samedi 1 juin 2024

La république du bonheur. Ogawa Ito.

Dans ce deuxième volume, la jeune calligraphe japonaise toujours aussi vivante et vibrante, 
naturellement généreuse, partage sa vie avec son nouveau mari, papa d’une petite fille. 
« Pendant que je nettoyais la pierre à encre dans l’évier, de ravissants pépiements de moineaux se sont fait entendre ; peu après le jour s’est levé. Les deux femmes qui passent chaque jour devant la maison, chacune avec un chien en laisse, se sont éloignées ce matin encore en bavardant gaiement. » 
Les personnages vivent  en harmonie avec la nature en 365 pages élémentaires : 
« Le vent a soufflé, secouant fougères et feuilles de bambou nain, comme les instruments d'un orchestre qui joue à l'unisson. » 
Les saisons offrent, à chaque instant, une occasion de s’émerveiller : 
« Un papillon dansait dans les flaques de soleil. Il virevoltait de-ci de-là, comme fou de joie de pouvoir voler. » 
Chaque repas est une fête : 
« Bien manger à table avec ceux qu'on aime: 
rien ne surpasse un tel moment de bonheur et de luxe. »
Hatoko, attentive aux choses et aux êtres, porte toujours un soin méticuleux à son travail et trouve les mots justes pour les lettres diverses qu’elle envoie.
Sa sagesse, partagée autour d’un thé choisi, coule de source et renouvelle à chaque roman sa formule : 
« Plutôt que de rechercher ce qu’on a perdu, mieux vaut prendre soin de ce qui nous reste. »

vendredi 31 mai 2024

Poteaux.

La tentation est grande de ne pas lever le nez après avoir admiré le cœur d’une pivoine plutôt que de se piquer les yeux aux incendies de Nouméa à 20 h d’avion d’ici, à Kharkiv à 3h de Paris, à Rafah...
Bien que le moment approche pour les citoyens de donner une voix aux députés européens, le temps consacré à l’Europe est restreint par les candidats eux-mêmes : symptôme des difficultés à envisager notre appartenance.
Alors que l’Occident joue contre le reste du monde, il serait malvenu de dire que la balle est dans notre camp; des équipiers semblent bien indécis avec même quelques buts CSC (contre son camp).
Les débats sont sommaires : toute objection à l’encontre de l’extrême gauche vous renvoie à l’extrême droite. De même l’accusation d’antisémitisme pour toute critique envers Netanyahou s’avère stupide, inopérante, et participe à l’aveuglement, à l’isolement, au rejet d’Israël.
Dans bien des domaines, je m’en remets à la fataliste formule : «  c’est comme ça ! » 
mais  qui empêchera le sujet de la Palestine de supplanter les chicanes concernant la politique agricole de l’U.E. ?
Les problèmes enfouis resurgissent, amplifiés, échappant à toute raison et il est vain de regretter l’inculture américaine ou les hors sujets hexagonaux.
La Palestine est une question centrale quand devient indécidable un engagement de troupes   européennes ici ou là.
Pour reprendre la formule féconde de Badiou à propos de Sarkozy : « De quoi est-il le nom ? » il n’est pas besoin d’ânonner les éléments de langage intersectionnels pour comprendre que les échauffements des campus recouvrent une surface plus étendue que « du fleuve à la mer » et remontent bien avant la déclaration Balfour (1917).
« La paix n’a pas de frontières » Yitzhak Rabin a été assassiné.
Si les comparaisons fleurissent avec mai 68, ne pas oublier juin et le ras de marée conservateur (387 sièges de députés à 91). Dans le pays où avait brouté la bête immonde, et pas que là, l’extrême droite prospère et sourit devant les selfies (égo portraits).
Il était prometteur le slogan : « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi » et voilà le cacochyme revenant promis à la victoire et nous à bout de souffle.
Mais est-ce parce que le courage était prôné par les forts de la mâchoire qu’il a déserté le camp progressiste ?
L’épisode néo calédonien condense quelques paradoxes quand certains osent avancer qu’il est urgent d’attendre, alors que le dialogue est engagé depuis des décennies.
Jean-Marie Tjibaou a été assassiné par un indépendantiste en 1989.
Droit du sol ici et pas là bas et inversement.
Tiens, où en est la proposition de droit de vote des étrangers aux élections (locales) ?
Qu’en pensent les militants sans frontières qui pansent les plaies occasionnées par les dresseurs de miradors aux « anciens parapets » ?
La violence nait de l'ignorance avec cependant une conscience de ses limites qui interdit d'écouter les autres. Le vide en politique représenté par le sourire de Lecanuet faisant jadis se pâmer la rombière s'est élargi.  
Si bien que contaminé par les délires présents, il est tentant de s'approcher, pour le fun, des mirages utopiques voire absurdes, guère plus vains que les rodomontades chroniques.
L’harmonie régnerait sur le monde si les contours des contrées plutôt que de suivre fleuves et crêtes des montagnes, épousaient les rotondités de chaque être humain :
Somalie sommeillerait avec Somaliland, la Corse voguerait sous son pavillon à tête de Maure, la Transnistrie cesserait sa sécession et Le Soudan n’aurait pas perdu le Nord… 
Feujs et rebeux joueraient dans le même championnat en Judée-Samarie et la « Bonne mère » marseillaise aurait fait rebondir le ballon parisien du bon côté des poteaux (PSG= Poteau Saint Germain). 
« L'humour ne peut exister que là où les gens discernent encore la frontière entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Aujourd'hui, cette frontière est indiscernable. » 
Milan Kundera

