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L’historienne Michelle Perrot ne se contente pas de remercier
au détour d’une dédicace ceux qui l’ont aidée
pour ce travail, elle les met en scène dans un ouvrage bref mais passionnant ;
ainsi Gérard Mingat ancien instit’ à Notre
Dame de Mésage qui a travaillé sur l’histoire de la région.
Née en 1870, Lucie Baud devenue veuve d’un garde champêtre
de Vizille, mène la grève chez Duplan en 1902. En 1906, elle participe à Voiron
à un 1°mai historique. Elle tente de se suicider en septembre de la même année.
Elle meurt en 1913 à Fures, où elle est enterrée.
Mais bien des éléments de son existence sont incertains :
depuis une photographie pour laquelle l’historienne fait part de ses doutes jusqu’à
un texte qu’elle avait signé dans « Le mouvement socialiste », est ce
bien elle qui l’a rédigé ?
Dans ce texte, Lucie
dit rarement « je », au début et à la fin. Elle use du
« nous », gommant son action propre, sur laquelle la presse voire la
police qui l’a à l’œil, nous informe bien davantage. Sans doute pensait-elle
obscurément comme Jaromil, le jeune poète de Kundera, qu’on ne peut être
totalement soi même qu’à partir du moment où l’on est totalement parmi les
autres »
Le récit du livre en train de se construire, avec des
rencontres, des hésitations, n’est pas seulement original et honnête, il nous
captive car nous ne sommes pas prisonniers d’anecdotes. Nous participons à une
recherche où le contexte est rappelé dans une écriture chaleureuse qui nous
relie à ce début d’un autre siècle.
L’éclairage féministe n’est pas un effet de style,
il est indispensable pour saisir ce que ce destin avait d’exceptionnel. Les
préoccupations de l’auteure à parler du devenir des enfants, de leur fragilité,
ses questions concernant leur garde, les moyens de leur subsistance sont
rarement abordés dans ces ouvrages où les héros maniant les idées générales apparaissent
peu derrière les fourneaux. La solidarité ouvrière, la fièvre des luttes
primordiales peut éveiller des nostalgies, mais ne sont éludés ni le machisme régnant chez des
leaders syndicaux, ni le racisme à l’égard des italiennes qui vivaient dans des
conditions inhumaines dans les dortoirs de chez Permezel à la Patinière. Les
réseaux religieux pourvoyaient en main d’œuvre doublement asservie :
femmes et étrangères. L’une d’entre elles, morte de tuberculose pendant les
grèves, se nourrissait de pain trempé dans du vinaigre
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