Les biographies parallèles du peintre consacrant sa vie à
son art et du politique emblématique, se fondent sur une amitié profonde entre deux travailleurs obstinés.
« La relation de
Monet et de Clemenceau se nourrit d’une admiration réciproque.
Monet pour
l’énergie de Clemenceau ;
Clemenceau pour la force créatrice de Monet.
Elle se nourrit également d’une opposition.
Celle de l’Impressionnisme et de la
République contre les conservatismes et les conformismes. »
20 pages de notes scrupuleuses de références des citations
s’ajoutent aux 270 pages d’une écriture agréable :
« C'est fini? -
oui. Et les deux hommes, si grands, s'embrassèrent en pleurant dans ce jardin
d'automne où les roses s'étaient retenues de mourir. »
Ce retour vers un monde éloigné peut nous éclairer
aujourd’hui quand il est question du « Tigre »:
« C’est le sort des hommes politiques- je
parle des hommes de combat- d’être exposés à toutes les surprises, à tous
les attentats. Autrefois, on les assassinait ; c’était l’âge d’or.
Aujourd’hui, contre eux, l’entreprise réputée infâme paraît légitime ;
contre eux, le mensonge est vrai ; la calomnie, louange ; la
trahison, loyauté… Dans une démocratie où tous les appétits, tous les intérêts,
toutes les passions sont publiquement aux prises, quoi de plus tentant que de
profiter sans scrupules de tous les incidents pour chercher à troubler
l’opinion par des attaques personnelles des plus violentes. » Il se
défend : « Où sont les millions ? » La campagne se déroule
dans un climat de violence inouïe. Les attaques les plus insultantes et les
plus basses sont lancées contre Clemenceau : « Vous sentez le
cadavre » est même l’objet d’une affiche.»
(J.-N. Jeanneney, Clemenceau, portrait d’un homme libre, op. cit., p. 39.)
(J.-N. Jeanneney, Clemenceau, portrait d’un homme libre, op. cit., p. 39.)
Au tournant des siècles précédents, pour les étudiants
arrivés à Paris c'est :
« La liberté, les
idées nobles, l’espoir en l’avenir enivrent les jeunes gens ; ils rêvent
d’une république universelle, de la fraternité entre les peuples, de la fin de
la misère. »
Après la guerre de 70, celle de 14 :
« … qui
s’annonce va révéler la vraie nature des deux hommes. D’un côté, un Clemenceau
qui s’engage dans l’action et ne vit que pour la politique et de l’autre, un
Monet qui s’exile à Londres pour peindre et fuir une guerre qui ne le concerne
pas. »
Si l’un a laissé une trace avec ses pinceaux lumineux, l’autre d’une lucidité
efficacement exprimée nous ravit toujours :
« Tout le monde
peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c'est faire de la
politique. »
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