jeudi 30 mai 2024

Les peintres et le Maroc. Barbara Lepêcheux.

Le catalogue des amis du musée de Grenoble avait été illustré par « La petite mulâtresse » de Matisse, exposée au musée de Grenoble, pour inviter à la conférence où étaient célébrées les couleurs, la chaleur du pays des Berbères (21% de la population) ou Amazighs (hommes libres), Maures ou Numides... Barbares comme Barbara, l’étrangère.
Paul Bowles
du « Thé au Sahara » en quête de renouvellement a vécu 52 ans à Tanger où il reçut Truman Capote, Tennessee Williams, Allan Ginsberg, William Burroughs
Eugène Delacroix
accompagne une mission diplomatique commanditée par Louis Philippe pour s’assurer de la neutralité du « Sultan Moulay Abderrahmane » après la conquête de l’Algérie en 1830.
Il remplira sept « Carnets de croquis » qui documentèrent ses tableaux
 
comme « Noces juives »  à propos d’une communauté dont la présence au Maroc est attestée dès le II° siècle avant J.C. auxquels s’ajoutent ceux qui sont chassés d’Espagne avec les musulmans au moment de la Reconquista.
Il y retrouve « l’Antiquité vivante »
« Vue de Tanger » : 
« Imagine mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde »
Il peut entrer dans un harem, pourtant  « harām » (interdit) : 
«  Femmes d'Alger dans leur appartement ».
imité par
Georges Clairin, « Entrer dans le Harem », l’orientaliste, ethnographe avant l’heure qui s’installe au Maroc, 35 ans après le romantique.
«  Ruelle de Tanger ».
Le chef de file des « Fauves », Matisse, attend que cesse la pluie qui l’a accueilli à son arrivée, avant d’éprouver : « l'indicible douceur du « quand ça vient tout seul » et se réinventer. « Vue sur la baie de Tanger » : « explosion de la simplification ». 
« Vue de la fenêtre de la chambre 35 de l’Hôtel de France » se confronte à la lumière,
« Le Rifain assis »
exalte les couleurs.
« La porte de la Kasbah »
contracte dedans et dehors.
Ses odalisques niçoises se confondent avec le décor : « Odalisque à la culotte rouge ».
Le « Minaret à Tanger » de  Charles Camoin figure aussi au  Musée de Grenoble.
Albert Marquet
aime les surplombs et les nuances de gris : «  Le port de Rabat »
« Le Jeune Arabe » de Kees van Dongen vient de se vendre plus de 12 millions de dollars.
Ses « Marocaines au Cap Spartel » contrastent avec
« La belle Fatima et sa troupe »
.
Raoul Dufy, en recherche lui aussi, dissocie ligne et couleur, «  Le café marocain ».
« La villa atelier »
de Jacques Majorelle,
le fils de Louis, rachetée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé est devenue un haut lieu de tourisme.
Inventeur du « bleu Majorelle » obtenu avec le bleu outremer du chimiste Guimet,
celui du musée parisien, il peint la « Kasbah rouge»
et au sud «  Irounen, Grand Atlas».
Le mot « clarté » ouvre « Le cahier » sur lesquels le jeune Nicolas de Staël écrit et dessine « Dehors, une jeune femme arabe joue de la flûte au son cassé, musique très simple, musique banale. Banale comme la vie, comme la mort »
