Nous déposons les
clés dans la boîte à code de la rue de Bâle avant de quitter Mulhouse et de partir pour Ungersheim.
L’écomusée
d’Alsace ouvre à 10h. Nous arrivons dans les premiers, garons la voiture dans
le grand parking sous auvent prévu pour les visiteurs. Quelques minutes
d’attente puis nous présentons nos Pass sanitaires + nos cartes d’identité pour
accéder aux guichets où nous obtenons billets et plan du site.
Nous pénétrons
dans un village reconstitué dont les maisons traditionnelles proviennent de
toute l’Alsace, démontées puis fidèlement remontées pour former un bourg en
pleine nature. Elles montrent des
caractéristiques régionales différentes notamment dans les colombages. Certaines
très anciennes datent de la Renaissance.L’intérieur habitable se résume à une
chambre à coucher avec un lit plutôt étroit pour deux personnes, une cuisine et
une pièce de vie, l’ensemble de taille
relativement petite. Le bois domine comme matériau.
Des meubles, des objets du
quotidien, des ustensiles d’époque pour la cuisine ou des machines à coudre,
des vêtements (peu) renseignent sur les
modes de vie et permettent de se projeter dans le passé. Chaque maison possède
son poêle en faïence si typique, il diffère en fonction de la richesse ou du
statut social de ses propriétaires. Une maison se distingue des autres par
quelques objets utilisés par des juifs qui bénéficiaient
ici d’une plus grande acceptation qu’ailleurs.Mais le
musée ne se contente pas d’exposer une collection de maisons. La reconstitution
s’étend aussi aux métiers et à l’activité humaine telle qu’elle existait dans
les années 1920. Ainsi, des ateliers de forge, de charron, de potier, de
cordonnier, de mécanique, fonctionnent
selon les techniques et savoir-faire d’antan, grâce à des artisans
travaillant en costume sous les regards des touristes. Des paysans s’occupent
de la vigne, ils soignent et élèvent des
animaux de ferme dans les dépendances des vieilles maisons, équipées de cour et
pour certaines de pigeonnier magnifique. Nous croisons des cochons noirs et
leurs petits, des brebis, des ânes, des vaches, enfin des locales, des
vosgiennes, ou encore un bouc odorant. Au détour d’un chemin, un bœuf placide
tire sa charrette de foin. Des volailles, poules, canards, oies, s’intègrent
parfaitement dans ce paysage.
Un paon s’envole dans un arbre pour se soustraire
à un groupe bruyant d’enfants un peu
trop « affectueux ». Il y a même un rucher au milieu d’un champ de
fleurs roses, et pour que les abeilles ne se trompent pas de ruches, chacune
d’elle possède une petite porte d’accès de couleur vive et différente encastrée
côte à côte. Enfin, quoi de mieux que des cigognes en liberté nichant à 2 ou 3
par nid, - et des nids, il n’en manque pas ! - pour parfaire l’ambiance
alsacienne ? Leurs claquements de bec nous accompagnent comme un décor sonore.
Outre les
activités professionnelles vivantes, apparaissent aussi de simples reconstitutions de commerces et de
services sans l’intervention humaine:
Barbier/coiffeur, mercerie,
épicerie, sabotier, sellerie, huilerie, tonnelier, vannerie, distillerie de schnaps,
auberge, brasserie, une maison de pécheur,
une école, une gare ; une exposition de bonnets féminins en
dentelle complétée par la fameuse coiffe encombrante alsacienne occupe à elle
seule une demeure.Transféré à
l’écomusée et relégué au bout du village, le musée de la Doller s’emploie à
faire connaitre l’œuvre d’André Bindler.
Ce paysan ouvrier né en 1979,
a développé un art populaire et naïf. Il tire son
inspiration d’animaux , mais aussi de monuments tels que Notre de Paris, la
tour Eiffel ou même la tour de Pise, il
reproduit en modèle réduit des maisons et des églises alsaciennes
comme Roméo et Juliette, Charlot, et
revisite des éléments de la nature avec des champignons, des arbres peints. Tout
cet univers habitait à l’origine le jardin de son créateur, et en bien des
points la démarche nous rappelle celle de Roger Mercier à Damerey. Nous nous
accordons une pause repas assez tardive sur place, dans une maison, adaptée en
self près du logement et atelier du vannier : salade de crudités, tranche
de pâté croûte consistante, et blocage de la CB…
Ha ! Merci beaucoup pour cette visite, d'autant qu'il paraît que le chef de l'Etat veut aggraver la pression qui pèse sur moi pour ne pas accéder à la culture, donc,la culture muséale. Comme ça... je visite le musée, et je t'en suis reconnaissante.
RépondreSupprimerJe me demande quand-même... quel est le statut des employés qui "exercent" des reconstitutions de métiers anciens. Quelle compétences ont-ils ? De quel savoir disposent-ils, par comparaison, ou contraste avec les personnes habitant dans les communautés Amish, aux U.S. par exemple qui continuent à exercer ces métiers... pour de vrai ? Et comment vivent-ils cela ? Comment font-ils la transition pour rentrer chez eux dans le monde "moderne" à la fin de leur journée ?
C'est troublant.
C'est bien de voir qu'en 1921 et des poussières, le salon de coiffure a déjà une machine qui fonctionne comment ? Sans électricité, je suppose...
Les machines s'apprêtent à déferler en grandes vagues, en 1921. A être généralisées.
Et puis, c'est étrange de penser que cette reconstruction est située autour de 1921. Pour moi, ce n'est pas si vieux que ça. Ma mère est née en 1920.
C'est le genre de "détail" qui me déstabilise beaucoup, de penser combien cela est finalement... tout proche de nous (de moi, en tout cas).
Un monde avec plus de gaieté (dans les couleurs et les formes) que la nôtre, je trouve. Nous, les modernes, ne sommes pas si gais que ça. Et la joie... me semble très loin maintenant.
Encore merci. Un moment émouvant.
Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Oui ce lieu est comme un théâtre; mais on peut y accéder sans problème comme en tous lieux de culture, suffit du pass sanitaire.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas pour quelle raison tu mets la citation de Bossuet, Guy...
RépondreSupprimerEn tout cas, elle me semble assez vrai, quelles que soient les convictions des intéressés.
Les questions que j'ai posées ci dessus.. RESTENT, à mes yeux, et elles sont intéressantes dans la mesure où elles interrogent notre rapport très problématique à la fiction en ce moment.
Et je reste reconnaissante pour la visite.
Tu ne cesses de regretter un amenuisement de ta liberté que tu as toi même créé.
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