Par le prisme du verre au cours de l’histoire de l’art, le
conférencier devant les amis du musée de Grenoble, nous invite à
« réfléchir » à l’histoire de notre civilisation.Tellement présent et transparent qu’on ne le voit plus. « Les
oiseaux de nuit », Hopper. Pas de Vulcain, ni de mythe, de récit pour évoquer la source
des transparences et des reflets, issue de la rencontre du sable et du feu.Des orfèvres, 4000 ans avant notre ère, incrustaient sur le « Sarcophage
de Toutankhamon » des lignes bleues qui n’étaient pas du
lapis-lazuli.Après avoir été moulé, soufflé, ses usages sont devenus
innombrables à l’époque romaine, maintenant qu’il est transparent, 200 ans
avant JC, « Coupe de Lycurgue».A Pompéi, « Nature morte aux Pêches et à la
cruche en verre » trompe l’œil,comme « Le vieillard regardant par la
fenêtre » de Samuel van Hoogstraten en 1653.A comparer un portrait du japonais Utamaro : « Fleurs d'Edo » de la même époque que « Madame Juliette Récamier » de Jacques Louis
David, il est clair que les autres continents n’ont travaillé ni le
réalisme ni la perspective, préoccupation datant chez nous de la Renaissance.« Tombe de Nebamon – Jardins » égyptienne et « Chasseurs
dans la neige» flamands.
En Chine, les arts étaient liés à la poésie, en Inde à la
danse, en occident à la science. Dürer utilisait un « perspectographe »
et Vermeer,
une chambre noire, le premier plan de « La dentelière » est
flou. Les tesselles des mosaïques du sud, étymologiquement
« consacrées aux muses », peuvent être en verre, accompagnées d’or au
« Baptistère Saint-Jean-Baptiste »,
à Florence,
la lumière devient divine.Au nord de l’Europe ce sont les vitraux qui font des musées
de verre, « La sainte chapelle ». Comme la lumière traverse le verre sans le casser, l’esprit
saint a laissé vierge Marie.Dans l’ « Annonciation » de Memling,
à la peinture à l’eau, la burette est bouchée,comme chez Van der Weyden, à l’huile.Dans la tentation de Saint Antoine « Triptyque » de Grunwald, un démon blasphème en cassant les
carreaux, la lumière de l’extérieur n’étant plus transfigurée en ce lieu sacré.Au moyen âge, dans le « Roman d’Alexandre »
la
science fiction amène le verre à devenir un instrument d’investigation. Et bientôt il n'y a plus
de limite à la lecture, grâce aux bésicles.
« Saint Jérôme » un des patrons des opticiens, d’ Hendrik
Bloemaert. L’urinal a pu symboliser la médecine médiévale
« Livre
des propriétés des choses » de Barthélemy l'Anglais. Rogier van der Weyden a utilisé un
miroir pour se peindre en « Saint Luc dessinant la
Vierge » le patron des
peintres, « miroirs intelligents », qui comme Dieu peuvent
tout représenter.« Auto
portrait » Parmigianino. Le miroir est un luxe.
Le verre fragile figure en bonne place dans « Vanité »
de Philippe
de Champaigne.Omniprésent dans « Le jardin des délices »
où sont répertoriés les péchés qui conduisent à l’enfer, il recouvre une terre
(plate) lorsque le triptyque de Bosch est refermé. Dans le « Triptyque de Merode » de Robert Campin,
les carreaux de la maison luxueuse sont dans la partie haute des fenêtres, mais
l’artisan n’a pas de vitrage, le château de Chambord n’en avait pas non plus.
Le papier est huilé dans « La vocation de Mathieu »
du Caravage.
Avec le « show room » de la « Galerie des glaces » à
Versailles, Colbert a ruiné Venise en employant des artisans de Murano, le
verre devenant le grand ordonnateur de la symétrie et de l’harmonie. Dévoyé en verroteries destinées
aux colonies, il triomphe lors de la première exposition universelle en 1852 au
« Cristal
palace ». Alors que les fenêtres étaient en papier au Japon
jusqu’en 1907,
Asahi est devenue la plus grande entreprise verrière au monde.Avec « Fresh Widow » «
veuve effrontée » jouant avec
« French Window » fenêtre bouchée de cuir de Duchamp,
encore lui, signe la
fin du « Paragone » (comparaison)
mettant en concurrence peinture et sculpture. La querelle était déjà bien défraichie
depuis qu’un miroir a permis le
recto/verso,
« La vieille coquette » Bernado Strozzi.Magritte, explicite et énigmatique à la fois,
explose la barrière du réel et de sa représentation dans « La clef des champs »
et la baie vitrée du « Western Motel » d’ Edward Hopper est
invisible.
« Dans la vie,
rien n'est vrai rien n'est faux, chaque chose a la couleur du verre à travers
lequel on la regarde. » anonyme
Merci pour le résumé, Guy.
RépondreSupprimerJe vois un monde de différence entre la Galérie des Glaces et le Crystal Palace. Dans Versailles, il y a encore des arches et des courbes alors que dans le Crystal Palace, tout est carré ou rectangulaire. Je trouve que la vie est triste quand tout est carré et/ou rectangulaire dans l'architecture. D'une tristesse qui peut même conduire au désespoir.