Il reste un an et demi dans le pays qui le fascine où il rencontre sa première femme.
Après avoir détruit plusieurs de ses œuvres réalisées là bas, 
où son compagnon s’est suicidé, Francis Bacon ne sauvergarde que «  Le Pape ».
« Paysage près de Malabata » garde trace de la tragédie.
Balthus
y connut « La caserne »
Près de 400 artistes se sont rendus dans le protectorat dont Degas, Dali
Après tant de peintres voyageurs, le régional de l’étape, le symboliste - abstrait, 
Ahmed Cherkaoui propose «  Le couronnement ».
« Les Toits »
de Mohamed Cherkaoui témoignent des ressources du pays entre Méditerranée et Atlantique, Atlas et Sahara, au bout de l’Orient et de l’Afrique, 
à 14 km de l’Europe. 
« Lorsque je découvris le Maroc, je compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des zouacs, des djellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les miennes, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l'insolence des mélanges, à l'ardeur des inventions. Cette culture est devenue la mienne, mais je ne me suis pas contenté de l'importer, je l'ai annexée, transformée, adaptée. » Yves Saint Laurent.

mercredi 29 mai 2024

Après la répétition/Persona. Ivo van Hove.

Première partie (une heure et demie) :
Charles Berling, metteur en scène entre deux femmes, peut-il sortir du théâtre ?
Deuxième partie (une heure et demie) :
Emmanuelle Bercot, actrice mutique reçoit les confidences de l’infirmière qui l’accompagne.
Il faut bien trois heures pour apprécier les textes tirés de deux films d’Ingmar Bergman qui  disait en 1965 : 
« Aujourd'hui, la réalité est absurde, aussi horrible, aussi impénétrable que nos rêves.  
Et face à elle, nous sommes sans défense, comme dans nos cauchemars... » 
L’éternelle question de la distance entre représentation et réalité n’est pas réservée aux professionnels de la profession. Les dialogues et les silences prennent leur temps et parlent à tous avec une mise en scène impressionnante quand il est question de sincérité, de passion, de folie, d’écoute, du temps qui passe…
Nos façons de recevoir des scènes de séduction entre actrice et metteur en scène sont modifiées par les débats actuels où le rôle du prédateur est souvent tenu par l’homme.
Et  peut-on imaginer le récit d’une jeune femme toute à sa jouissance par un quelconque Depardieu ?
Il fut un temps où les acteurs finissaient les pièces à poil et c’était devenu un procédé.
Ici le corps nu de l’actrice souffrante, il est vrai sur une table plus proche de la morgue que du canapé de la séduction, est christique, froid et fort, alors qu’un récit de son accompagnatrice porte par la parole toute l’incandescence érotique de l’été. 
« On peut se replier, on peut s’enfermer en soi. Alors plus de rôle à jouer, plus de grimace à faire, plus de geste mensonger. Du moins, on croit. Ta cachette n’est pas étanche. La vie s’infiltre partout »

mardi 28 mai 2024

Clinton road. Vincenzo Balzano.

