Bon début de journée : Il y a de l’eau
chaude pour la douche qui nous réveille agréablement car dehors, une fine
bruine tombe du ciel bas et gris.
Nous laissons la voiture à Orléans, au
parking enterré sous le centre commercial les halles châtelet puis nous suivons
l’itinéraire pour rejoindre la cathédrale. Chemin faisant, nous passons devant
le musée d’histoire et d’archéologie
installé dans le magnifique hôtel Cabu du XVIème siècle. Il occupe
une petite place nommée square Abbé-Desnoyer en compagnie de deux autres
édifices aux façades ravissantes de la même époque ; l’une « La
maison de la pomme » doit son appellation au fruit représenté dans un
cartouche, sur l’autre, l’hôtel des créneaux, se détache l’inscription
« Hôtel de ville », à juste
titre car il fut le premier d’Orléans. Avant d’attaquer la moindre visite, nous
consommons un expresso assis à l’abri d’un bar face à la Cathédrale. Maintenant, les visites peuvent commencer.
Nous pénétrons dans la cathédrale
basilique Sainte Croix en empruntant
l’impressionnant narthex non pas gothique mais néoclassique. Des plumes et des fientes de pigeons en jonchent
le sol, rien ne semble effrayer ces volatiles peu farouches et malpropres. Nous
passons dans la nef. Trois jeunes filles patientent assises derrière une table
et proposent un service de guides. Nous nous offrons l’assistance de l’une
d’elles, tarif à notre convenance pour une visite hors groupe. En premier lieu, la demoiselle nous informe
sur l’historique de la Cathédrale Sainte-Croix. Tout commence au IVème
siècle lorsque Saint Euverte évêque d’Orléans a la vision de la main de Dieu
bénissant l’édifice. Cette main avec le 4ème et le 5ème
doigts repliés figure sur la clé de voûte de l’abside et sur les stalles du
chœur. De ce fait, l’église ne fut jamais consacrée par la main de l’homme
puisque Dieu s’en était chargé. Mais Dieu ne protège pas de tout : le
bâtiment subit des dégradations durant les guerres de religions. Les
protestants minèrent les quatre piliers du transept et les firent sauter, il ne
resta que les murs des chapelles. En signe d’apaisement, Henri IV s’engagea à
aider à la reconstruction et se déplaça pour poser la 1ère pierre. Louis XIV à son tour finança toutes les
boiseries dont les stalles du chœur réalisées par Lebrun. Miraculeusement, la
Révolution n’induisit que peu de dégâts. Puis aux XVIIIème et XIXème
siècles s’ajoutèrent le narthex la
façade et les tours, décorés de colonnes
caractéristiques de cette époque, et affichant peu de signes religieux. A l’extérieur, l’art gothique
s’exprime dans des arcs boutants, des dentelles de pierre des pinacles
cependant la flèche actuelle ne fut élevée qu’en 1858. Quatre anges en haut des
tours surveillent la ville.L’intérieur déploie de belles proportions. Des bannières
et des blasons flottent accrochés aux piliers, Ils colorent la nef, lui
confèrent un aspect moyenâgeux et
chevaleresque. En bonne place apparait
l’oriflamme portant les armoiries de Gilles de Rais, plus réputé pour ses
crimes que pour sa sainteté, mais bon, il soutint Jeanne la pucelle. Les chapelles, dont certaines aux murs
rescapés, revêtent des peintures du XIXème. Elles imitent les
plafonds de la sainte Chapelle à Paris en reprenant le fond bleu et les
étoiles. Consacrée à Jeanne d’Arc, l’une d’entre elle contient une statue de la
sainte canonisée longtemps après sa disparition. Deux léopards l’entourent et symbolisent les Anglais. Revirement de
l’histoire, une plaque commémorative remercie les soldats britanniques et
américains de leur sacrifice lors de la seconde guerre mondiale.Pour les vitraux, ils relèvent d’époques
différentes. Toute une série raconte en image l’histoire de Jeanne depuis sa
révélation perçue à Domrémy jusqu’au bûcher, sous la protection ou du moins les
bons conseils de Saint Michel. Comme souvent en lieu sanctuarisé, l’église
accueille les tombes d’évêques (ex : Félix Dupanloup) représentés avec
leurs riches attributs de noblesse.
