samedi 16 mai 2020

Les vies multiples d’Amory Clay. William Boyd.

Le récit d’une vie de photographe permet de  faire côtoyer la grande et la petite histoire avec une décontraction très british comme par exemple la mort du père le jour J. http://blog-de-guy.blogspot.com/2016/05/la-vie-aux-aguets-william-boyd.html
Amory, au prénom mixte, réussit quelques photos scandaleuses dans le Berlin des années 20  après avoir accompagné son oncle portraitiste de l’aristocratie anglaise, elle fréquente le milieu de la mode aux Etats Unis puis effectue des reportages lors de la fin de la seconde guerre. Ces expériences variées, toujours au bon endroit, mêlées à ses amours se lisent facilement :
« Les émotions intenses se diluent naturellement à mesure qu’on avance dans la vie, les moments d’intimité absolue deviennent des souvenirs banals dont on se rappelle à peine, comme des vacances dans un pays exotique, ou un cocktail lors duquel on aurait trop bu, ou une victoire dans une course le jour de la fête des sports à l’école - ça ne fait plus vibrer. »
Mais il faut tenir la longueur sur 545 pages et les péripéties s’accumulent bien assez à mon goût, malgré le charme des voyages, des descriptions qui ne perdent pas du temps, ainsi pour son frère :
« Le timide écolier éleveur de hamsters que je connaissais était parti à Oxford, avait publié un recueil de poésies et était devenu pilote de chasse. »
La jolie femme traverse le siècle, avec une distance qui lui permet de caractériser ceux qu’elle croise en jouant avec quatre adjectifs, voire plus :
« Comme nombre d’intellectuels français de l’époque Charbonneau entretenait une condescendance sophistiquée envers les Etats-Unis (primaires, vulgaires, philistins, zéro gastronomie, obsédés par le fric, etc…) mais était simultanément un américanophile passionné pour tout ce qui touchait à la culture (cinéma, jazz et littérature). »
Mais lorsque la baroudeuse ressort de sa retraite écossaise pour aller au Viet Nam :
«  On n’est pas des vieilles, on est mûres. On a vécu, on a de l’expérience… nous on voit les choses avec lucidité. »
OK mamie boom!
Bien que le titre original : "Sweet caress" laissait deviner une douce légèreté, dans le genre destin de femme photographe, celui là était plus vibrant :
 

1 commentaire:

  1. En voilà un que je ne lirai pas.
    Dans le registre de ce thème, j'ai un souvenir d'enfance d'un incident qui a eu lieu sur la Côte Est des U.S. il y a plus de 50 ans maintenant. Nous sommes descendus en famille dans un salon de thé huppé, à l'européenne, et mon frère et moi avons été mortifiés en compagnie du fils adolescent d'une amie californienne de ma mère qui avait pris une pâtisserie sur le chariot pour la mettre devant lui sur la nappe... sans assiette.
    Oui, à 10 ans j'étais scandalisée et mortifiée..
    Enfant, je pensais qu'une personne "mondaine", ou "worldly" était quelqu'un qui avait beaucoup voyagé, (ou qui savait qu'il fallait simplement indiquer à la serveuse quel gâteau on voulait pour lui la laisser mettre sur l'assiette) et je vois qu'à l'époque je n'étais pas loin du compte maintenant.
    Mais j'avais 10 ans à l'époque, et "on" pourrait me pardonner, je crois.
    Mais je dois dire que le jeune californien rustre, inculte, et.. bête... aurait pu attendre pour voir comment les choses se passaient avant de prendre le gâteau dans ses deux mains.
    De toute façon, pour tout inculte de la civilisation, je peux offrir une ligne de conduite sans faille (que je me fais un plaisir goulu d'enfreindre des fois) : NE JAMAIS PRENDRE QUOI QUE CE SOIT DANS LES DEUX MAINS (ou même une seule, sans qu'elle soit gantée et protégée).
    Tout le monde sait que... aux yeux d'une civilisation sophistiquée, européenne ou pas, d'ailleurs, les mains sont... sales, et il ne faut pas s'en servir. Ou bien... on se débrouille pour ne jamais les salir ?
    En y réfléchissant, peut-être que les romans excellents mais difficiles de Henry James qui explorent ce sujet sous tous les angles pourraient être... plus intéressants ?
    Oui, on côtoie un auteur pour son style, et l'univers de son style, et je ne peux rien dire pour Boyd..
    En tout cas, si je devais savourer les charmes de la désillusion, j'irais chercher ailleurs que dans les bras littéraires de Boyd.

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