vendredi 11 janvier 2019

Yellow subMarine.

Sous la chasuble à la couleur des vainqueurs du Tour de France, essaient de se glisser bras tendus et poings levés pour regonfler leurs biceps. Le sujet de l'article ci-dessous ne portera pas sur la justesse des revendications des gilets jaunes, au moment où le pacte démocratique est en danger et que les réponses me semblent insuffisantes face à des comportements illégaux se multipliant.
Ceux de gauche qui apprécient les divers pigments du monde auront pu exercer leur tolérance envers leurs voisins drapés de préférence dans le tricolore. Mais ceux qui évoquent les fumées des fours crématoires à la moindre remarque orthographique ne sont guère regardants sur leurs fréquentations récentes. Un tableau de Marcel Duchamp s'intitulait: " La Mariée mise à nu par ses célibataires, même", j'ai l'impression que la démocratie se dévore elle même. La présidente du R. national n'a même pas besoin de parler.
Lorsque la mondialisation est remise en cause en même temps par les chanteurs de l’Internationale et les crispés aux frontières, ces rapprochements interrogent.
Les mêmes pulsions a-démocratiques soudent les ex fronts de gauche et national repeinturlurés en un anneau de Möbius à vocation de chainon quand des forges de la haine sortent d’inquiétants couteaux. Et je retrouve avec plaisir une CFDT courageuse dénonçant les "factieux". L’organisation à laquelle j’ai consacré autrefois quelques heures militantes, entend reprendre une place dans le débat national, force de proposition à la fois pour le social et la transition énergétique.
Le rejet de la démocratie représentative est indécent de la part de ceux qui ont été portés en haut des affiches par le suffrage universel. Leur condamnation du bout des lèvres des violences est bien timorée. Ayant perdu quelques repères, le mélancheur confond Jean Baptiste Drouet avec Eric Drouet… et Minou Drouet ? « Ma personne est sacrée, je suis la République ». Des élus se font attaquer, menacer, cramer leur voiture, détériorer leur maison : pas d'indignation envers eux.
Des politiques ne voyant pas où est le mal à ce que la parole soit accordée seulement à ceux qui se disent sans appartenance,  mettent à mal la logique de leur propre engagement. Alors que le sous-marin jaune vient à la surface et pétatarade, un brin de lucidité et de courage vaudrait mieux que de la faschination.
Une vague populiste submerge l’Europe et nous regardons notre rond-point, les fake news deviennent la norme et les décodeurs sont ignorés, la mauvaise foi est la loi. Les G.J. ont table ouverte sur les plateaux pour fourrer tous les médias dans un même sac à mettre en Seine.
Quelques moyens d’information, trimballent leur mauvaise conscience d’avoir assimilé le "populaire" à la vulgarité qui fit Pen à voir, et miment l'étonnement que les vœux du président n’aient pas convaincu autour des feux de palettes. Vont-ils tellement de soi que les argumentaires sont bien rares pour défendre la légitimité des nos institutions, de nos élus, de nos lois?
Les référendums redeviendraient désirables, alors que le dernier en date concernant Notre Dame des Landes a été ignoré, sans troubler à cette époque les plus zélés soutiens des zadistes encouragés à persister à braver l’ordre public.
Electrisées par l’urgence qui fait passer au second plan les préoccupations environnementales, les critiques envers la vétusté du Sénat ou le trop grand nombre de parlementaires sont oubliées. Le rôle des députés plus portés à être présents à l’assemblée pour voter les lois valables pour tous que dans leurs permanences à flatter une clientèle, n’est pas assez valorisé, alors que d’autres élus à un autre niveau peuvent être amenés à répondre aux demandes sociales individuelles.
Dans un contexte où le virtuel a tout envahi, le « terrain » est divinisé, pourtant quand je lis dans le bulletin municipal de la ville de Saint Egrève, les vœux de l’opposition, je suis atterré. Celle-ci n’a jamais tant revendiqué son étiquette de gauche à mesure de son enkystement dans des positions conservatrices. Ses trois représentants demandent une pause dans la part prise par la commune au sein de l’agglomération concernant le logement et prennent la pose pour la photo afin de combler un espace d’expression sans idée, sans proposition. Permettre à des habitants nouveaux de se rapprocher de leur lieu de travail, diminuer quelque peu les embouteillages, favoriser peut être un prix de l’immobilier plus décent, partager des équipements collectifs performants, avoir le courage de contrarier ceux qui ne veulent pas d’immeubles dans leurs « petits quartiers », ce serait de gauche, solidaire et pas seulement dans des imprécations qui font pâlir les mots.

