dimanche 21 novembre 2021

Oblomov. Ivan Gontcharov. Robin Renucci.

Devant le public de l’Hexagone de Meylan resté après le spectacle de 2h ½, Robin Renucci, directeur des tréteaux de France, plaçait l'adaptation de l’œuvre du russe au début d’une nouvelle trilogie consacrée au temps après avoir traité précédemment du travail et de l’argent à partir de textes du milieu du XIX° siècle.  
Le personnage principal sorte d’ « Alexandre Le Bienheureux », pas heureux, représente tellement un archétype que l’ « oblomovisme » est devenu un terme dans le monde slave désignant la paresse, l’inertie, comme on dit « donjuanisme ».
Le dispositif scénique est joliment éclairé et le découpage des scènes intéressant. Il conclut vivement une existence tellement passive que c’est difficile de l’interpréter comme une critique de l’affolement contemporain ou de l’avidité capitaliste.
Oblomov, le propriétaire terrien se soucie exclusivement de lui-même et les femmes penchées sur sa couche sont réduites à des rôles subalternes d’infirmière des âmes ou de pourvoyeuse de tourtes; quant à l’enfant, une ombre, il est confié à une autre mère.
Cette histoire d’un grabataire volontaire est peut être un signe des temps mais « On arrête tout, on réfléchit (et c'est pas triste) » daté des années 70 me semble hors de propos, alors que tant d’individus fatigués avant d’avoir travaillé ne voient plus leur lien à la société, ni de vocation personnelle. Il était commun d’envisager d’être pompier pour les enfants de jadis, maintenant qu’ils se font caillasser, il vaut mieux se tenir derrière son écran ... de fumée.

 

1 commentaire:

  1. Je remarque combien le phénomène idéologique moderne tend à ressasser l'idée que le fait de soigner les âmes, et nourrir les corps sont des activités subalternes (et les personnes qui les accomplissent... des esclaves...).
    Je ne trouve pas. Je continue à pouvoir croire en ma propre noblesse ? en essayant de prendre soin des âmes, et en nourrissant les corps (et les âmes...) dans l'activité de la cuisine (à la maison, et majoritairement sans recettes aussi, sauf les recettes que j'invente avec mes propres petits neurones), par exemple.
    Je regrette que tant de mes contemporains sont partis dans une course effrénée pour décocher le Boulot Charmant (un métier ? je ne crois pas), dans une société qui carbure à fabriquer de nouveaux Boulot Charmants pour détrôner les anciens, et nous garder...tous sous le joug de la course, pour notre Bien.
    Chacun voit la servilité là où il peut, je suppose.
    Pour la paresse...je ne vois pas beaucoup de vertueux autour de moi en ce moment (et moi non plus je ne suis pas trop vertueuse), quand quasiment tous les ménages sont équipés de tant de gadgets, dont les lave vaisselles, qu'on s'obstine à nous vendre comme étant écologiques. Je ne le crois pas.
    Je crois que l'organisation de tant de progrès a contribué à fabriquer un otium souvent pénible, douloureux et odieux pour les pauvres créatures que nous sommes.
    Je regarde autour de moi les décombres de l'illusion moderne ? que nous serons tous sauvés par notre investissement dans le travail monnayé (pour les besoins de la fourmilière), mais je vois que cette croyance ? foi ? fait faillite, et que nous sommes encore à la recherche de Quelque Chose pour Nous Sauver.
    Une époque de grande incertitude...

    RépondreSupprimer