mercredi 5 janvier 2022

L’écomusée d’Ungersheim.

Nous déposons les clés dans la boîte à code de la rue de Bâle avant de quitter Mulhouse et  de partir pour Ungersheim.
L’écomusée d’Alsace ouvre à 10h. Nous arrivons dans les premiers, garons la voiture dans le grand parking sous auvent prévu pour les visiteurs.
Quelques minutes d’attente puis nous présentons nos Pass sanitaires + nos cartes d’identité pour accéder aux guichets où nous obtenons billets et plan du site.
Nous pénétrons dans un village reconstitué dont les maisons traditionnelles proviennent de toute l’Alsace, démontées puis fidèlement remontées pour former un bourg en pleine nature.
Elles montrent des caractéristiques régionales différentes notamment dans les colombages. Certaines très anciennes datent de la Renaissance.
L’intérieur habitable se résume à une chambre à coucher avec un lit plutôt étroit pour deux personnes, une cuisine et une pièce de vie, l’ensemble  de taille relativement petite. Le bois domine comme matériau. 
Des meubles, des objets du quotidien, des ustensiles d’époque pour la cuisine ou des machines à coudre, des  vêtements (peu) renseignent sur les modes de vie et permettent de se projeter dans le passé.
Chaque maison possède son poêle en faïence si typique, il diffère en fonction de la richesse ou du statut social de ses propriétaires.
Une maison se distingue des autres par quelques objets utilisés par des juifs qui  bénéficiaient  ici d’une plus grande acceptation qu’ailleurs.
Mais le musée ne se contente pas d’exposer une collection de maisons.
La reconstitution s’étend aussi aux métiers et à l’activité humaine telle qu’elle existait dans les années 1920.
Ainsi, des ateliers de forge, de charron, de potier, de cordonnier, de mécanique, fonctionnent  selon les techniques et savoir-faire d’antan,
grâce à des artisans travaillant en costume sous les regards des touristes.
Des paysans s’occupent de la vigne, ils soignent et  élèvent des animaux de ferme dans les dépendances des vieilles maisons,
équipées de cour et pour certaines de pigeonnier magnifique.
Nous croisons des cochons noirs et leurs petits, des brebis, des ânes, des vaches, enfin des locales, des vosgiennes, ou encore un bouc odorant. Au détour d’un chemin, un bœuf placide tire sa charrette de foin. Des volailles, poules, canards, oies, s’intègrent parfaitement dans ce paysage.
Un paon s’envole dans un arbre pour se soustraire à un groupe bruyant  d’enfants un peu trop « affectueux ».
Il y a même un rucher au milieu d’un champ de fleurs roses, et pour que les abeilles ne se trompent pas de ruches, chacune d’elle possède une petite porte d’accès de couleur vive et différente encastrée côte à côte.
Enfin, quoi de mieux que des cigognes en liberté nichant à 2 ou 3 par nid, - et des nids, il n’en manque pas ! - pour parfaire l’ambiance alsacienne ? Leurs claquements de bec nous accompagnent  comme un décor sonore. 
Outre les activités professionnelles vivantes, apparaissent aussi  de simples reconstitutions de commerces et de services sans l’intervention humaine: 
Barbier/coiffeur, mercerie, épicerie, sabotier, sellerie, huilerie, tonnelier, vannerie, distillerie de schnaps, auberge, brasserie, une maison de pécheur, 
une école, une gare ;  une exposition de bonnets féminins en dentelle complétée par la fameuse coiffe encombrante alsacienne occupe à elle seule une demeure.
Transféré à l’écomusée et relégué au bout du village, le musée de la Doller s’emploie à faire connaitre  l’œuvre d’André Bindler.
Ce paysan ouvrier né en 1979, a développé un art populaire et naïf.
Il tire son inspiration d’animaux , mais aussi de monuments tels que Notre de Paris, la tour Eiffel ou  même la tour de Pise,
il reproduit en modèle réduit des maisons et des églises alsaciennes 
 il se lance aussi dans la représentation de personnages caricaturaux ou plus connus
comme Roméo et Juliette, Charlot, et revisite des éléments de la nature avec des champignons, des arbres peints.
Tout cet univers habitait à l’origine le jardin de son créateur, et en bien des points la démarche nous rappelle celle de Roger Mercier à Damerey.
Nous nous accordons une pause repas assez tardive sur place, dans une maison, adaptée en self près du logement et atelier du vannier : salade de crudités, tranche de pâté croûte consistante, et blocage de la CB…

4 commentaires:

  1. Ha ! Merci beaucoup pour cette visite, d'autant qu'il paraît que le chef de l'Etat veut aggraver la pression qui pèse sur moi pour ne pas accéder à la culture, donc,la culture muséale. Comme ça... je visite le musée, et je t'en suis reconnaissante.
    Je me demande quand-même... quel est le statut des employés qui "exercent" des reconstitutions de métiers anciens. Quelle compétences ont-ils ? De quel savoir disposent-ils, par comparaison, ou contraste avec les personnes habitant dans les communautés Amish, aux U.S. par exemple qui continuent à exercer ces métiers... pour de vrai ? Et comment vivent-ils cela ? Comment font-ils la transition pour rentrer chez eux dans le monde "moderne" à la fin de leur journée ?
    C'est troublant.
    C'est bien de voir qu'en 1921 et des poussières, le salon de coiffure a déjà une machine qui fonctionne comment ? Sans électricité, je suppose...
    Les machines s'apprêtent à déferler en grandes vagues, en 1921. A être généralisées.
    Et puis, c'est étrange de penser que cette reconstruction est située autour de 1921. Pour moi, ce n'est pas si vieux que ça. Ma mère est née en 1920.
    C'est le genre de "détail" qui me déstabilise beaucoup, de penser combien cela est finalement... tout proche de nous (de moi, en tout cas).
    Un monde avec plus de gaieté (dans les couleurs et les formes) que la nôtre, je trouve. Nous, les modernes, ne sommes pas si gais que ça. Et la joie... me semble très loin maintenant.
    Encore merci. Un moment émouvant.

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  2. Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Oui ce lieu est comme un théâtre; mais on peut y accéder sans problème comme en tous lieux de culture, suffit du pass sanitaire.

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  3. Je ne comprends pas pour quelle raison tu mets la citation de Bossuet, Guy...
    En tout cas, elle me semble assez vrai, quelles que soient les convictions des intéressés.
    Les questions que j'ai posées ci dessus.. RESTENT, à mes yeux, et elles sont intéressantes dans la mesure où elles interrogent notre rapport très problématique à la fiction en ce moment.
    Et je reste reconnaissante pour la visite.

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  4. Tu ne cesses de regretter un amenuisement de ta liberté que tu as toi même créé.

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