1 commentaire:

  1. Bon, Guy, il me semble important de faire la distinction entre démocratie directe et démocratie représentative sous forme de République.
    Pour ce que je vois, quand il y a une poussée urticante d'universalisme (aimez-vous TOUS les uns les autres, par exemple...) les frontières qui permettent de penser sont mises à mal. Ces distinctions ne sont pas faites à l'heure actuelle. Elles ne sont même plus visibles pour la plupart de nos pairs.
    La démocratie qui est promue actuellement est un idéal universel qui se confond dans l'esprit de Monsieur et Madame Tout le Monde avec la possibilité de... tout faire, tout dire, sans être jugé ou inquiété sur les actes ou les opinions. Une liberté... sans conséquences (surtout négatives...) en somme.
    La démocratie qui est dans les têtes est aux antipodes d'une démocratie représentative, ou d'une république construite sur la base de la représentation. Ne serait-ce que l'idée d'un suffrage.. UNIVERSEL permet de comprendre l'évolution du problème. (Je souligne le mot.)
    On finit toujours par avoir les inconvénients de ses avantages, voyons.
    Quand, dans les esprits, on en vient à soupçonner la représentation de.. MENSONGE, et on lui enlève sa légitimité, et bien, la baraque (politique) s'effondre. Surtout si on vit dans un système qui s'appuie sur la représentation.

    Je ne vais pas mettre dans le même bateaux TOUS les gilets jaunes, d'ailleurs. J'étais aux dernières manifestations bon enfant pour protéger les retraites du service public, et j'ai bien vu... de la casse. Mais pas par les manifestants. Là, on commençait juste à voir poindre les effets d'une tentative de rendre.. EGAL dans les têtes le service public d'ETAT, et les entreprises privées, et on commençait à voir les effets de l'idée qu'il fallait GERER L'ETAT COMME UNE ENTREPRISE, idée/idéologie qui promeut une grande confusion dans les têtes. (Là, je voudrais nuancer quand-même, parce qu'il n'y a pas n'importe quelle idée du fonctionnement de l'entreprise dans cette formulation. Il y a surtout un présupposé que l'entreprise doit engranger un maximum de profits chiffrés le plus rapidement possible, au dépens de sa survie dans le long terme.)
    L'engouement pour la construction des Etats-Unis d'Europe a masqué la perte de souveraineté à laquelle conduit un système fédéraliste pour des états-nations. Qui dit "souveraineté" dit.. autonomie, et AUTO-détermination. Qui dit souveraineté dit.. pouvoir. Et là, le peu d'histoire que j'ai à ma disposition me permet de dire que la construction de la fédération des Etats-Unis d'Amérique n'a rien de semblable, ni de comparable à la construction d'un système fédéral en Europe, pour des raisons démographiques et culturelles : les Européens sont arrivés de tous côtés, et PROGRESSIVEMENT aux U.S., et se sont installés souvent où il y avait DE LA PLACE (vide d'Européens), aux débuts du système FEDERAL. Tu vois ça à l'oeuvre en Europe à l'heure actuelle ? Moi, non. Moi, je vois.. PAS DE PLACE. Et une tentative de mettre en place un système fédéral dans l'après coup. Nuance.
    Je trouve que c'est... fou.. de vouloir mettre en place un système fédéral semblable à celui des Etats-Unis qui l'a mis en place il y a des lustres, dans un contexte bien différent, et encore plus fou à un moment où la FEDERATION des états.. désunis est confrontée aux problèmes que nous voyons devant nous.
    Mais je dois dire que "nous" aimons copier en France, Guy. Nous aimons beaucoup copier en nous félicitant de combien nous sommes originaux.

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