essuie son visage, le salissant. Elle a les yeux comme des flaques d’eau. Des yeux de fée ou de princesse qui coulent sur ses joues. Elle renifle et me regarde. Comme elle est intéressante ! Comme Je suis belle !
Consolée. La vie est admirable ! Je ris : ma mère est moche, mais moche. La pire des sorcières !
Sorcière bien-aimée, petite enfant des corons sans miroirs, sans robinets, sans électricité. Pour l’intimité, des chiottes au fond du jardin.
Clémence Psyché
Peut-être avais-je sauté le repas de midi ; cette mère électrique qui parlait peu, mais gueulait fort, veillait scrupuleusement à la survie de ses rejetons, les gavant de nourriture « fortifiante » , les persécutant de lavements intestinaux si elle soupçonnait un fonctionnement défaillant de leurs tubes intimes. Une mère qui ne pense qu’à vous remplir selon ses désirs, selon ses peurs, selon les souffrances de sa propre enfance nécessiteuse.
J’avais pris une torgnole - pas grave, comme on le dit aujourd’hui, surtout si c’est douloureux. En prime j’avais reçu la haine, la folle haine dans les yeux de ma mère, ses cris. En morceaux je me voyais dans les yeux de ma mère. J’étais promise à la destruction. Furieuse aussi, je l’étais …
Me voilà réfugiée, au plus noir de la salle à manger, grimpée sur une chaise, secouée de sanglots, suffoquant, crachant, expulsant ma morve.
Je lève les yeux et je la vois. Qui est-ce, celle-là ? C’est un visage de fillette blonde, elle essuie son visage, le salissant. Elle a les yeux comme des flaques d’eau. Des yeux de fée ou de princesse qui coulent sur ses joues. Elle renifle et me regarde. Comme elle est intéressante ! Comme Je suis belle !
Consolée. La vie est admirable ! Je ris : ma mère est moche, mais moche. La pire des sorcières !
Sorcière bien-aimée, petite enfant des corons sans miroirs, sans robinets, sans électricité. Pour l’intimité, des chiottes au fond du jardin.
Clémence Psyché
lundi 9 novembre 2009
L’amant de JJ. Annaud
Revoir un film 17 ans après sa sortie conduit souvent à déblatérer sur les modes qui passent.
Je n’en ai pas eu l’occasion avec ce film qui conserve quelques belles scènes sensuelles où la jeunesse palpite en perdant son innocence. Les bonus du DVD sont intéressants même si le réalisateur n’apparaît pas à son mieux en monopolisant la parole face à Marguerite Duras. J’étais curieux de retrouver des ambiances tropicales qui m’avaient séduit la première fois, mais de ce côté-là j’ai trouvé le spectacle parfois affadi, artificiel, voire rouleur de mécaniques, c’était format télé. Cependant pris par le charme de Jane March, avec les mots de Duras qui vont si bien à Jeanne Moreau, j’ai apprécié les subtilités de cette histoire violente où la très jeune fille (15ans ½) ne comprend pas, sur le coup, ce qui lui arrive. Croyant vivre sa liberté qui paraît tellement incroyable en ces années 20, elle se débat dans la société coloniale qui la détermine jusque dans ses transgressions. Profond, à fleur de peau, beau et … paquebot.
Je n’en ai pas eu l’occasion avec ce film qui conserve quelques belles scènes sensuelles où la jeunesse palpite en perdant son innocence. Les bonus du DVD sont intéressants même si le réalisateur n’apparaît pas à son mieux en monopolisant la parole face à Marguerite Duras. J’étais curieux de retrouver des ambiances tropicales qui m’avaient séduit la première fois, mais de ce côté-là j’ai trouvé le spectacle parfois affadi, artificiel, voire rouleur de mécaniques, c’était format télé. Cependant pris par le charme de Jane March, avec les mots de Duras qui vont si bien à Jeanne Moreau, j’ai apprécié les subtilités de cette histoire violente où la très jeune fille (15ans ½) ne comprend pas, sur le coup, ce qui lui arrive. Croyant vivre sa liberté qui paraît tellement incroyable en ces années 20, elle se débat dans la société coloniale qui la détermine jusque dans ses transgressions. Profond, à fleur de peau, beau et … paquebot.
dimanche 8 novembre 2009
La storia
Après quoi courent-ils les sept jeunes danseurs soulevant sous leurs pas des tourbillons de papiers humides ? Images souvent séduisantes offertes par la compagnie Woo, où les guitares électriques sonnent comme des alarmes, venant après des complaintes acoustiques. Les séquences se succèdent : deux corps nus se cherchent un moment, des soliloques accompagnent des parades animales… De l’énergie, des beaux gestes, où l’obscurité plus ou moins épaisse va bien aux stridences, des ombres déchirées. Les amorces sont prometteuses mais souvent inachevées.
Une poésie noire recherche nos origines, elle court après le temps avec des reprises d’icônes contemporaines en parodie mais sans humour.
Une poésie noire recherche nos origines, elle court après le temps avec des reprises d’icônes contemporaines en parodie mais sans humour.
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