La première page trop symboliste, trop explicite, à mon goût, ne reflète pas la subtilité de cette histoire de fantômes placée à juste titre derrière une phrase de Stephen King : 
« Les monstres sont réels, les fantômes aussi, ils vivent à l'intérieur de nous.
Et parfois... ils gagnent. » 
Des articles de journaux placés au début et en fin d’album éclaircissent le récit qui n’en est que plus mystérieux autour de « la route la plus hantée des Etats-Unis ».
Les aquarelles et des traits secs rendent ambiguë la réalité et très présents les délires. 
Dans cette sombre histoire sous la neige, les phares de voiture éblouissent : l’hiver est menaçant, le deuil d’un père pas résolu.
Quand la forme et le fond sont parfaitement en adéquation nous palpitons. BRRRR !

lundi 27 mai 2024

Cannes cinéphile 2024.

Pas besoin de tapis rouge pour apprécier le cinéma aux alentours du festival de Cannes où nous avons embarqué pour des voyages imaginaires dans quelques salles obscures du quartier de La Bocca.
Nous avons vu 19 films des diverses sélections, sauf l’officielle dont quelques propositions seront visibles plus tard, à domicile, et critiquables ici chaque lundi.
Cette année, avec un film sur deux comportant comme évènement notable un décès, les personnages décalés, atypiques, voire "frapadingues" ne manquaient pas… 
« Poppy » jeune australienne trisomique enjouée assiste efficacement ses proches dans une version ensoleillée de la vie.
Un jeune homme dépressif rencontre une jeune marginale atteinte d’une infection grave dans « Every thing in between ».
Agnès Jaoui en excentrique trouve sur son chemin le baroque Philippe Katherine avec la dernière livraison de Sophie Fillière : « Ma vie ma gueule ».
Qui mieux qu’Isabelle Huppert en bourgeoise hurluberlue « Prisonnière de Bordeaux » ? 
« La nouvelle femme », le combat singulier de Maria Montessori pour l’émancipation des enfants est cohérent avec son destin extraordinaire de pionnière féministe.
Dans la sélection « Vision sociale » reprenant des films déjà projetés, le palpitant « Border line »  avec un pareil titre participe à la thématique non conformiste : un couple venant d’Espagne interrogé à la frontière américaine se situe dans un indécis entre-deux.
« Le déserteur » israélien, lui aussi, ô combien, en marge, soulève des tas de questions ne se résolvant pas dans une formule vaine telle que « la guerre c’est pas bien ». 
« Frères », vus en prologue des festivités festivalières, conte la vie de deux enfants qui ont vécu seuls sept ans en forêt charentaise dans les années cinquante. Insolite mais vrai.
« Tazio », choisissant de poursuivre une activité de charbonnier, dans les années 1980 en Espagne, échappe au destin commun.
Les bookmakers argentins de «  Something old, something new, something borrowed » sont clandestins comme les magrébins à la recherche d’une « Miss Visa » faisant la connaissance d’un policier hors normes alors que « La mer est loin ». 
« Les filles du Nil » se battent pour leur émancipation en présentant leurs spectacles dans la rue et affrontent l’indifférence, l’hostilité de la plupart des hommes.
Les élèves de « Château rouge » peuvent sembler étranges, hermétiques, bien que les acteurs de l’éducation nationale déploient des trésors de patience.
Julie, championne de tennis en devenir, garde le silence, alors que son entraineur est licencié, « Julie keeps quiet ». 
« Most people die on Sunday » et «  In retrait » présentent un personnage éberlué pour l’un en Argentine et un autre, hébété, étranger à sa propre ville, au Ladakh.
Les masseuses chinoises dans « Le Blue sun palace »  à New York vivent en vase clos.
Elles ne sont pas aussi malheureuses que les migrants surexploités à Taïwan de « Mongrel » au plus bas de l’inhumanité.
Après un mariage arrangé, l’indienne « Sister midnight » dérange bien du monde, fait rire quelques spectateurs, mais pas tous.
Ce serait violenter cette recherche de fil conducteur si «  Chrismas eve in Millers’ point » 
n’était pas mis à part, puisqu’il s’agit d’un moment destiné à réunir une grande famille ordinaire, enfin presque, italienne et américaine.
Sinon en 2024, presqu' autant de cigarettes sont fumées que dans les années 50, et à part Tazio en pays basque ou avec Maria en 1900, il y a toujours une petite bière à s’envoyer. 
De cette cuvée, située en quantité entre le minimum de l’an dernier et notre record d’il y a près de 10 ans, ne se retiennent ni d’inoubliables chefs d’œuvre ni des indignes, dans ce que nous avons vus, encore que notre mémoire se montre parfois plus vive pour des œuvres énervantes que pour des coups de cœur. 

