dimanche 9 janvier 2022

Candide. Arnaud Meunier.

Le conte philosophique de Voltaire est représenté d’une façon susceptible de séduire le public des lycées, en mêlant comédie et réflexion, sans la démagogie que me faisait craindre quelques déclarations le directeur de la MC2 qui avait déjà présenté ce travail à Saint Etienne. 
« Pangloss disait quelquefois à Candide :-Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. »
L’optimisme de Candide a été mis à l’épreuve depuis la Westphalie en passant par la Bulgarie, Lisbonne, Buenos Aires, Venise, Paris, Constantinople... malgré un passage au pays d’Eldorado.
Les acteurs conteurs tiennent allègrement plusieurs rôles sous les rythmes enjoués de deux musiciens dans une mise en scène simple, bien éclairée, sans que la vidéo fasse gadget.
Le « Tout pour ma gueule » ne date pas d’aujourd’hui, ni la bêtise, et l’esclavage était dénoncé il y a 224 ans avec force, comme la situation des prostituées...L’ironie s’exerce sur les quartiers de noblesse, alors la gravité ne prend que plus de relief lorsque sont décrites les atrocités de la guerre et les abus des religions.
Si j’ai eu le plaisir de retrouver:  
« le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice, et le besoin. » 
j’ai été surpris par quelques murmures qui ont accompagné le fameux dicton. 
Voilà un bon équilibre entre le plaisir du jeu et le respect d’une œuvre qui n’a pas besoin de clins d’œil appuyés à l’actualité pour nous parler. Les scènes se succèdent vivement sans que cela altère la quête obstinée du jeune homme amateur de contradictions philosophiques.

 

1 commentaire:

  1. Vive... la candeur, la franchise, dans un pays qui a oublié ce qu'est le franc.
    Oui, le travail fait oublier l'ennui, le vice, le besoin, même des fois, la faim, et encore plus quand il n'est pas réduit à l'exécution de taches fractionnées, pour réduire les travailleurs à de simples exécutants dans un dispositif mécanique industriel à grande échelle "pour le bien de tous".
    Encore mieux le travail quand il est... noble, et le travail domestique, à la maison, la sienne, non monnayé, à l'abri des sanctions d'employeurs parfois tatillons et esclavagistes (pas tous, certes), rend encore plus libre qu'on le fait à son rythme, à son gré, en étant son propre employeur, dans le meilleur des cas.
    Cultivons notre jardin. Lavons nos parterres.
    Fin de publicité ? sermon ? pour aujourd'hui.

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