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mercredi 9 décembre 2015

Sienne.

A 70 km de Florence la ville de la renaissance, Sienne la médiévale, sur ses trois collines, a plus de charme avec ses briques rousses que Florence et ses bossages.
Façon anodine de poursuivre la rivalité qui opposa les deux villes : 
Sienne des Gibelins partisans de l’empire contre les Guelfes de Florence du côté du pape.
Cependant au bout de quelques recherches, il semble que ce fut bien plus compliqué et que les grilles qui superposent des notions de droite et de gauche, de protestantisme et de catholicisme soient quelque peu anachroniques, d’autant plus qu’il y eut guelfes noirs( élite) et blancs (peuple).
En tous cas, de ces temps agités, subsistent ici des traces bien entretenues de 17 « contrade »  quartiers symbolisés par une tortue, un escargot, une panthère, un dauphin, un rhinocéros, un éléphant …
Ces clans s’affrontent lors des Palios du 2 juillet et du 16 août, avec parades hautes en couleur et course de chevaux sur la Piazza del Campo.
Les jockeys (fantino) sont souvent des sardes, étrangers à la ville, et les chevaux sont tirés au sort. Les banquets qui fêtent le vainqueur (après 1mn 13 s pour la course la plus brève) peuvent réunir plusieurs milliers de personnes.
La ville de 50 000 habitants fut une étape prospère sur la via francigena qui conduisait les pèlerins français vers Rome. 
Le passé très présent est photogénique et le souvenir de la victoire militaire contre Florence lors de la bataille de Montaperti en 1260 est parait-il encore vif. A partir de la peste de 1348, le déclin est enclenché, Florence prospère, elle,  avec ses Florins et les Médicis soumettent la ville qui n’a pas de cours d’eau. 
La piazza del Campo incurvée pour capter les eaux de ruissellement est divisée par 9 bandes claires en souvenir des seigneurs qui gouvernèrent la ville.
Construit dans le haut de la ville, le Duomo déjà imposant n’est qu’une partie de l’ouvrage initialement prévu mais abandonné.
Recouvert de marbre en bandes  noires et blanches à la façon mauresque, une partie gothique dorée, riche en sculptures surmonte des portails de style roman.
A l’intérieur des marqueteries de marbre sont remarquables et la vue depuis une arche du museo dell’ opera magnifique.
Visiter une banque, quand il s’agit de la plus ancienne au monde, n’a rien d’incongru : il s’agit du Crédit des Paschi (pâturages) fondé en 1472. D’abord Mont-de-piété, Monte dei Paschi di Siena vient de connaitre de sérieuses difficultés, mais ses anciennes archives dans un cadre grandiose sont parfaitement mises en « valeur ».

mercredi 15 mai 2019

Place de Sienne, côté ombre. Frutterro & Lucentini.

Pour continuer une promenade en Italie commencée en décembre 2018
rien de tel qu'un bon livre avec lequel nous passons trois jours dans les environs de Sienne au moment du Palio.
Un roman malin aux allures de polar, où le narrateur joue et en dévoile toutes les couches, fantastiques, historiques, romantiques, existentielles...  Comme un zapping coloré, vivant, instructif, passionnant.
L’écriture des deux compères dont l’un s’était suicidé laissant l’autre silencieux pendant quatre ans, ne se prend pas au sérieux mais respecte son lecteur.
« Elle s’expliquait en partie, à 20%, disons par l’erreur initiale sur la route, provoquée à son tour par la chute de la grêle ; à 15%, au moins, par le dépaysement social, Valéria et lui ne fréquentant pas habituellement des gens de ce milieu là ; à 20%, encore, par le plongeon au milieu des passions brûlantes, des règles compliquées, de l’atmosphère exotique du Palio… »
Le titre original : « Il palio delle contrade morte » laissait deviner le mystère de cet évènement où tous les quartiers rivaux (contrade) ne peuvent aligner chacun leurs chevaux au départ des trois tours de place. Les jockeys courent pour les quartiers vivants et les morts.
182 pages délicieuses.

