jeudi 29 février 2024

Donatello. Damien Capelazzi.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble présente Niccolo Donatello au centre des « maîtres de la Renaissance florentine » par Cassone entre Giotto di Bondone, Paolo Uccello à sa gauche et Antonio Manetti, Filippo Brunelleschi à sa droite.
La date de naissance de « petit Donato » n’est pas certaine, autour de 1383/86 dans une famille de cardeur de laine.
Très tôt il est associé au chantier de sculpteurs autour de la Cattedrale Santa Maria del Fiore (la fleur de lys est l'emblème de Florence) au centre de l’histoire de l’art du quattrocento (XV° siècle).
L'Arte di Calimala (corporation de la laine) avec un aigle pour emblème comme celui figurant au sommet de l’église san Miniato al monte, archétype de l’architecture florentine, fait aussi commerce de parfums et d’épices.
Elle organise pour la porte du baptistère un concours remporté par Ghiberti. 
« la plus belle œuvre qui se soit jamais vue au monde, tant chez les Anciens que chez les Modernes » Vasari.
Après les crues de l’Arno en 1965 et des restaurations qui ont duré 40 ans, 
l’original est exposé au Museo dell’Opera del Duomo.
Sur une des plaques « Jésus au milieu des Docteurs » 
reviennent « les corps terrassés par le christianisme médiéval ».
Brunelleschi, architecte du
« Doumo», avec lequel il part à Rome, où il y a de quoi fouiller dans les ruines, va aussi l’influencer.
Son premier « David » en marbre de 1408 est sage, 
encore un peu gothique, bien que déhanché.
Alors que celui de 1430 à la grâce curviligne, à la nudité « héroïque », commandé par Cosme de Médicis, emblématique de son travail, est devenu un symbole politique, les marchands rêvant de République terrassant Goliath (Pise, Sienne, Venise et pape).
« La Vierge à l’enfant »
en terre cuite se montre audacieuse avec 
l’enfant qui enserre la mère aimante dans ses bras.
Il rit avec « La madone Pazzi » au profil grec, toute de tendresse.
Entourée de putti antiques la
« Madone dans les nuages » 
songe au destin tragique de son fils.
« Saint Georges »
bien qu’ayant perdu son épée et son casque 
s'apprête à entrer dans l’action.  
Au dessous « Saint Georges délivre la princesse» 
le stiacciato (relief aplati) révèle une perspective nouvelle.
« Saint Louis de Toulouse »
en bronze est installé dans l'église d'Orsanmichele pour les guelfes, parti du pape, rivaux de Gibelins partisans de l’Empire. 
Le fils aîné du souverain de Naples et de Sicile mort à 23 ans avait renoncé à son droit d'aînesse pour entrer dans un ordre mendiant.
 Autour du vide central dans « Le Festin d’Hérode » pour les fonts baptismaux du baptistère de Sienne,les personnages sont effrayés par la tête coupée de saint Jean Baptiste demandée par  la lumineuse Salomé qui danse dans une autre version en marbre de Carrare pour Laurent de Médicis. Les perspectives essentielles adoptent les principes de l’ouvrage « De pictura » d’Alberti.
Donatello
en collaboration avec Michelozzo réalisent « La chaire du dôme de Prato » 
les petits anges dansent joyeusement.
Au dessus de « L'Annonciation Cavalcanti » en Pietra serena (grès) 
ils ont la frousse.
Le contraposto de la vierge exprime son acceptation malgré sa crainte.
A Padoue pour le condottière surnommé Gattamelata (Le chat mielleux) 
il propose une statue équestre qui aura beaucoup de succès.  
« Si je continue à rester ici (à Padoue), leurs éloges me feront oublier tout ce que je sais; à Florence, au contraire, les critiques incessantes de mes compatriotes me forcent constamment à tenter de nouveaux efforts et, partant, me procurent une gloire nouvelle. »
Le visage asymétrique de « Saint Jean Baptiste » est émouvant
comme « La Madeleine » vieillissante, décharnée, au visage émacié dont on a retrouvé des fils d’or dans la chevelure l
ors de sa restauration en 1972.
« Judith »
toute à sa fureur, a vaincu Holopherne, elle symbolise Florence, la liberté. Donatello travaille jusqu’à sa fin, le 13 décembre 1466, malgré des problèmes de vue et d’arthrite. Ses funérailles seront grandioses. 
« Le grand Donatello et le merveilleux Michel-Ange, les deux plus grands hommes qui aient existé depuis l'antiquité jusqu'à nos jours » Benvenuto Cellini.

1 commentaire:

  1. Savoureux, ce portrait, où j'apprends des anecdotes qui me font rêver...Saint Louis de Toulouse, fils aîné de souverain qui renonce au monde pour entrer dans un ordre mendiant... Saint François n'est pas loin, là, lui qui ne venait QUE d'une famille de riches marchands (drapier ? laine ? j'oublie). La vie est mystère. Une pensée pour le pauvre... père qui a vu cet enfant lui échapper, échapper à son destin, tout tracé ? pour quelque chose qui a du lui paraître complètement... fou, à l'époque, comme à la nôtre, d'ailleurs.
    Le second David de Donatello glorifie peut-être la République, mais avec la nudité grecque qui faisait horreur aux Romains. Ah... ces paradoxes. Pourquoi est-ce que je ne suis pas émue en entendant ces remarques sur la gloire de la République, quand on songe combien son architecture est tristement... carrée ? J'ai du mal à croire que l'esprit de la République dominait ? à Florence au moment de cette re-naissance que nous y voyons maintenant. Le climat devait être plus touffu, plus complexe.
    Savoureux aussi, le jugement de Donatello sur la tentation de rester sur ses lauriers, ou... progresser. Mais les dernières sculptures (je suppose) me font penser à l'évolution de la peinture de Botticelli, et l'assombrissement qui ternit la grâce et la beauté des premières oeuvres. L'évolution du climat politique (et religieux) de Florence y était pour quelque chose..." La (vieille) Madeleine" est certes un chef d'oeuvre, mais, vieillissante que je suis moi-même, j'aime mieux regarder le "David". On peut me comprendre/pardonner, je l'espère...surtout que je suis loin d'être la seule à éprouver ceci.

    RépondreSupprimer