samedi 9 mai 2020

Le cœur de l’Angleterre. Jonathan Coe.

Ces anglais des Midlands sont nos voisins.
« Adieu Vieille Angleterre, adieu
Adieu richesse sonnante et trébuchante
Si le monde s’était arrêté dans ma jeunesse
Je n’aurai jamais connu ces tristesses.»
De tous les âges: la mère vient de mourir et tout le monde est là pour son enterrement, son veuf  va vivre de souvenirs, leurs enfants sont désabusés, les couples de la génération des actifs se cherchent alors que le Brexit confirme les antagonismes:
« … pour lui, le premier modèle des relations humaines se ramenait à l’antagonisme et à la compétition »
 « Elle vit dans sa bulle et n’accepte pas que les autres puissent penser autrement qu’elle. Et ça lui donne une posture. Une posture de supériorité morale. »
Clown pour enfants, écrivain, universitaire, instructeur d’auto école, ils se confrontent au populisme au politiquement correct, à la fracture sociale :
«  la nostalgie, le mal anglais… la subtilité, le mal anglais », l’humour anglais : un bienfait.
Quelques scènes marquent ces dix dernières années : le retour du père dans son ancienne usine disparue, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Londres en juillet 2012 vue de différentes façons. Je n’avais pas le souvenir de telles violences avec des morts pendant les manifestations de 2011 ou lors de l’assassinat de la députée Jo Cox en 2016. Ces évènements habilement mêlés aux existences particulières permettent de relativiser nos affrontements hexagonaux mais rappellent les fractures économiques, sociales, politiques, culturelles qui viennent  nous griffer intimement.
« - Voilà, quand on atteint l'âge de soixante-dix ans, chaque décennie équivaut à un jour de la semaine.
- D'accord.
- Donc la vie commençant un lundi matin...
- OK »
Ces 544 pages agiles viennent s’ajouter à une liste d’auteurs bien aimés natifs d’une nation dont les défaites lors du « Crunch » nous réjouissent.
Même si l’échantillon ci-dessous est restreint, leur l’ironie nous permet de survivre.

1 commentaire:

  1. Je m'étais tâtée pour lire ce roman, mais 1) notre bibliothèque est fermée et 2) il est en français, ce qui me décourage.
    Je me trouve dans le cas de figure de vivre dans ma bulle, et ne pas supporter qu'on ne pense pas comme moi, mais... je laisse aux autres le soin de penser que je me trouve une supériorité morale. Personnellement, je trouve que souvent, les autres se mettent eux-mêmes en face de moi dans une position d'infériorité morale et spirituelle, mais qu'ils ne veulent pas se l'admettre. (Ah... les subtilités de la servitude volontaire sont inépuisables.) C'est très moche d'accuser l'autre de ton propre ressentiment à son égard, et surtout de la haine que TU VOUES A TOI-MEME de mon point de vue. Et cela suscite.. mon mépris, des fois. Pas toujours ; ça dépend de qui il est question, n'est-ce pas ? A la dernière nouvelle, dans une humanité qui prône encore et toujours la grande universalité de l'amour de l'humanité, je n'ai pas encore vu que nous étions devenus interchangeables les uns pour les autres.
    Et j'espère que nous le deviendrons pas, d'ailleurs...

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