vendredi 3 mai 2024

Ecrans.

Amateur de paradoxes, je ne vais pas rechigner à reconnaître l’absurdité d’entamer une critique de l’abus d’écrans par écran interposé. La fugacité de leur clignotement et ma courte vue ne permettent pas de prendre le temps de s’appesantir pour aller au delà de l’image de foules regardant  le creux de leur main.
De petites observations peuvent cependant émerger à propos des mutations progressives de nos configurations mentales.
- Lors d’un match de ligue 2, vu en vrai, je n’ai pas été emballé par le spectacle, trop gavé de séquences répétitives des fulgurances de Ronaldinho ou Messi  qui permettent de patienter dans les salles d’attente. Le réel est décevant. La vélocité de Mbappé demeure aussi lointaine qu’un destin de princesse promis à tout enfant. 
- Je persiste à expliquer en vain à ma petite fille que le requin en baudruche au plafond du magasin est inoffensif, mais combien de vessies ai-je pris pour des lanternes? Tellement de feuilles de papier, de pigments et de pixels m’ont rongé les sangs. 
- Pédagogiquement parlant, la virtuosité des artistes sur Instagram décourage-t-elle les spectateurs ou fait-elle naître des vocations ?
Le développement des innovations technologiques (IA) est tellement fulgurant que la lenteur à se réformer de nos démocraties, accompagnant nos aveuglements, n’en est que plus flagrante.
Les querelles virtuelles ne restent pas forcément dans le fictif, elles plantent leur tente au coin des rues et des amphis. Des informations traumatisantes parfois gonflées à l’infox désinhibent les violences qui croissent de leurs croisements.
Les débats se déportent spécialement quand il s’agit de l’Europe : poule woke et coq nationaliste crachotent ou s’égosillent, les ergots plantés dans le fumier, ignorant toutes les décisions qui ont permis de traverser de sérieuses crises (Covid) et d’en affronter d’autres tant bien que mal (Ukraine).
Parmi les expressions qui me ravissent le « Tout à l’égo » a une place de choix. Et s’il en est de la traditionnelle querelle de générations, le boomeur, bavard par définition, ne peut fermer sa gueule, quand les abords de nos villes sont tatoués de signatures débordant des entrepôts désaffectés et des arrières cours ferroviaires, pour constituer de nouvelles arches à nos portes, sous nos ponts.
La gravité se leste de légèreté. Des faits anodins prennent une importance démesurée depuis un exemple déjà mentionné, quand avait été vu comme un Weinstein des bacs à sable, un garçonnet qui avait soulevé la jupe d’une fillette au bas d’un toboggan. Cette fois un élève privé de voyage scolaire apparaissant sur le fil de nos infos aurait dû voir son cas réglé sur place et qu’on n’en parle plus.
Il y avait de quoi s’esclaffer quand les médias qui avaient campé devant la porte d’une caravane pendant des heures s’indignaient que la vie privée d’un chanteur soit trop exposée. 
« C'est du vent le cinéma, de l'illusion, des bulles, du bidon. » Jean Gabin
.…….
J’interromps mes publications pendant 3 semaines … je vais m'étourdir de films au festival de Cannes où désormais Truffaut serait mis impitoyablement à l’index  par quelques indulgentes avec tant de malfaisants, lorsqu’il disait : 
«  Le cinéma c’est l’art de faire faire de joies choses à de jolies femmes ».