jeudi 29 février 2024

Donatello. Damien Capelazzi.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble présente Niccolo Donatello au centre des « maîtres de la Renaissance florentine » par Cassone entre Giotto di Bondone, Paolo Uccello à sa gauche et Antonio Manetti, Filippo Brunelleschi à sa droite.
La date de naissance de « petit Donato » n’est pas certaine, autour de 1383/86 dans une famille de cardeur de laine.
Très tôt il est associé au chantier de sculpteurs autour de la Cattedrale Santa Maria del Fiore (la fleur de lys est l'emblème de Florence) au centre de l’histoire de l’art du quattrocento (XV° siècle).
L'Arte di Calimala (corporation de la laine) avec un aigle pour emblème comme celui figurant au sommet de l’église san Miniato al monte, archétype de l’architecture florentine, fait aussi commerce de parfums et d’épices.
Elle organise pour la porte du baptistère un concours remporté par Ghiberti. 
« la plus belle œuvre qui se soit jamais vue au monde, tant chez les Anciens que chez les Modernes » Vasari.
Après les crues de l’Arno en 1965 et des restaurations qui ont duré 40 ans, 
l’original est exposé au Museo dell’Opera del Duomo.
Sur une des plaques « Jésus au milieu des Docteurs » 
reviennent « les corps terrassés par le christianisme médiéval ».
Brunelleschi, architecte du
« Doumo», avec lequel il part à Rome, où il y a de quoi fouiller dans les ruines, va aussi l’influencer.
Son premier « David » en marbre de 1408 est sage, 
encore un peu gothique, bien que déhanché.
Alors que celui de 1430 à la grâce curviligne, à la nudité « héroïque », commandé par Cosme de Médicis, emblématique de son travail, est devenu un symbole politique, les marchands rêvant de République terrassant Goliath (Pise, Sienne, Venise et pape).
« La Vierge à l’enfant »
en terre cuite se montre audacieuse avec 
l’enfant qui enserre la mère aimante dans ses bras.
Il rit avec « La madone Pazzi » au profil grec, toute de tendresse.
Entourée de putti antiques la
« Madone dans les nuages » 
songe au destin tragique de son fils.
« Saint Georges »
bien qu’ayant perdu son épée et son casque 
s'apprête à entrer dans l’action.  
Au dessous « Saint Georges délivre la princesse» 
le stiacciato (relief aplati) révèle une perspective nouvelle.
« Saint Louis de Toulouse »
en bronze est installé dans l'église d'Orsanmichele pour les guelfes, parti du pape, rivaux de Gibelins partisans de l’Empire. 
Le fils aîné du souverain de Naples et de Sicile mort à 23 ans avait renoncé à son droit d'aînesse pour entrer dans un ordre mendiant.
 Autour du vide central dans « Le Festin d’Hérode » pour les fonts baptismaux du baptistère de Sienne,les personnages sont effrayés par la tête coupée de saint Jean Baptiste demandée par  la lumineuse Salomé qui danse dans une autre version en marbre de Carrare pour Laurent de Médicis. Les perspectives essentielles adoptent les principes de l’ouvrage « De pictura » d’Alberti.
Donatello
en collaboration avec Michelozzo réalisent « La chaire du dôme de Prato » 
les petits anges dansent joyeusement.
Au dessus de « L'Annonciation Cavalcanti » en Pietra serena (grès) 
ils ont la frousse.
Le contraposto de la vierge exprime son acceptation malgré sa crainte.
A Padoue pour le condottière surnommé Gattamelata (Le chat mielleux) 
il propose une statue équestre qui aura beaucoup de succès.  
« Si je continue à rester ici (à Padoue), leurs éloges me feront oublier tout ce que je sais; à Florence, au contraire, les critiques incessantes de mes compatriotes me forcent constamment à tenter de nouveaux efforts et, partant, me procurent une gloire nouvelle. »
Le visage asymétrique de « Saint Jean Baptiste » est émouvant
comme « La Madeleine » vieillissante, décharnée, au visage émacié dont on a retrouvé des fils d’or dans la chevelure l
ors de sa restauration en 1972.
« Judith »
toute à sa fureur, a vaincu Holopherne, elle symbolise Florence, la liberté. Donatello travaille jusqu’à sa fin, le 13 décembre 1466, malgré des problèmes de vue et d’arthrite. Ses funérailles seront grandioses. 
« Le grand Donatello et le merveilleux Michel-Ange, les deux plus grands hommes qui aient existé depuis l'antiquité jusqu'à nos jours » Benvenuto Cellini.

mercredi 16 septembre 2015

Toscane.