En l’absence de crypte, ils reposent sous
l’édifice.
La visite aurait pu finir ici mais bonne
surprise, notre guide dispose des clés
pour ouvrir une porte confidentielle derrière laquelle 252 marches
montent jusqu’en haut de des tours.
Après les horaires impartis à l’Office du tourisme pour des guidages collectifs
elle nous entraîne
dans une excursion sur les toits, rien que pour nous,
qui me rappelle notre équipée sur les sommets de la
cathédrale de Chartres.
Nous longeons une galerie surplombant les
arcs-boutants et les pinacles,
côtoyons
le clocher riche de 5 cloches,
passons sous la charpente où le sol coïncide avec les voûtes de l’intérieur. Nous aboutissons sur une plateforme en plein air près du dôme central et de la flèche, face à un panorama intégrant la ville et ses environs un peu diffus à cause de la météo.Le diacre nous y rejoint avec un petit groupe de 5 à 6 touristes.Pas au bout de nos découvertes, notre jeune guide se propose de nous montrer si ça nous intéresse la sacristie où subsistent des fresques du temps de Jeanne d’Arc. Trois ou quatre scènes de la passion du Christ alignées sur fond bleu, certaines plus effacées que d’autres, portent irrémédiablement les traces destructrices des protestants.
Ils se sont
acharnés à gratter, à griffer les visages des personnages.
Le diacre passant par là avec sa petite
troupe nous invite à poursuivre avec lui
dans les entrailles de la Cathédrale.
Il nous conduit par une porte invisible découpée dans le bois à l’arrière des stalles. Là, des fouilles archéologiques sont menées pour mettre en évidence les vestiges romains d’une 1ère église, ainsi que la présence de ruines carolingiennes de style roman identifiable grâce à la base des piliers, des sarcophages, d’un cercueil en plomb. Des trous restent encore à explorer, et des morceaux de mosaïques à dater. En leur temps, les protestants pillèrent les sépultures en espérant récupérer de l’or ; manque de chance, ils en loupèrent une à un mètre près renfermant ce qui constitue le trésor actuellement.
Avec intérêt et reconnaissance nous apprécions cette visite rarement proposée aux visiteurs et les commentaires passionnants de notre accompagnateur. Nous ne verrons pas les reliques dont celles de la Sainte-croix conservées précieusement dans la salle du Trésor ouverte lors d’horaires restreints (vers 19h aujourd’hui.)Alors je conclurai cette visite par quelques remarques concernant :- la présence et le rayonnement du Roi
Soleil en médaillon à l’intérieur comme à l’extérieur, (visible notamment de
l’escalier).
- la
disposition d’une immense croix lumineuse en hauteur, apparente jusqu’au bout
de l’Avenue Jeanne d’Arc.
- et les références à Jeanne d’Arc chère au cœur des Orléanais. Ils la comparent aux libérateurs Américains de la 2ème guerre, elle sauva la France en son temps. Elle plait aussi bien aux conservateurs et au clergé de par sa sainteté, qu’aux républicains pour son esprit patriotique. Ici, elle n’appartient pas à la famille Le Pen.
Merci pour cette visite exceptionnelle... Je retiens la capacité de Jeanne d'Arc à rassembler, et faire communauté autour d'elle.
RépondreSupprimerEt les Protestants qui griffaient les visages, et PILLAIENT les tombes ? (!!!!) des... pauvres barbares, même en croyant que Dieu était de leur côté. Pour quelque raison que soit, même en croyant avoir Dieu de son côté, biffer un visage humain n'est pas un acte neutre ou anodin. C'est une attaque du visage de l'Homme...