lundi 27 février 2012

Un homme qui dort. Georges Perec Bernard Queysanne.

Dans le cadre du cycle « Traversées Urbaines » la Cinémathèque de Grenoble présentait un film culte, « hypnotique » m’avait averti un de mes collègues cinéphile qui m’a permis d’étoffer cet article.
Plus que la déambulation dans la ville de Paris débarrassée de tout aspect touristique, c’est toute une époque parfumée à la Gauloise qui resurgit.
1974. Un étudiant vivant sous les toits, se déprend du monde en continuant à le lire
« Le Monde ». Une dépression douce où l’acteur Jacques Spiesser sur un texte lu par Ludmilla Mikaël, se montre indifférent, mesure la vacuité de la vie, en arrive à ne plus penser, sa seule attente est celle de la pluie.
Perec écrivait: « C'était le contraire des Choses..."Un homme qui dort " face à la multiplication des signes, la fascination, dit: « Vous m'emmerdez, ça ne me concerne pas votre petite échelle, vos promotions sociales. Je suis sac de sable sur un lit, je resterai sac de sable sur un lit. »
S’il est des « films miroirs » celui-ci est fendu, et en prolongeant une métaphore sculpturale : cette œuvre est née d’une soustraction de matière. Le cinéma a visé parfois à regrouper tous les arts : ici la musique née d’une goutte vient rejoindre une littérature à la recherche du mystère de l’individu : très occidental, très seventies.
Perec a été inspiré par Bartelby de Melville, décidément tendance ; est ce pour sa résistance, l'anti-transparence, chez un homme qui préfèrerait n'en rien faire : « I would prefer not to » ?
«Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas: la solitude, l'indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout: d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as côtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traîner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancœur opportuniste et lâche des liaisons qui s'effilochent.»

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