Voir  en vrai Le parc aux tarots de Niky de Saint Phalle avait été le prétexte pour un retour 20 ans après dans les terres de Sienne. 
Le propriétaire du gîte « La Marcigliana » labélisé « agritourismo » au bout d’un chemin de terre en face du village perché de Radicondoli pour le panorama et pas loin de Colle di Val d’Elsa pour les supermarchés, nous a vraiment bien accueilli.
Tomates et basilic du jardin, fromage de ses brebis, le jeune Sarde par ailleurs chanteur, nous a donné une belle image d’une Italie dynamique et chaleureuse.
Nous avions le sentiment en revenant de nos tours à Florence, Sienne, San Giminiano, dans  le Chianti, ou dans le val d’Orcia, de la Maremme ou de Carrare, d’être au centre d’un lieu préservé du monde et de ses grossièretés, mêlant culture, cultures et piscine, en pleine jouissance de nos privilèges européens.
Les mercredis, remontant le cours de notre séjour, je vais essayer de mieux saisir ce qui  a constitué les rivalités de ces villes pourtant bien préservées. 
Je vais rechercher sans trop abuser des collages Wikipédia, ni trop forcer sur la cuistrerie ce qu’ont apporté les Etrusques, ce que furent Gibelins et Guelfes, et cette route « La via Francigena» qui traverse cette région aux collines saisissantes de beauté dont je me suis appliqué à copier les cartes postales tendant à se raréfier sous les perches à selfie.

samedi 11 septembre 2021

Un été avec Rimbaud. Sylvain Tesson.

Plaisir renouvelé de cette collection dont les courts chapitres reprennent les textes d’émissions de France Inter
 où l’auteur marcheur hausse son jeu, perché sur les épaules du jeune poète, 
« je est un autre »
Le pédagogue nous excuse de ne pas tout comprendre aux fulgurances de « L’homme aux semelles de vent » tout en mettant en évidence avec flamme l’apport de « la chère grande âme » que Verlaine attendait.
 « Il ne se trompe pas : il sera écolier bohème, poète maudit par lui-même, amant d’arrière-cour, voyageur des tropiques, contremaitre de chantier, marchand d’armes, explorateur-cartographe, fils-tornade dans les Ardennes, frère-douleur à Marseille. »Son œuvre brève est fulgurante :«  Arthur commence à écrire à dix ans. A seize, il compose Le bateau ivre. Pendant trois ans, il tire un feu d’artifice dont les explosions sont arrivées jusqu’à nous. »  
Le médiatique auteur de « Sur les chemins noirs » n’ignore pas les provocations de celui qui annonçait : « Il faut être absolument moderne », mais rappelle sa place éminente dans la littérature française : 
«  Arthur a mis la langue en miettes. Proust veillera tendrement sur la pauvre malade. Breton fera des collages amusants avec les débris. Céline pissera dessus. » 
L’éditeur a eu le bon goût de colorer en bleu, les citations habilement insérées 
«  Un soir, j’ai assis la beauté sur mes genoux.
 – Et je l’ai trouvée amère. Et je l’ai injuriée. » 
Les 220 pages commencées en suivant le trajet de la fugue du « voleur de feu » en 1870 autour de Charleville, se concluent : 
«  La mémoire des poètes vit dans leurs poèmes. Hugo n’existe pas à Guernesey, mais dans Les Contemplations. Rimbaud n’est pas le nom d’un circuit de routard. » 
L’été a encore plus de saveur quand au-delà d’un premier horizon : 
« Elle est retrouvée !
Quoi ? l’éternité.
C’est la mer mêlée
Au soleil.»
En Ethiopie nous avions visité sa maison, ce n'était pas la sienne.

 

samedi 8 février 2020

Mort à La Fenice. Donna Leon.

Je lis peu de polars en général, mais finalement quelques uns à condition qu’ils soient italiens.
L’auteure est américaine, son succès allemand et la récompense japonaise, Guido a bien aimé.
Bon, ce n’est pas « Mort à Venise », mais Venise est là, depuis La Fenice un des opéras des plus prestigieux où un chef d’orchestre vient d’absorber du cyanure avec son café.
« L'obscurité de la nuit dissimulait la mousse qui envahissait les marches du palais, le long du Grand Canal, faisait disparaître les fissures des églises et les plaques d'enduit manquantes aux façades des bâtiments publics. Comme beaucoup de femmes d'un certain âge, la ville avait besoin de cet éclairage trompeur pour donner l'illusion de sa beauté évanouie. »
L’écriture est agréable, et découpe les caractères finement sans avoir besoin d’accentuer les traits, genre détectives tellement atypiques qu’ils en deviennent banals.
« Brunetti, s’il avait été inscrit au même cours d’art dramatique, aurait été en train de travailler sa « manifestation d’émerveillement en présence d’un talent prodigieux. »
Ici, Brunetti, le policier, boit raisonnablement comme tout le monde, est marié, père de deux adolescents, ne s’affole pas, bien que sa hiérarchie soit pressante, comme il se doit.
« Paola, dit-il en écartant le journal pour la voir, si je n’étais pas marié avec toi, je divorcerais pour t’épouser ».
L’enquête avance sans en avoir l’air et si des indices laissent deviner un dénouement qui ne fait pas le malin, nous restons jusqu’à la fin.