vendredi 16 février 2024

Pêcheur de perles. Alain Finkielkraut.

La dernière fois que j'ai rencontré le mot « perle », employé comme métaphore, remonte aux années 60 et « La foire aux cancres » de Jean Charles, qui recueillait de bons mots involontaires d'élèves.
Ici Lévinas, Kundera, Arendt…  dont les chatoyantes citations ouvrant les 15 chapitres, offrent des trésors de réflexions accessibles, nuancées, vibrantes.
Une constante gratitude déborde des mises entre guillemets.  
« La foi des hommes était si vive que, tel ce pope évoqué par Tchekhov dans une de ses nouvelles, lorsqu’ils allaient faire leurs prières à la campagne en temps de sécheresse pour demander de la pluie, ils emportaient leur parapluie afin de n’être pas mouillé au retour. » 
Et le philosophe blessé par des humoristes de la radio publique qui parlaient de lui en « fan de dégénérescence mentale » a bien raison de craindre pour l’humour et la culture.
« … la culture au singulier n’est plus en odeur de sainteté nulle part. Jusque dans les universités, on dénonce son élitisme. Descendue de son piédestal, elle n’est aujourd’hui admise à l’existence que comme pratique sociale sans plus ni moins de légitimité ou d’intérêt que n’importe quel loisir. »
Concernant l’école, un soupir avec Goethe marque la défaite de l’exigence: 
«  En quoi consiste la barbarie sinon précisément en ce qu’elle méconnait ce qui excelle ? » 
Ce livre personnel lorsqu’il parle d’amour, réjouissant dans ses attaques contre la « cancel culture », convaincant quant à l’Europe, la démocratie, la France, les femmes, être juif … ce livre où sont évoquées « les âmes noires » fait du bien. 
« Il y a tant à défendre ! Il faut être fidèle. » Höderlin.
Alors pour clore cette farandole de citations, j’abrège celle-ci dans la liste des « c’était mieux avant », qui tient 5 pages sur 213 : 
« Agréable, gentil, charmant, prévenant, avenant, attirant, distrayant, ravissant, émouvant, troublant, déroutant, bouleversant, renversant, saisissant… c’était mieux que sympa. Sous ses dehors bonhommes, sympa c’est Attila : après son passage, les différences ne repoussent plus. »

1 commentaire:

  1. Tu m'as donné envie, là. Je vais aller acheter Alain Finkielkraut, que j'aime bien, et qui écrit... très bien, d'ailleurs. Merci.

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