dimanche 9 novembre 2025

Delirium. Miet Warlop.

Comment jouer avec un kilomètre et demi de tissus pendant une heure ?
La troupe flamande parfaitement réglée déroule des bobines de soie (ou de rayonne) de toutes les couleurs sur la scène et dans les travées de la grande salle de la MC2, cependant il s’agit plus d’opérateurs mettant en place une performance que de danseurs.
L’imagination est au rendez-vous pour exploiter toutes les ressources de grands voiles enserrant les manipulateurs qui s’en extirpent, en magnifient les plis, mais les hommes et les femmes pourtant dynamiques s'effacent en tant qu’acteurs sous les dimensions majestueuses de coupons soulevés par d’immenses ventilateurs.
La matière dont on ne peut s’empêcher de la lier aux gaspillages industriels submerge les humains.
Parmi les tableaux parfois un peu étirés, l’évocation d’une vague où apparaît puis disparaît un personnage m’a paru poétique et forte, bien accordée aux sons électro puissants de la  plasticienne-scénographe plus heureuse dans sa musique que pour les socquettes noires,malheureusement à la mode, puisqu’elle signe aussi les costumes. 
Les termes démesurés des attachés de la presse mentionnant « un humour ravageur », « une beauté plastique éberluante » desservent un propos qui aurait gagné à être présenté avec plus de simplicité.

1 commentaire:

  1. Voici pas mal de temps où je ne vais pas voir les spectacles de danse contemporains, justement pour des raisons que tu présentes ci-dessus : d'une certaine manière Nous retrouvons un paradigme où l'Homme est une toute petite mouche, écrasée par l'ampleur des Forces Démesurées, encore plutôt obscures qui pèsent sur lui, même si nous avons tout un vocabulaire chiantifique pour en rendre compte. L'ampleur de ces Forces réduit sa capacité de se sentir un être avec un minimum de pouvoir, de volonté pour changer lui-même sa vie. Cette configuration est visible... à l'envers dans l'évolution du théâtre grec à la période démocratique : le théâtre d'Eschyle, où on voit un grand choeur d'où EMERGE parfois quelques personnages, ensuite, le théâtre de Sophocle, où les dieux ne sont pas représentés, mais obscurément présents comme force, alors que le rôle des ACTEURS devient de plus en plus importants, par rapport au choeur, pour aboutir au théâtre d'Euripide, où le conflit humain est interpersonnel et intrapsychique, et les dieux absents de la scène. A l'heure actuelle, nous sommes collectivement et individuellement partis... à l'envers, vers le choeur masse, et l'acteur noyé dans la masse. PERSONNELLEMENT, je ne veux pas partir dans la masse, et je fais tout pour ne pas me laisser engouffrer dans la vague.

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