« Ecrire ça
demande un second temps parallèle au premier.
Etre au monde intensément, tout
en n’y étant plus.
Etre vivante et morte. »
L’écri-vaine, dont la finesse d’écriture fait la force, rend
compte de la vieillesse qui vient, et des sentiments humains accordés aux vibrations
de la nature : un hymne à la vie alors que s’annonce une catastrophe à
venir.
« Soudain dans la boue
des batailles se sentir en vie. »
Au bout du bout d’un chemin accessible seulement en 4X4 au
lieu-dit « Les Bois-bannis », au bout de sa vie avec son compagnon ironique
caché sous les livres, elle a recueilli une chienne baptisée « Yes ».
« De mon côté,
j’expérimentais presque désespérément le fait qu’avec presque plus rien on
pouvait se sentir être au monde. Eprouver de la joie. Je devais beaucoup à Yes.
Elle était la joie. »
Depuis ce lieu isolé, elle ne parle pas seulement au cœur
des mémères à chien-chien mais aussi aux lugubres dont les indulgences envers ces
écolos féministes de la première heure peuvent s’affirmer puisque la condition
humaine ici n’est pas dévalorisée par la célébration des animaux et des arbres, au
contraire.
« On ne s'ennuie
pas avec lui [l'humain]. Il est le grand personnage du roman de la Terre. Rien
d'un héros positif. Non, non, surtout pas. Qu'on arrête avec ça. Plutôt un beau
salaud. Sera-t-il condamné ? Va-t-il s'en sortir ? Trouver l'issue ? Ou se
suicider ? Surtout, surtout, ne pas raconter la fin. D'ailleurs personne ne la
connaît. Ne pas compter sur lui, l'humain. Sur l'humain, on ne peut pas
compter. Se méfier de lui. »
Ça a l'air intéressant, mais...
RépondreSupprimerUne bonne partie de ma vie, et surtout ces dernières années où le vieillissement est bien là comme un compagnon, presque, j'ai réalisé qu'il fallait slalomer, louvoyer dans l'existence sur les lignes d'une crête avec des précipices de chaque côté.
Au moment où on sort les vieux et si usés clichés sur l'égoïsme, on ne parle quasiment plus de la dévastation que produit... la haine de soi, l'absence de pitié envers soi-même, et son état de faible (oui...) créature vulnérable.
Mais en contrepartie, il faut bien rester... debout, et je choisis soigneusement ce mot pour toutes les associations qui peuvent aller avec, et c'est précieux, indispensable, même pour d'autres que nous, de rester debout. Ce n'est pas simple de rester debout en vieillissant, mais pas du tout.
Certes, le rouleau compresseur des campagnes pour... encore plus d'isolement ? d'isolation ? ne nous aide pas à nous réconcilier avec la glaise que nous sommes, mais nous sommes les maîtres de la création, sur bien des plans, et la victoire est... amère. Normal. C'est comme ça depuis la création...
J'entends des gens qui semblent penser que les bêtes sont meilleures que nous, mais, à la dernière nouvelle, les rapaces sont sur les fils téléphoniques quand il y en a, et ils attendent leur dîner comme des hyènes. Tous les rapaces font-ils cela ? Tous les hommes sont-ils des salauds ? J'aime penser que même les rapaces ont un... choix dans cette affaire, et que ce n'est pas une affaire d'habiter à côté d'une grande route ou pas. Pourquoi pas ?
Ressusciter la dignité de l'Homme avec la dignité des animaux ? Un beau projet.